vendredi 4 mai 2012

Gouvernement : frustrations et déceptions dans les rangs de la Majorité


(Les depeches de Brazzaville 04/05/2012)

Le non-respect des principes de la représentativité nationale et de l'équilibre des forces politiques constituerait le talon d'Achille de l'équipe Matata Ponyo.

À la veille de l'investiture du nouveau gouvernement, de nombreuses voix se font déjà entendre pour récuser sa composition et la répartition des postes ministériels telle qu'effectuée. Des frustrations fusent de partout, surtout dans les milieux proches de la Majorité présidentielle où bien des espoirs auraient été déçus. Il nous revient, en effet, que plusieurs têtes couronnées de cette famille politique n'ayant pas eu gain de cause ne cessent de fulminer leur colère à l'image des chefs de parti exclus du partage. Tous ou presque prétendent avoir mouillé le maillot en contribuant à la réélection de Joseph Kabila et, par conséquent, estiment avoir droit au chapitre. Le fait pour le parti présidentiel de se tailler la part du lion avec six postes ministériels en raison de son poids politique serait l'élément déclencheur du mécontentement.

Outre le fait que certains cadres parmi les plus en vue n'ont pas été nommés, le secrétaire général du PPRD, pressenti jusqu'il y a peu Premier ministre, n'aurait pas digéré son effacement. Plus grave, révèlent certaines sources, tous les choix portés sur les personnalités du PPRD auront requis le quitus du chef de l'État, sans recueillir l'avis conforme du directoire du parti. D'autres partis non des moindres de la Majorité, à l'instar de l'ARC, le MSR et même du Palu, affichent également leur mécontentement en n'approuvant pas le quota qui leur a été réservé, lequel serait, d'après eux, sans commune mesure avec ce qu'ils représentent comme force politique dans le camp kabiliste. Ils estiment mériter plus en termes de nombre de postes.

De l'équilibre régional

Difficile de contenter tout le monde lorsqu'on sait qu'au-delà du poids politique de chaque parti membre de la Majorité, le critère géopolitique s'est également imposé comme déterminant dans le choix des membres du cabinet Matata Ponyo. Là-dessus, des mécontents ont aussi donné de la voix en stigmatisant notamment la part belle faite à la province du Katanga qui s'est octroyé à elle toute seule six postes ministériels. Ce qui, d'après maints observateurs, est contraire à la représentativité nationale étant entendu que d'autres provinces ont été astreintes à se contenter de la portion congrue à l'image de l'Équateur qui s'est adjugé un ministère et un vice-ministère.

Cette situation, à l'avis de nombreux analystes, ne favorise pas l'unité ni la cohésion nationale dont le pays a besoin pour relever le défi du développement. À peine publié, le gouvernement Matata Ponyo est déjà sur la ligne de mire de la contestation.

Alain Diasso




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