"AUTANT EN EMPORTE LE
VENT"
"BAVON MARIE-MARIE" (3)
(En mémoire à Flujos
et
Djeskain
Okitadihunga tous de Négro
Succès)
(Cliquez "Bavon Marie-Marie" Rochereau, 1970)
PRÉAMBULE
En
Occident on voue un culte de dieux grecs à Jimi Hendrix et on le qualifie de
plus grand guitariste de tous les temps au niveau de la musique pop. Cela paraît
vrai quand on ne sait pas jouer de la guitare et que l'on ne connaisse pas les
sons dans leurs structures et leurs modulations tonale. À la vérité, la grandeur
de Jimi Hendrix, c'est la forte connaissance de l'électronique apprise dans
l'Armée américaine et les audaces artistiques d'oser jouer de son instrument
avec les dents. Pour le reste, ce guitariste venu de Californie n'est pas plus
grand que Bavon Marie-Marie, Manuaku Waku, Michelino Mavatiku, Papa Noël, Dizzy
Mandjeku et tous les anciens musiciens de l'École de Kabaselle et Franco.
J'avoue, ici, que Bavon Marie-Marie était un grand guitariste, j'ai vu sa
dernière prestation et l'étonnement qu'il a fait à Claude François au Bonbon
Sucré. Comme quoi, dans le monde, lorsqu'on recense les guitaristes, il faut
compter avec les Congolais, ce n'est pas faux, ce n'est que vérité et raison.
Source : Djamba Yohé, mémoire tournée vers Bavon
Marie-Marie.
I. LUCIE
TOZONGANA,
YO JEAN
KEMBO
(cliquez "Lucie" chanté par
Zozo)
Bavon Marie-Marie avec une copine
'70
Le plus grand souci que Bavon
Marie-Marie a vécu, c'est le départ de sa copine Lucie qu'il a
aimé plus que tout. Cette histoire a pour explication une infidélité de Bavon
Marie-Marie. Celui-ci aurait commis un impair, celui de faire la cour à la
petite sœur de cette dernière. D'ailleurs dans la chanson intitulée Lucie,
Bavon Marie-Marie s'en confesse. Était-ce une raison sérieuse ou bien un
exutoire pour "Lucie" de quitter
Bavon en vue de se trouver une liberté de convoler avec un rival ailleurs ?
Tout a bien l'air d'avoir été les deux causes, d'une part, la colère d'avoir été
déçue et d'autre part, le besoin d'être maître de ses initiatives face à un
amour que l'on ne veut plus assumer et supporter. En tout cas, la vérité de
cette histoire que nous ne connaissons pas est chez Lucie et Feu Bavon
Marie-Marie. En amour, celui ou celle que l'on supplie préfère souvent ne pas
partir parce que réussir à mettre à genou son bien-aimé, cela est pour beaucoup
la garantie d'une jalousie qui a conquis sur la faiblesse de l'autre. Et ce
faisant, la relation va dure encore plus longtemps. Mais "Lucie" est partie, voilà ...
2.1 LES GRANDS
JOURNAUX ET CHRONIQUEURS
Et au-delà de toutes les spéculations
hypothétiques et quel que peu vraie de l'opinion publique, ce qu'il y a
d'évident, Bavon Marie-Marie avait un rival dont on ne doit pas se éprendre.
Cet homme, qui n'est pas une figure de l'ombre, a beaucoup de succès, c'est un
footballeur de notoriété nationale. À l'époque, il est buteur l'un des
meilleurs à une dans le V. Club de Kinshasa, laquelle équipe est aussi
championne du Congo ou en voie de l'être. Ce n'Est pas tout, ce joueur de
football est également dans l'équipe nationale le "Léopard" de 1968, c'est-à-dire
Championne d'Afrique en titre pour deux prochaines années, donc en 1970.
