mercredi 17 octobre 2012

Francophonie : Kabila subit des affronts

(La Libre 16/10/2012)
L’intégrité des territoires du Mali et du Congo doit être respectée, dit le sommet. François Hollande insiste sur la démocratie et n’applaudit pas M. Kabila.

Le XIVe sommet de la Francophonie s’est clôturé dimanche par une série de résolutions. D’abord sur le Mali et le Congo, que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) entend accompagner "dans leurs efforts pour faire respecter leur souveraineté et leur intégrité territoriale". Les membres appellent ainsi au "renforcement du processus de négociation" au Mali, tout en exprimant leur "soutien" à la demande d’intervention militaire internationale de Bamako.

L’OIF - sauf le Rwanda qui a émis une réserve, ce qui a été interprété par nombre d’observateurs comme un aveu de culpabilité - a aussi appelé le Conseil de sécurité à "adopter des sanctions ciblées contre tous les responsables des exactions com mises" dans l’est du Congo, dont elle rend responsables aussi bien des Hutus rwandais des FDLR (longtemps alliées de Kinshasa) que les mutins du M23, né il y a cinq mois d’une mutinerie d’officiers congolais tutsis appuyés par Kigali.

Une grande part des discussions qui se sont tenues dans et autour de l’enceinte du sommet ont cependant porté sur la démocratie. Après avoir annoncé, vendredi à Dakar, qu’il entendait rompre avec "la Françafrique" - les complaisances réciproques entre Paris et les dictatures du "pré carré" français sur le continent - François Hollande semble avoir décidé d’aller plus loin qu’une simple phrase.

Ainsi, dans une Kinshasa envahie par des policiers et militaires chargés d’empêcher l’opposition de dénoncer les fraudes électorales massives de novembre 2011, le chef d’Etat français a rencontré son homologue congolais pour un entretien d’une demi-heure qualifié de "franc et direct", mais s’est gardé d’applaudir le discours de Joseph Kabila et s’est abstenu de le remercier en tant qu’hôte, note Reuters, lorsqu’il a prononcé le sien.

Lors de l’entretien, M. Kabila a donné à son homologue "des arguments pour dire que la situation évoluait", a rapporté une source française à Reuters. Dans une des brochures distribuées par les autorités congolaises, celles-ci ne reconnaissent que "quelques irrégularités" lors des scrutins, pourtant jugés "non crédibles" par les observateurs nationaux et internationaux.

"La Francophonie doit porter la démocratie, les droits de l’homme, le pluralisme, le respect de la liberté d’expression, l’affirmation que tout être humain doit pouvoir choisir ses dirigeants", a insisté le président français lors de l’ouverture du sommet.

"C’est la bataille des droits de l’homme, elle demeure. Ici, nous sommes, je l’ai dit, dans une démocratie où le processus n’a pas encore été complet, c’est le moins qu’on puisse dire. Il y a encore des réalités inacceptables", a aussi déclaré François Hollande après avoir inauguré une plaque en l’honneur du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya, assassiné par des policiers en juin 2010 - un crime dont seuls les exécutants ont été jugés et condamnés jusqu’ici, pas le commanditaire, estiment les proches de la victime.

Aussi est-ce un Etienne Tshisekedi souriant qui est sorti, après vingt minutes d’entretien, de l’ambassade de France où il s’était rendu seul, après que ses militants eurent été empêchés de se réunir et de manifester, le matin. La répression a fait plusieurs blessés, selon l’opposition.

Le chef d’Etat français "est un frère de l’Internationale socialiste, nous nous sommes retrouvés entre frères", a dit M. Tshisekedi, qui a trouvé M. Hollande "très réceptif". "Nous sommes dans un pouvoir répressif ! Ils disent qu’ils ont été élus mais ils n’aiment jamais voir les gens du peuple à dix ou vingt dans un endroit" et, lorsque c’est le cas, "ils paniquent", a dit l’opposant à la presse. Et d’espérer, rapporte l’AFP, que M. Kabila - dont il estime qu’il lui a ravi la Présidence grâce à la fraude électorale de novembre 2011 - sera renversé. Mais "je ne veux pas donner de date, je vous dis sous peu", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre du Québec, Pauline Marois, a tenu, de son côté, à se rendre à Kinshasa pour soutenir la Francophonie mais elle a déclaré ne pas vouloir rencontrer M. Kabila, notamment pour dénoncer "les malversations qui se sont passées autour de l’élection de 2011". Le Premier ministre canadien a également plaidé pour le respect d’"une bonne gouvernance, de l’Etat de droit et des libertés individuelles" de la part de "tous les gouvernements sans exception".


MFC (avec Reuters et AFP)

Mis en ligne le 15/10/2012



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