(Le
Potentiel 23/11/2012)
Malgré les pressions exercées de toute part pour bloquer la
publication de son rapport, le groupe des experts de l’Onu sur la RDC a
finalement déposé son rapport final au Conseil de sécurité. L’ONU n’a pas
transigé sur ses conclusions, confirmant les charges qui pèsent sur le Rwanda et
l’Ouganda dans leur implication aux côtés des rebelles du M23. On sent la
nécessité de sanctionner ces deux pays, maintenant que le rapport final de l’Onu
est là. Il n’y a l’ombre d’aucun doute sur l’implication de Kigali et Kampala
dans le drame qui s’abat dans l’Est de la RDC. Le Conseil de sécurité des
Nations unies doit prendre des sanctions contre ces deux pays avant que d’autres
membres de l’Onu ne leur emboîtent le pas dans d’autres régions du monde. Il y a
va de sa crédibilité.
Le rapport tant redouté du groupe d’experts des
Nations unies sur la Républiques démocratique du Congo est finalement
disponible. Il est sur la place publique depuis le mercredi 21 novembre 2012. Le
Rwanda et l’Ouganda qui ont tenté par tous les moyens de bloquer la publication
n’ont pas obtenu gain de cause – leur moyen de défense n’ayant aucunement
convaincu le groupe des experts des Nations unies.
Longtemps versé sur
le compte des rumeurs, le soutien du Rwanda et de l’Ouganda aux rebelles du
Mouvement du 23 mars (M23) est plus que jamais évident. Le rapport du groupe des
experts des Nations unies ne va par quatre chemins pour lever toute équivoque
sur le sujet.
Concernant le soutien extérieur dont bénéficie le M23, le
rapport indique en des termes clairs que « le M23 est soutenu à la fois par le
Rwanda et des individus gravitant au sein du gouvernement ougandais ». Plus
explicite sur ce point, le rapport note que « des fonctionnaires rwandais ont
coordonné la mise sur pied du Mouvement et l’exécution de ses principales
opérations ». « Les fonctionnaires ougandais, pour leur part, indique le
rapport, lui (Ndlr : le M23) apportent un concours moins visible, en permettant
à sa branche politique d’opérer à partir de Kampala, et en dynamisant ses
relations extérieures. L’appui des officiers des forces armées ougandaises, bien
que restreint, s’est révélé décisif pour la prise des principales agglomérations
du Rutshuru ».
Devant de telles évidences, le groupe a recommandé au
Conseil de sécurité, entre autres, d’inviter : « les gouvernements rwandais et
ougandais à mettre un terme à toutes les violations de l’embargo sur les armes
et à lui soumettre régulièrement des rapports sur les mesures prises pour
stopper toute activité du M23 et de ses alliés sur leur territoire » ; « les
États membres à examiner et à revoir leur assistance militaire au Rwanda et à
l’Ouganda ».
Un cas de conscience
Le rapport du groupe des experts
jette un véritable pavé dans la mare. Il pose un cas de conscience à l’organe de
décision des Nations unies, c’est-à-dire le Conseil de sécurité. Rien, dans ces
conditions, ne pourrait encore justifier une quelconque réserve du Conseil de
sécurité des Nations unies.
Car, en offrant ouvertement leur appui au
M23, le Rwanda et l’Ouganda ont foulé aux pieds les principes de base de la
Charte créant les Nations unies. C’est presqu’une rébellion au sein des Nations
unies que le Conseil de sécurité se devait de réprimer avec la plus grande
énergie pour dissuader d’autres pays membres qui pourraient leur emboîter le
pas.
Pour le Conseil de sécurité, c’est non seulement une question
d’honneur mais surtout de crédibilité face à deux membres qui ont librement
enfreint au Code de bonne conduite de l’organisation en agressant un pays
membre. En agissant dans le sens du rétablissement de l’équilibre des rapports
entre ses membres, le Conseil de sécurité fera amende utile à la RDC et à son
peuple qui a accepté d’héberger sur son sol l’une des missions onusiennes de
maintien de la paix la plus nombreuse et la plus coûteuse au monde.
Les
15 membres du Conseil de sécurité doivent donc agir non pas par passion mais par
la raison sur laquelle a été adoptée en 1944 la Charte créant les Nations unies.
En prenant des sanctions exemplaires contre Kigali et Kampala dans le sens
recommandé par le rapport du groupe des experts sur la RDC, le Conseil de
sécurité aura lavé de son opprobre les Nations unies que Charles de Gaulle a
qualifié il y a un temps de « machin ».
Protéger continuellement le
Rwanda et l’Ouganda, c’est donner raison plus d’un demi-siècle après à Charles
de Gaules, ancien président français, qui n’a pas pu se retenir devant les
injustices cautionnées par les Nations unies.
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