Devinons qui c'est ? C'est "Jean
Kembo" dit Uba. Dès lors que Lucie quitte
Bavon Marie Marie, c'est vers cet
artiste du ballon rond se dirige cette femme que toute l'actualité de la
chronique musicale et sportive suit. Dans cette turbulence des émotions à fleur
de peau, les Congolais ne sont pas de moindre à faire le paparazzi. La presse
people existe depuis longtemps à Kinshasa.
Qui peut nier cela, "L'Étoile du Congo",
malgré son côté sérieux, est aussi une presse people. Les
Congolais sont tous les jours aux kiosques pour acheter ce journal ou pour lire
l'échantillon à la portée de tous par la dernière page pour les Sports et par la
première page pour les croustilles amoureuses et les miettes judiciaires. À
côté des Italiens, les Congolais ont inventé leur façon de faire de ce
journalisme. Car, c'est à partir d'eux que la nation toute entière a appris
les dessus et dessous des histoires de "Bavon"
et "Lucie" dans tous
les contours de leur récit. Il n'y a pas qu'eux d'ailleurs, les histoires de
Kallé, de Franco et de Rochereau sont aussi mis à nu devant tous. Cette
fois-ci, lorsque je serai en face du "Grand Nzita
Mabiala", je vais lui poser bien des questions pour me faire
renseigner sur la presse people de la RDC. Lui, Nzita Mabiala,
me dira bien des choses car il tenait rubrique à Elima dans
"Elima Dimanche". Voilà là un Congolais qui est capable de
compléter ce que je rapporte vers l'au-delà de mes limites dans la vie publique
et intime permises des notoriétés congolaises.
Pour mémoire, je m'autorise à mettre à vue les logos des journaux à l'époque de
Bavon Marie-Marie. Certes, d'Elima ou d'Elima dimanche il n'y en avait pas, les
journalistes qui produisaient cette presse-là Bavon les connaissait, car ces
nouveautés d'appeler les journaux par des noms authentiques ne sont arrivés
qu'une année après la mort de Siongo Bavon Marie-Marie, soit le
27 octobre 1971. Je tiens à faire savoir que c'est le journal "Le Courrier d'Afrique" qui est devenu Elima. Il
vaut mieux dans ce cas-ci mettre toutes les bouché double pour carrément
présenter les grandes figures des faciales des journaux qui ont fait la pluie et
le beau temps à l'époque. Je ne m'empêche pas de dire en passant que la
journaliste qui enjolivait le marketing des musiciens et d'un n'importe qui de
la jet set à l'époque, soit des années '70 à '74, c'est Nzita Mabiala, Kukabana Diawaya (Rubrique culture) et chez les
jeunes montants, politique, culture et divertissement, ce sont ces noms
:
-
Lilo Miango ;
-
Lusende ;
-
Elonga Adjadje ;
-
Mbiya Tshikala ;
-
Nesba en photographie, etc.
Ces journalistes étaient très bons, ces sont les plumes d'or du "Journal
"Elima". Évidemment, il faut aussi compter ceux de la voix du Zaïre
comme Simon Lungela, Lukezo Lua N'si, Nzazi Mabidi,
Jim Jacob Nzau, Basunga Nzinga, Ngbanzo La Mangale, Sumbu Makonko, Josphine
Luzolo, etc. Que l'on ne m'en veuille pas, la plupart de ces
journalistes cités sont du temps de Bavon
Marie-Marie. Les plus jeunes d'entre-eux ces chevaliers de la
plume, comme Lilo Miango, Elonga Adjadje,
Lusende ce sont des jeunes premiers dans la jet set de la
jeunesse que nous formions et qui s'étaient approché de Bavon d'une manière ou
d'une autre et qui ont également connu Lucie et danser le "Bouché". Je certifie ces propos parce que ces
personnes sont mes amis et je les connais dans le passé qui nous a mis ensemble
quand nous grandissions dans Léopoldville et
Kinshasa advenant.
