samedi 13 octobre 2012

Franco Luambo Makiadi


Pene Lua Ndjo

6 juillet 1938 - 12 octobre 1989


(Cliquez "Franco, Ndombe et Mavatiku" dans Salima)



PRÉAMBULE Réveil-FM : Monsieur Djamba Yohé que reste-t-il de Franco Luambo Makiadi après vingt ans d'absence dans l'espace temps de la République Démocratique du Congo et de la planète musique ? Djamba Yohé : Le monde est une construction qui s'érige tous les jours et qui change constamment dans le paysage même si à l'inverse, le temps n'a pas de physionomie et de morphologie. Pour tout dire, le monde a divers visages. Prenons l'exemple des habitats humains telles que les villes. Celles-ci, par leurs formes de constructions, étalent une culture, sinon une civilisation qui racontent le parcours de l'immersion de la civilisation avec leurs spécificités particulières. Les édificateurs chinois n'ont pas érigé des bâtiments pareils à ceux de Berlin et les villages congolais ne sont pas semblables à ceux de Scandinavie. Dans la différence de ces conceptions d'habitats, il y a le souvenir qui restent des architectes des localités humaines antérieures. Les villes à travers le monde sont construites en fonction des plans et des contours qui leur avaient été destinées. Lorsqu'on se promène à Rome, on découvre une ville avec beaucoup des monuments qui retracent les grands architectes de cette agglomérations urbaines plusieurs fois séculaires. Dans les chambres du temps congolais, Franco Luambo Makiadi a rempli le Congo avec une part immense de richesse spirituelle reçu comme contribution spécifique et capitale à la construction du système de valeurs de nos traditions modernes, je veux dire, celles qui nous manifestent au monde avec l'identité rdécienne. Les multiples apports de Franco Luambo Makiadi sont même allées au-delà de ce que ses capacités pouvaient lui faciliter. Par rapport à ses contemporains, Yorgho a légué à la Nation une œuvre anthologique de musique et de philologie plein d'enseignements culturel et psychosociale. L'abord des problèmes sociaux dans l'éducation des masses par les médias tels que le sketch, c'est à l'OK Jazz que recouraient les "Maboke" comme les Masumu De Brende dans "Théâtre de chez nous" pour donner vie et mouvement à leurs productions dramatique marié à l'art de vivre. Ce n'est pas là peu des choses, ces communications sociales que sont les messages de Luambo affirment, par elles-mêmes, que dans cet artiste, il y a avait un curé des phénomènes sociaux chez qui la société pouvait aller se ressourcer. Il ne s'agit pas de voir Franco comme un prêtre de paroisse qui reçoit des confessions, mais comme quelqu'un qui dévoile les itinéraires et donne des solutions aux efforts communs de moduler la collectivité nationale dans le bon sens. En fait, Franco Luambo Makiadi est pareil aux artistes qui ont construit et mis illustration le Vatican dans les siècles passés. En effet, ceux qui ont décoré la "Chapelle sixtine" n'avaient pas la vie des saints, mais leurs œuvres mis en contexte sur les thèmes commandés par l'Église ont produit des saintes âmes par rapport à la force de leur art et de leur attrait. La Sainteté de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ou celle de Sœur Anuarite Nengapeta a été forgé par la puissance de l'invitation contemplative de l'Art sacré. Je suis sûr que c'est l'effet suggestif des sujets de l'art sacré conjugué aux parades des fêtes de l'année liturgique qui ont suscité la vocation de Monseigneur Joseph-Albert Malula pour devenir prêtre. En clair, le phénomène de la transformation de l'oncle de Kallé Jeff aura été le travail d'abord une production d'un esprit indépendant hors-les-murs du corps institutionnel du Magistère. Franco Luambo Makiadi est comparable à ces grands que sont les Michel Ange, les Véronèse et les Scarlati par la musique qu'il a produite. Son doigté a défini le comportement de nos fêtes et de nos deuils. L'OK Jazz fut un don spécial pour la civilisation congolaise, avec ses pairs, l'African Jazz, le Loningisa, le Rock-A-Mambo ou le Conga Jazz sont finalement ces édifices qui ont préparé les consciences à se diriger droit vers l'indépendance. Car ne l'oublions pas, le catalyseur du sentiment national aura été sans conteste la musique. Et celle-ci, Franco l'a bien faite. Pourtant, Franco, arrive à la musique, n'ont pas comme Mozart qui a été préparé à ce métier par son père, mais avec le concours du hasard à la recherche d'un emploi qui le sorte du danger de vagabondage et de délinquance juvénille. La rencontre avec des adultes qu'il a dépassé par la suite a accompli le miracle Franco. Alors, que reste-t-il de Franco ? C'est simple à percevoir ! L'humanité n'a pas oublié Socrate, Platon, Aristote, Sophocle, Cicéron, Sénèque, Virgile, Jeanne d'Arc, Rabelais, Shakespeare, Beethoven, Victor Hugo, Edgar Allan Poe, etc. Il en va de même pour Franco Luambo Makiadi. Ce Madimbadien fait partie d'une galerie des figures de la rejouvance de la civilisation universelle par l'axe du Congo, car chaque époque de l'histoire a ses personnages qui la marque en espace et en durée. Socrate n'est pas plus grand que Lumumba, Aristote n'est pas plus grand que Kasa-Vubu et Victor Hugo n'est pas plus grand que Monseigneur Malula. Cela fera rire certaines personnes, mais moi je suis convaincu de la véracité de cette analogie. Comme musicien, je sais que les Cubains se sont beaucoup nourri de la Musique Congolaise Moderne et le Grand Kallé est pour eux une figure intemporelle de la musique. Il reste donc de Franco Luambo Makiadi est une présence parlante ancrée dans la conscience de tous les Congolais et cela va s'inscrire pour toutes les époques comme on ramène à l'actualité Shakespeare en Grande Bretagne, Victor Hugo en France et je passe. Quiconque passera par Kinshasa, sinon par tout le Congo, sentira l'âme de Franco Luambo Makiadi palpiter dans l'anatomie de la culture congolaise. Pour appréhender ce phénomène, je vous demande de passer à Waterloo à l'endroit du dernier combat de Bonaparte, vous sentirez son souvenir surexcité les individus debout devant le monument de l'Aigle. C'est pareille pour Ya Fuala, Franco De Mi Amor, Luambo Makiadi. Source : Réveil FM, Freddy Mulongo à Djamba Yohé dans "Que reste-t-il de Franco", le 27 novembre 2009.


