Pene Lua Ndjo
6 juillet 1938 - 12
octobre 1989
(Cliquez "Franco, Ndombe et Mavatiku" dans
Salima)
PRÉAMBULE
Réveil-FM
: Monsieur Djamba Yohé que
reste-t-il de Franco Luambo Makiadi après vingt ans
d'absence dans l'espace temps de la République Démocratique du Congo et de la
planète musique ?
Djamba Yohé : Le monde est une construction qui s'érige
tous les jours et qui change constamment dans le paysage même si à l'inverse, le
temps n'a pas de physionomie et de morphologie. Pour tout dire, le monde a
divers visages. Prenons
l'exemple des habitats humains telles que les villes. Celles-ci, par leurs
formes de constructions, étalent une culture, sinon une civilisation qui
racontent le parcours de l'immersion de la civilisation avec leurs spécificités
particulières. Les édificateurs chinois n'ont pas érigé des bâtiments pareils à
ceux de Berlin et les villages congolais ne sont pas semblables à ceux de
Scandinavie.
Dans
la différence de ces conceptions d'habitats, il y a le souvenir qui restent des
architectes des localités humaines antérieures. Les villes à travers le monde sont construites en
fonction des plans et des contours qui leur avaient été destinées. Lorsqu'on se
promène à Rome, on découvre une ville avec beaucoup des monuments qui retracent
les grands architectes de cette agglomérations urbaines plusieurs fois
séculaires. Dans les chambres
du temps congolais, Franco Luambo Makiadi a rempli le Congo avec une part
immense de richesse spirituelle reçu comme contribution spécifique et capitale à
la construction du système de valeurs de nos traditions modernes, je veux dire,
celles qui nous manifestent au monde avec l'identité rdécienne.
Les multiples apports de
Franco Luambo Makiadi sont même allées au-delà de ce que ses capacités pouvaient
lui faciliter. Par rapport à ses contemporains, Yorgho a légué à la Nation une
œuvre anthologique de musique et de philologie plein d'enseignements culturel et
psychosociale.
L'abord des problèmes sociaux dans l'éducation des masses par les médias tels
que le sketch, c'est à l'OK Jazz que recouraient les "Maboke" comme les Masumu
De Brende dans "Théâtre de chez nous" pour donner vie et mouvement à leurs
productions dramatique marié à l'art de vivre. Ce n'est pas là peu des choses,
ces communications sociales que sont les messages de Luambo affirment, par
elles-mêmes, que dans cet artiste, il y a avait un curé des phénomènes sociaux
chez qui la société pouvait aller se ressourcer. Il ne s'agit pas de voir Franco comme un prêtre de
paroisse qui reçoit des confessions, mais comme quelqu'un qui dévoile les
itinéraires et donne des solutions aux efforts communs de moduler la
collectivité nationale dans le bon sens. En fait, Franco Luambo Makiadi est pareil aux
artistes qui ont construit et mis illustration le Vatican dans les siècles
passés. En effet, ceux qui ont décoré la "Chapelle sixtine" n'avaient pas la vie
des saints, mais leurs œuvres mis en contexte sur les thèmes commandés par
l'Église ont produit des saintes âmes par rapport à la force de leur art et de
leur attrait.
La
Sainteté de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ou celle de Sœur Anuarite Nengapeta
a été forgé par la puissance de l'invitation contemplative de l'Art sacré.
Je suis sûr que c'est l'effet
suggestif des sujets de l'art sacré conjugué aux parades des fêtes de l'année
liturgique qui ont suscité la vocation de Monseigneur Joseph-Albert Malula pour
devenir prêtre. En clair, le
phénomène de la transformation de l'oncle de Kallé Jeff aura été le travail
d'abord une production d'un esprit indépendant hors-les-murs du corps
institutionnel du Magistère. Franco Luambo Makiadi est comparable à ces grands
que sont les Michel Ange, les Véronèse et les Scarlati par la musique qu'il a
produite. Son doigté a défini le comportement de nos fêtes et de nos deuils.
L'OK Jazz fut un don spécial pour la civilisation congolaise, avec ses pairs,
l'African Jazz, le Loningisa, le Rock-A-Mambo ou le Conga Jazz sont finalement
ces édifices qui ont préparé les consciences à se diriger droit vers
l'indépendance. Car ne l'oublions pas, le catalyseur du sentiment national aura
été sans conteste la musique. Et celle-ci, Franco l'a bien faite. Pourtant,
Franco, arrive à la musique, n'ont pas comme Mozart qui a été préparé à ce
métier par son père, mais avec le concours du hasard à la recherche d'un emploi
qui le sorte du danger de vagabondage et de délinquance juvénille. La rencontre
avec des adultes qu'il a dépassé par la suite a accompli le miracle Franco.