2.2 JEAN
KEMBO
Feu Jean
Kembo ce grand rival
Bavon Marie-Marie l'a
détesté
Sur le terrain de football, ce jeune-homme, "Kembo
Uba Kembo" venu de Kisantu, lui, et Raoul Kidumu, dans la deuxième moitié des années
'68, avait la réputation d'être reconnu comme chargeur des goals-keepers. En
football quand on dit chargeur, on dit tout simplement que c'est le genre
d'attaquant qui ne s'empêche pas d'être brutal subtilement avec le gardien de
but pour l'empêcher d'attraper la balle. Au sein de l'équipe nationale de
Léopard, Kembo a rendu d'énormes services aux buteurs comme "Ndaye Mutumbula" parce qu'il savait comment
désillusionner les keepers. En dehors de l'équipe nationale, ce joueur était un
bon attaquant qui permettait à Kibonge "Jento" d'être toujours le meilleur buteur
de l'équipe. Or, être cela dans l'équipe de V. Club, c'est être "Prince", car c'est cette équipe-là qui a le plus
de fanatiques à Kinshasa et peut-être même dans toute la RDC. En tout cas, dans
le palmarès des championnat kinois, c'est le V. Club qui a le
plus de trophée et elle a déjà été une fois championne d'Afrique, en
1974.
Lucie qui quitte Bavon Marie-Marie ne va nulle part ailleurs que
vers Kembo. Cette séparation ne passe pas inaperçu, le public du football rond
et les mélomanes connaissent cette femme, les bruits courent vite dans la
capitale et dans le pays alléguant que "Kembo
abotoli Bavon momie". Cette colportation du bruit n'est pas
pour faire plaisir à Bavon, car dans l'entre-temps, Kembo se rend au stade très
souvent accompagné de la célèbre Lucie qui a rompu avec le jeune frère de Franco
"De Mi AMor". Visiblement,
celui-ci, Ya Fuala (Franco) est mal
à l'aise, car c'est lui le "Président de V.
Club", si ce n'est pas le cas, il est l'une des plus grandes
figures à côté de Kimpedi, Moyi Wabu,
Verckys même Joseph
Mobutu dans le secret de l'alcôve des victoriens et du Comité de
recherche, comprenez-là, "Labo".
Soit dit en passant, Kembo Uba Kembo ou encore Jean
Kembo est mort en 2007, voilà un extrait du journal diffusé ce jour là
:
L’ancien
attaquant de l’AS V. Club et des Léopards, Jean Kembo Uba Kembo décédé le lundi
26 mars, sera inhumé ce samedi au cimetière de Kinkole. Selon le programme
élaboré par l’association des anciennes gloires du football congolais, la levée
du corps à la morgue de l’hôpital général de Kinshasa devait avoir lieu hier
vendredi. Le corps de Jean Kembo devait ensuite être exposé à la gare
ferroviaire de Matete pour les derniers hommages. Kembo Uba Kembo fait partie
des footballeurs qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire du football
de la République démocratique du Congo. Il a été de tous les grands rendez-vous
avec le onze national depuis 1968. Vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations
avec les Léopards en 1968 à Addis Abeba en Ethiopie, Jean Kembo fut encore de
l’expédition victorieuse en 1974 au Caire, en Egypte.
Jean Kembo fut surtout un attaquant très efficace devant les buts adverses. Son
sens de but lui avait valu le sobriquet de « Monsieur but ». L’histoire
retiendra surtout que c’est Jean Kembo qui avait ouvert le score contre les
Lions de l’Atlas du Maroc dans le dernier match des éliminatoires de la Coupe du
monde 1974. Les Léopards s’étaient
imposés par 3 - 0. Le match retour ne s’était pas joué, le Maroc ayant déclaré
forfait. C’est ainsi que la RDC a représenté le continent africain au mondial
allemand en 1974, l’unique participation congolaise. Avec l’AS V.Club, il avait
été dans l’équipe ayant remporté la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1973.
