samedi 14 avril 2012

RDC : l’armée des soldats de Bosco Ntaganda désertent

Bosco Ntaganda (au centre)
Publié le : 4 avril 2012 - 9:12am |(Photo : AFP)
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Près de 300 soldats appartenant à l’ex-rébellion du CNPD ont déserté l’armée dimanche dernier, créant un vent de panique au Nord-Kivu.
Melanie Gouby, Goma
La situation est tendue dans l’est de la République démocratique du Congo. Des éléments de l’ex-CNDP, un groupe rebelle intégré à l’armée congolaise (FARDC) depuis 2009, ont déserté l’armée ce dimanche, répondant selon toute vraisemblance à l’ordre du général Bosco Ntaganda, le commandant des opérations des FARDC au Nord-Kivu.
Ntaganda est recherché par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre commis en Ituri en 2002-2003, alors qu’il servait dans les rangs de l’UPC, la milice de Thomas Lubanga.
À la suite d’un accord de paix entre le CNDP et le gouvernement congolais en 2009, les troupes du CNPD avaient été intégrées aux FARDC et Ntaganda promu général malgré le mandat d’arrêt de la CPI et une réputation que son surnom The Terminator résume de lui-même.
Mais depuis la condamnation de Lubanga par la CPI le 14 mars, le gouvernement congolais est sous pression pour arrêter Ntaganda, que les autorités congolaises avaient jusqu’ici présenté comme un élément stabilisateur de la situation sécuritaire dans l’est.
La rumeur d’une arrestation imminente circulait depuis quelques semaines à Goma.
"Bosco Ntaganda a peur et il réagit comme une bête traquée, en gonflant la poitrine pour intimider l’adversaire", dit un officier supérieur des FARDC, sous couvert d’anonymat.
La désertion des soldats des FARDC appartenant à l’ex-CNDP serait ainsi une simple démonstration de force de la part de Ntaganda, et non le début d’une nouvelle rébellion comme beaucoup l’ont craint depuis dimanche.
Un certain nombre de déserteurs seraient d’ailleurs déjà en train de réintégrer les rangs de l’armée, suite à la médiation de hauts responsables militaires venus de Kinshasa le jour même.
La rébellion du CNDP avait fait de nombreux morts entre 2006 et 2009 et Goma avait failli tomber aux mains des rebelles.
Selon des sources militaires, les soldats fidèles à Ntaganda s’étaient regroupés dimanche sur le territoire de Rutshuru, au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Des accrochages entre forces loyales au gouvernement et déserteurs auraient eu lieu.
"C’est une mutinerie, il n’y a pas d’autre mot. Nous, au sein des FARDC, nous ne souhaitons pas que les anciens du CNDP restent. L’armée est divisée", dit un autre officier FARDC.
Si la situation semble rentrer dans l’ordre tant soit peu, elle a exposé au grand jour la fragilité des relations entre le gouvernement et le général.
Cette alliance de circonstances, craquelée, pourrait bien ne pas tenir beaucoup plus longtemps à un moment où le gouvernement est vertement critiqué par la communauté internationale pour sa gestion des élections présidentielles et parlementaires de novembre 2011.
Ironiquement, les troupes de l’ex-CNDP avaient été accusées par Human Rights Watch notamment d’avoir intimidé la population pour faciliter la réélection du président Joseph Kabila.
Maintenant que celui-ci a été réélu, Bosco Ntaganda pourrait faire figure de bouc émissaire pour apaiser la communauté internationale sur le dossier des élections.

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