FRANCO



(Cliquez Franco dans "Décision" de Lutumba Simaro)


Sur un banc d’école primaire Madimbadien

Farfelus graffitis et hachures d’élèves

Longtemps creusé sur les bois des pupitres

Il y a Franco à la "Une" inaltérable.


Il savait que l’avenir l’avait consulté,

Et pour ne point grandir sans laisser d’adresse

Il accorda au destin de confier ses Mémoires à Sona Bata

Son banc en même temps s’est fait une place au musée scolaire.

Étonnant geste de postérité

Luambo sentait avant l’âge : l’odeur du succès.


Gémissante et poignante,

Une voix vint briser mon repos

Eh ! Toi qui chante au crépuscule,

Pour toi demain n’aura pas d’aurore

Pleure, pleure, c’est l’heure du deuil.

De Profundis, Franco est mort!

Décharge tes émotions sur l’Ontario

Ta fièvre sur l’épicentre d’Ottawa,

Remplis de tes larmes la rivière des Outaouais

Fais-le vite, car le Saint Laurent est à court d’eau.


Trinidiens, Jamaïcains, la Cubana et l’Amérique Noire,

C’est la fête du Requiem qu’ils ont célébré devant ma porte,

L’autre face du Carnaval Latino-Nègre

L’autre face du Négro-Spiritual

Chant et tambours du Peuple déporté :

Tout cela était mon lot de peine mémoriale

Tout cela je le vis dans mon épreuve assisté.


Les Brésiliens-Afros sont chez moi

Les Haïtiens me soutiennent

Toute l’Amérique Noire me console,

Mais toi Franco tu reste ma douleur inconsolable,

Tu ne reviens pas malgré mes sanglots.


Franco, je scrute l’infini et l’immortalité

Franco où est tu parti ?

Je retournerai dans un pays déserté par ses dieux,

Tu voulais une place à l’Odéon, c’est vrai!

Hélas c’est vite arrivé.

Il y a dans l’âme des mélomanes encore frais,

L’exil de Grand Kallé

La blessure de Lovy Longomba

L’amour assassiné d’Eyenga Moseka Lucie

Le laisser tomber de Franck Lassan et tous les autres.


Comment saurions-nous nous rendre au Festival des Arts Nègre ?

Dakar comptait sur toi,

Lagos est assombri de chagrin,

Rio de Janeiro s’est évanouie !

Évanouie même la musique que de toi, j’écoute.


Franco, Franco

Mon écho sonore scrute l’infini et l’immortalité.

Que revienne ce beau temps:

Franco parmi les siens

Franco, Franco, Franco...


Source : Djamba Yohé,

Hommage à Luambo Franco, illustre musicien Zaïrois

Pour ses funérailles et l'Émission Place aux Vedettes de Lukezo,

Depuis Ottawa, Canada.

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