C’est d’ailleurs l’unique titre africain que détient V.Club. Jean Kembo s’en va,
mais laisse quand même un héritage au football. L’un de ses fils, Jirès Kembo
Ekoko, a également choisi le football. Il joue déjà comme professionnel au Stade
rennais, en ligue 1 française. Source : Aimé K/Le Potentiel, le 31 mars
2007.
Revenons au sujet. Ainsi, à partir de 1968, le
"Négro-Succès" lance des chansons à
grand succès, mais la personne au centre de ces nouveauté, de la part de
"Bavon Marie-Marie", c'est
"Jean Kembo". L'un des morceaux les
plus accrochant à l'époque était explice, les chanteurs citaient nommément Kembo
par son prénom. Cette chanson est l'une de celles-là :
Yo "Jean pierre" osi obomi mboka
Likolo ya songi
songo oo,
Olingi ozua
loposo na gai ya nzoto
po osala mbonda
kasi olonga te ...
V. Club, on voit Jean Kembo à
l'extrême droite
à Accra, en 1973, Ndaye Mutumbula
et Mayanga
Ceci n'est qu'un extrait. Ces jérémiades ne suffiront pas, Lucie sera partie et
Bavon Marie-Marie se résoudra à trouver une femme pour continuer à vivre
normalement. C'et cela qui arrive en 1969, notre guitariste illustre rencontre
une belle demoiselle de Bandalungwa, "Marie José
Simplice" résidente de la rue Mbanza-Boma,
presqu'au croisement de l'Avenue
Inga et la rue "M'Siri de
IGAZI". C'est avec cette dernière, que Bavon Marie-Marie va
vivre ses dernières années, soit tout simplement une année de romance avec MJ.
Toutefois, cet amour-là était intense et vrai. Bavon avait besoin de quelqu'une
qui comprend son art de vivre et qui saisi les étincelles de ses envolées
lyriques, car c'est en regardant une femme avec une attention de poète que le
jeune Siongo MM créait des chansons à succès. Les plus beaux souvenirs de
Bavon, en dehors de ses lieux de fréquentation régulières furent Kintambo, avec les guitaristes de cette commune-là
et Bandalungwa à cause du
"Bar David", endroit qu'il
affectionnait tant pour son plein air reposant.
Pour Kembo, c'est un succès, Bavon
dans ses colère pour ramener Lucie à lui compose des chansons qui critiquent
ouvertement Kembo. Au dommage que cela devait supposément provoquer, Kembo en
profita énormément en publicité au Stade Tata Raphaël comme à la cité
d'ailleurs. Les mélomanes et le public ordinaire avaient l'habitude d'apprendre
de Lucie des histoires liées à Bavon
Marie-Marie en provenance du milieu musical, mais ce milieu a
fait une mutation. Chez les joueurs et les "fanatiques des Verts Noirs", les nouvelles
arrivent d'elles-mêmes. Le Stade Tata
Raphaël est devenu du coup un autre lieu des potins
musicaux. C'est dans le pourtour appelé "Moscou" qu'il s'en entend de toutes sorte sur
Bavon Marie-Marie, Kembo et
Lucie dans ce triangle amoureux.
Les vrais Kinois savent de quoi je parle quand j'évoque "Moscou". Je laisse aux lecteurs de chercher
pourquoi une zone du stade avait ce nom-là dans un de ses pourtours. Toutefois,
je soupire : Lucie est une histoire
d'amour et des larmes, voilà.
III. CLAUDE
FRANÇOIS, LE NÉGRO-SUCCÈS
LES
CLAUDETTES ET BAVON MARIE-MARIE
(Cliquez "Dona Dona" Claude
François)
L'apogée de l'orchestre Négro-Succès est sans conteste, l'année
1968. Bien le face à face des "Bana 15
ans" avec Cloclo, l'orchestre Négro Succès avait popularisé une
chanson de Claude François sans jamais imaginer un jour le rencontrer. Dans le
répertoire de musique des variétés ( en lingala musique ya ba mindele) du Négro
Succès, on jouait régulièrement deux chansons à succès en France et en Europe
Francophone, c'était :
-
Dona Dona de Claude François, chanson à l'origine chanté en Yiddish (hébreu d'Europe) et en anglais avant d'être traduite en français ;
-
Inch Allah de Salvator Adamo.