Alors, que reste-t-il de Franco ? C'est simple à percevoir ! L'humanité n'a pas
oublié Socrate, Platon, Aristote, Sophocle, Cicéron, Sénèque, Virgile, Jeanne
d'Arc, Rabelais, Shakespeare, Beethoven, Victor Hugo, Edgar Allan Poe, etc. Il
en va de même pour Franco Luambo Makiadi. Ce Madimbadien fait partie d'une
galerie des figures de la rejouvance de la civilisation universelle par l'axe du
Congo, car chaque époque de l'histoire a ses personnages qui la marque en espace
et en durée. Socrate n'est pas plus grand que Lumumba, Aristote n'est pas plus
grand que Kasa-Vubu et Victor Hugo n'est pas plus grand que Monseigneur Malula.
Cela fera rire certaines personnes, mais moi je suis convaincu de la véracité de
cette analogie. Comme
musicien, je sais que les Cubains se sont beaucoup nourri de la Musique
Congolaise Moderne et le Grand Kallé est pour eux une figure intemporelle de la
musique. Il reste donc de Franco Luambo Makiadi est une présence parlante ancrée
dans la conscience de tous les Congolais et cela va s'inscrire pour toutes les
époques comme on ramène à l'actualité Shakespeare en Grande Bretagne, Victor
Hugo en France et je passe.
Quiconque passera par Kinshasa, sinon par tout le Congo, sentira l'âme de Franco
Luambo Makiadi palpiter dans l'anatomie de la culture congolaise. Pour
appréhender ce phénomène, je vous demande de passer à Waterloo à l'endroit du
dernier combat de Bonaparte, vous sentirez son souvenir surexcité les individus
debout devant le monument de l'Aigle. C'est pareille pour Ya Fuala, Franco De Mi
Amor, Luambo Makiadi. Source : Réveil FM, Freddy
Mulongo à Djamba Yohé dans "Que reste-t-il de Franco", le 27 novembre
2009.
FRANCO
(Cliquez Franco dans
"Décision" de Lutumba Simaro)
Sur un banc d’école primaire Madimbadien
Farfelus graffitis et hachures d’élèves
Longtemps creusé sur les bois des pupitres
Il y a Franco à la "Une" inaltérable.
Il savait
que l’avenir l’avait consulté,
Et pour ne point grandir sans laisser d’adresse
Il accorda au destin de confier ses Mémoires à Sona
Bata
Son banc en même temps s’est fait une place au musée
scolaire.
Étonnant geste de postérité
Luambo sentait avant l’âge : l’odeur du succès.
Gémissante
et poignante,
Une voix vint briser mon repos
Eh ! Toi qui chante au crépuscule,
Pour toi demain n’aura pas d’aurore
Pleure, pleure, c’est l’heure du deuil.
De Profundis, Franco est mort!
Décharge tes émotions sur l’Ontario
Ta fièvre sur l’épicentre d’Ottawa,
Remplis de tes larmes la rivière des Outaouais
Fais-le vite, car le Saint Laurent est à court
d’eau.
Trinidiens,
Jamaïcains, la Cubana et l’Amérique Noire,
C’est la fête du Requiem qu’ils ont célébré devant ma
porte,
L’autre face du Carnaval Latino-Nègre
L’autre face du Négro-Spiritual
Chant et tambours du Peuple déporté :
Tout cela était mon lot de peine mémoriale
Tout cela je le vis dans mon épreuve assisté.
Les
Brésiliens-Afros sont chez moi
Les Haïtiens me soutiennent
Toute l’Amérique Noire me console,
Mais toi Franco tu reste ma douleur inconsolable,
Tu ne reviens pas malgré mes sanglots.
Franco, je
scrute l’infini et l’immortalité
Franco où est tu parti ?
Je retournerai dans un pays déserté par ses
dieux,
Tu voulais une place à l’Odéon, c’est
vrai!
Hélas c’est vite arrivé.
Il y a dans l’âme des mélomanes encore
frais,
L’exil de Grand Kallé
La blessure de Lovy
Longomba
L’amour assassiné d’Eyenga Moseka
Lucie
Le laisser tomber de Franck Lassan et tous les
autres.
Comment saurions-nous
nous rendre au Festival des Arts Nègre ?
Dakar comptait sur toi,
Lagos est assombri de
chagrin,
Rio de Janeiro s’est évanouie
!
Évanouie même la musique que de toi,
j’écoute.
Franco,
Franco
Mon écho sonore scrute l’infini et
l’immortalité.
Que revienne ce beau temps:
Franco parmi les siens
Franco, Franco, Franco...
Source
: Djamba Yohé,
Hommage à Luambo
Franco, illustre musicien Zaïrois
Pour ses
funérailles et l'Émission Place aux Vedettes de
Lukezo,
Depuis Ottawa,
Canada.
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