samedi 14 avril 2012

RDC: Kabila durcit le ton envers Bosco Ntaganda

Joseph Kabila
 
Publié le : 12 avril 2012 - 9:26am | Par Rédaction Afrique (Photo : AFP
Joseph Kabila a annoncé hier que le général Ntaganda et les officiers mutins doivent être arrêtés et jugés par un tribunal militaire congolais.
Mélanie Gouby, Goma
Après plus d’une semaine de négociations menées par des personnalités aux plus hauts postes de l’Etat, le président Joseph Kabila a annoncé lors d’une conférence discrète à Goma qu’il souhaite que tous les officiers mutins soient arrêtés et jugés pour trahison, y compris Bosco Ntaganda.
"L’indiscipline dans l’armée est inacceptable, sans exception", a déclaré le chef de l’Etat congolais mercredi.

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Désertion
Depuis près de deux semaines, plusieurs centaines de troupes appartenant à l’ancienne rébellion du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) avaient déserté l’armée nationale congolaise en signe de protestation contre une éventuelle arrestation du général Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI).
Le président de la RDC n’a cependant pas soutenu le scénario d’une extradition de Ntaganda à La Haye, où siège la CPI.
Il a déclaré que l’ancien chef rebelle serait jugé en RDC, malgré la pression de la communauté internationale.
"Je ne travaille pas pour la communauté internationale", a-t-il dit.
Protection de Kinshasa
Ces déclarations marquent un tournant dans la position de Kinshasa vis-à-vis de Bosco Ntaganda qui avait jusqu’ici été protégé par son rôle dans les négociations qui avaient mis fin à la rébellion du CNDP en 2009.
Ntaganda avait livré Laurent Nkunda, le leader du CNDP, et avait obtenu en échange la protection de Kinshasa contre le mandat de la CPI et un rang de général dans l’armée nationale congolaise (FARDC).
Mais depuis la réélection de Kabila comme chef de l’Etat en décembre, lors d’élections dont la crédibilité a été mise en doute, la communauté internationale fait pression sur les autorités congolaises pour que Bosco Ntaganda soit arrêté.
L’exacte location du général reste inconnue à ce jour, mais plusieurs sources concordantes racontent qu’il aurait fui vers le territoire du Masisi, le bastion de l’ex-CNDP au Nord-Kivu.
Alors qu’il contrôlait largement les opérations militaires au Nord-Kivu, Ntaganda semble sortir affaibli de cette confrontation avec Kinshasa.
Si le nombre de soldats ayant initialement déserté a été estimé entre 200 et 600, nombre d’entre eux ont déjà réintégré l’armé ou ont été neutralisés par des troupes FARDC loyales à Kinshasa.
Scepticisme
Cependant, certains observateurs sont sceptiques quant à la faisabilité d’une telle arrestation et la sincérité des déclarations de Joseph Kabila, bien que plusieurs officiers FARDC de haut rang soutiennent que l’opération est réalisable, non sans dommages collatéraux.
"Nous pouvons l’arrêter facilement, mais il y aura beaucoup de morts", dit un officier supérieur FARDC, sous couvert d’anonymat.
La nouvelle d’une possible arrestation a été bien accueillie par les habitants de la ville de Goma, qui ont souffert de l’impunité dont bénéficiait Ntaganda.
"C’est bien que le chef de l’Etat prenne des mesures fortes contre ce monsieur, il nous a causé trop de problèmes", dit Alfonse, un commerçant dans le centre-ville.
Le discours de Joseph Kabila à Goma hier est l’une de ses premières interventions publiques depuis sa réélection il y a quatre mois.
Le chef de l’Etat s’était rendu dans l’est du pays pour résoudre la crise sécuritaire générée par la désertion des officiers ex-CNDP.

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