Mais de toutes ces chansons, celles
qui a le plus marqué Bavon
Marie-Marie, c'est Dona Dona. C'est "Didi Kalombo" qui la chantait pendant que
Bavon Marie-Marie l'accompagnait à la guitare. Cette œuvre est
très belle, mais pas assez pour accrocher l'intérêt d'un Congolais, d'alors qui
écoute Franco, à mois que ce fut "Jean-Louis
Tshimbalanga" pour y prêter attention. Et pourtant, c'est bien
"Dona Dona" qui était la plus belle
émotion de "BMM" à tous les concerts
durant la première heure consacrée aux variétés étrangères. Passons
...
Ceci est autre histoire, mais en
ligne droite avec la vie artistique de la RDC au niveau de la rencontre des
grands artistes de renom. "Claude
François" qui n'était pas aligné à rencontrer le Négro-Succès
arrive à Kinshasa en 1968, il y a avait comme de la part de la France, un
sentiment de réparer le contact manqué entre Johnny
Hallyday et le public kinois. Une année plus tard, l'Ambassade
française et son Centre Culturel de Kinshasa se firent un devoir, avec le milieu
du spectacle de la capitale congolaise, de faire évoluer un musicien français de
grande notoriété pour remettre en scène ce qui n'a pas marché en 1967 avec
Johnny.
Claude François
était invité dans le cadre d'une tournée des Festivals d'été, encore moins connu
en RDC à l'époque, mais ce périple était aussi une occasion pour ce chanteur de
nouer des relations commerciales avec les disquaires de Kinshasa qui vendaient
beaucoup des musiques de France, de l'Europe Francophone et des États-Unis.
1968 proliférait en orchestre Pop avec des vedettes comme :
-
Sawa ;
-
Vince des Mustangs ;
-
Gérard Kazembe ;
-
Bovic ;
-
Thu Zaïna aile pop avec James Moto ;
-
Yss Boys avec Bony Tshimpaka ;
-
Tous les orchestres kinois avaient une aile pop, etc.
Donc le terrain était propice pour
introduire Claude François
puisqu'aux émissions de variétés de tous les samedis, la RTNC faisait sa
promotion naturellement pour varier ses émissions au grand plaisir des
Congolaises et Congolais. Saisissant la balle au bond, l'Ambassade de France fit
venir Claude François. Ce musicien
fit une très bonne impression sur le public après son concert au Ciné Albertum.
À l'inverse, lui aussi était ému par l'accueil de sa personne et de sa musique
par son auditoire et il a écouté plusieurs ses disques à la radio-télévision
congolaise. À la fin de son concert, soit un jour plus tard, Claude François
n'a pas voulu retourner en France ou aller vers où il devait aller, il est resté
à Kinshasa.
De cette prolongation de séjour, ceux
qui étaient chargés d'accompagner Claude François sur le sol congolais
l'amenèrent au concert de l'orchestre Négro Succès. C'est une
surprise qui l'y attend. Pendant la partie de réchauffement qui est celle de la
musique de variété, Didi Kalombo et
Bavon Marie-Marie se mettent à jouer
naturellement les chansons de leur répertoire. Puis, tout à coup, Claude
François ne s'y attendait pas, entend chanter Dona Dona, il ému et remue
quelques mots à ses hôtes. Dès lors, au cours de la soirée, il ne s'empêche
plus d'avoir des libertés qu'il se serait réservé de déployer. Pendant ce
temps, Bavon continue de jouer de la guitare en accompagnant des chansons du
répertoire étranger composé des pièces de Musique pop et du
Jazz pur.
Tout à coup, Claude François se lève, il se met à danser, il va
rester sur la piste pendant près de deux heures avec les Claudettes qui
s'amusent à leur tour. Ceux qui ont pensé que ce musicien resterait amusé juste
le temps de variétés ont déchanté. Claude François a découvert un jeune
guitariste, avec qui sans doute, il aurait voulu être ami, c'est Bavon Marie-Marie. Ce que le musicien français ne
réalise pas, il ne s'aperçoit pas qu'au "Bar Bonbon
sucré", il est filmé par une équipe de "Benoît Lukunku" pour des séries d'émissions à
produire le samedi de toutes les semaines. À la fin du concert, Claude François
n'était pas fatigué, il a exprimé avec une sincère adresse le plaisir qu'il a eu
au concert de Négro-Succès et la joie de vivre les moments exceptionnels que
Bavon Marie-Marie et Bolhen lui ont réservé dans l'Exécution des
chansons de son répertoire.
Cet instant-là marquera profondément
Claude François qui va désormais regarder les musiciens congolais d'un nouvel
œil. Au passage de Rochereau à l'Olympia, deux années plus tard, Claude
François fera une surprise à l'idole d'Ébène, il va être au Music Hall français
à plus d'une reprise s'avançant droit vers la scène pour féliciter Tabu Ley.
L'intérêt de Claude François pour Bavon
Marie-Marie et pour "Tabu
Ley" peut s'expliquer de plusieurs manières, cet artiste n'est
pas un chanteur immobile sur scène, c'est un acrobate, il se trémousse à tout
moment, la musique l'agite. Or, la musique congolais n'est pas un boléro, mais
une java. Et à part ce regard-là, Claude François est né en Afrique, en Égypte,
lui et Dalida. Cela résume la sensibilité très accentuée pour le rythme
dépassant celle de Johnny Hallyday
même si le Rock est aussi rythmé, mais la cadence infuse, Johnny pouvait ne pas
l'avoir. Tout compte fait, c'est d'abord le talent de Bavon Marie-Marie qui a séduit Claude François et
qu'il devait sans doute revoir une autrefois.
Depuis cet instant-là, on vit
descendre plusieurs européens au "Bonbon
sucré" pour des concerts donnés par le Négro-Succès. Cette
fulgurance marqua l'apogée du Négro-Succès, mais elle annonçait
aussi une certaine fatigue subtile dans la personne intime de "Bavon Marie-Marie", car malgré ses victoires sur
le public, il ne s'était pas remis du départ de Lucie. Au fond de sa personne,
le petit Franco de Franco souffrait oujours, ceux qui étaient autour de lui
pouvait percevoir cela.
IV. LES
CONTEMPORAINS DE BAVON MARIE-MARIE
ET LE POINT
D'ORGUE
Moreau Maurice musicien
du
Négro-Succès avec
Bavon
Ce que l'on peut dire là-dessus, c'est un constat clair et précis, sinon dans
l'ordre de l'échiquier du temps. À ce que je sache, Bavon Marie-Marie arrive à
la musique en même temps que les célèbres guitaristes et artistes-chanteurs de
son époque, mais dans un décors spécifiques à chacun, ce sont :
-
Guvano Mwana Ya Vangu ;
-
Michelino Mavatiku ;
-
Yossa Jossart Taluki ;
-
Jean-Bosco de Révolution et Bella Bella ;
-
Dalienst Ntesa ;
-
Souza Kaseyo ;
-
Bovic Yhe Bondo
-
Ray Lema ;
-
Trouet Lusamba, etc ...
Comme chacun avait sa fenêtre
d'éclosion, l'avènement d'un chacun a paru éloigné et lointain par rapport au
succès advenu pour ces artistes. Dans les années '70, on sentait une lourdeur
pour Bavon Marie-Marie de supporter de rester longtemps dans le Négro-Succès, mais cette crise-là, "Franco Luambo" et "Vicky Longomba" l'auraient résolu et les deux
amis ne se seraient probablement pas séparés.
La fin de vie de Bavon
Marie-Marie commence à végéter dans l'air quand celui-ci commence à
composer des chansons très pessimistes parmi lesquels, "Libanga na libumu, Maseke ya meme, Mokolo na kufa bandeko nayebi
te bandumba nioso na matoko". Évidemment, si quelqu'un dit
qu'il a compris que c'était là l'annonce d'une mort appréhendée, plusieurs
contemporains le contesteront, car ces chansons, mêmes pessimistes, elles
étaient d'abord entendues comme le fruit d'un répertoire du Négro-Succès et non le signe d'une fin de vie
proprement dite. Car, si cela était su avec précision, Franco et tous les
insiders auraient tout fait pour empêcher que n'arriva ce malheur.
La mort de Bavon Marie-Marie aura été
une immense perte pour la "Musique Congolaise
Moderne". L'annonce de cette nouvelle avait bouleversé toute la
RDC et le Congo-Brazzaville, pays
avec lequel nous partageons la même musique et la même langue. Bavon est mort
quand les deux frontières furent fermées. Une année auparavant, Mobutu a
exécuté "Pierre Mulele" en
provenance de Brazzaville. Cette condamnation à mort à poussé le Président du
Congo-Brazzaville, le "Commandant
Marien N'Gouabi" à rompre les relations diplomatiques. Pour les
musiciens de l'autre rive, cela n'était pas une raison suffisante pour qu'ils ne
puisse pas venir au deuil à Kinshasa.
Didi Kalombo-Bavon
Marie-Marie
Les musiciens s'amenèrent nombreux au Beach pour qu'on leur laissa passer, mais
à Brazzaville comme à Kinshasa, il ne fut pas question d'ouvrir les frontières à
cause de la mort de Bavon. Alors, les musiciens séniors de Brazzaville
passèrent par Paris pour arriver à Kinshasa avec des visas arrangés dans les
anti-chambres de la diplomaties parallèles. Bavon est mort, Franco est resté
inconsolable. Bavon est mort, le public des mélomanes est resté médusés en se
sentant coupable pour n'avoir pas vu ce qui arrivait. Bavon Marie-Marie est mort, il a laissé triste
beaucoup de jeunes, dont "Djamba
Yohé" qui croyait que l'on a volé la vie d'un jeune artiste qui
avait un avenir et bien des choses à apprendre à ses cadets. Mais, ceux que
j'ai vu plus triste que moi, c'était Simaro, Verckys et
Denewade. Mais Bavon Marie-Marie
mort, c'était un grain du progrès de la "Musique Congolaise Moderne" semée dans le sol
congolais. Cliquez "Libanga na
libumu" de Bavon M-M. http://www.youtube.com/watch?v=Zbt_r31e7Zs
Désormais, le soliste qui remplace
Bavon Marie-Marie, c'est
"Mandiangu Dercy", c'est un très bon
guitariste, il arrive avec la même fougue que le musicien défunt qu'il
remplace. Avec lui et les Beya
Maduna, un autre saxophoniste, le Négro-Succès fera encore
quelques beaux jours qui ne dureront pas plus d'une année, on se souviendra de
la danse survenu après la mort de Bavon Marie-Marie, celle nommée
: "Danse makolo pente". Mon récit
s'arrête là.
PS : pour mieux
comprendre cette histoire vous avez des aînés, à l'instar de
:
-
Michelino Mavatiku ;
-
Dino Vangu ;
-
Guivano ;
-
Ray Lema ;
-
Papa Simaro, etc.
Moi j'ai essyé de communiquer ce que
je sais pour ne pas voir sombrer dans l'oubli un grand frère que j'aimais bien
et que tous les Congolais ont aimé. Ce sont d'abord mes souvenirs avec des
repères justes qui peuvent être teintés d'oubli involontaires, car j'avais 17
ans, à la mort de "Bavon
Marie-Marie". Je ne connais pas tout et je n'ambitionne pas
cela.
Djamba
Yohé,
Gaston-Marie
F.
Le Congolais de l'Atlantique
Nord,
Ottawa, le 3 novembre
2012,
Canada.
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