vendredi 15 mars 2013
Pourparlers de Kampala. L’accord n’est pas pour aujourd’hui
(L'Avenir Quotidien 15/03/2013)
*Selon certains délégués du Gouvernement au dialogue de Kampala, la date du 15 mars est un mythe provoqué par les médias. Le vrai texte reste secret et doit parvenir à Kampala. L’intégration des rebelles au sein des FARDC vantée par tous serait alternée par un contrôle systématique au cas par cas.
*Ainsi, seul le facilitateur Crispus Kiyonga, sera à mesure de dire si le gouvernement congolais lui a transmis la dernière version de l’accord qu’il doit présenter aux rebelles pour être signé. Il sied aussi de préciser que seul le président Yoweri Museveni est autorisé pour rendre publiques les conclusions, étant donné qu’il est le président en exercice de la CIRGL.
*En attendant la fin des pourparlers, certains délégués pensent que le facilitateur ne doit pas attendre que les rebelles qualifiés de « terroristes » s’entendent pour convoquer une plénière finale. D’autres considèrent que travailler dans la précipitation avec la date butoir du 15 mars 2013 en tête, c’est jouer le jeu de certains qui ne jurent que sur l’échec de Kampala. La troisième tendance est celle qui attend que les rebelles désarment et qu’ils soient considérés comme candidats à la réintégration sociale, politique et même militaire.
Depuis un certain temps, une certaine presse fait circuler de fausses informations selon lesquelles, le pouvoir de Kinshasa serait prêt à signer un accord devant mettre un terme à l’affrontement qui dure depuis avril 2012 entre le M23 et l’armée régulière congolaise. La date butoir n’est autre qu’aujourd’hui 15 mars 2013. Une information partagée non seulement par le Gouvernement à travers sa délégation qui est à Kampala, mais aussi par les rebelles du M23 qui sont du reste divisés.
A Kinshasa, plusieurs observateurs de la scène politique se sont demandé si ce comportement de la presse internationale relayée par la presse locale n’était pas prémonitoire à influencer dans ce sens le Gouvernement de la République. Et même si accord il y avait, revenait-il aux médias de le rendre public, en lieu et place du facilitateur ? Une preuve de plus qui pousse à croire qu’il s’agit d’une stratégie concoctée par l’ennemi dans le but d’infiltrer, comme d’habitude, l’armée congolaise à travers des taupes bien identifiées.
Et pourtant, selon certains délégués du gouvernement au dialogue de Kampala, la date du 15 mars 2013 est un mythe provoqué par les médias. En effet, si le président Joseph Kabila avait donné cette date comme limite des travaux du dialogue et que l’accord-cadre d’Addis-Abeba en avait appelé pour un accord à trouver entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, le sens de ces avertissements était plus des souhaits que d’un quelconque ultimatum.
Qui va engager le M23 ?
Des sources proches de la facilitation font état que depuis quatre jours, le Speke Resort Commonwealth où le facilitateur Crispus Kiyonga a un bureau de consultation des délégués, a repris du mouvement et les aller-retour ont repris après un mois d’accalmie. C’est dans cette optique que le ministre ougandais de la Défense a reçu les deux tendances du M23 mardi et mercredi, avant de continuer avec les discussions avec le chef des experts du gouvernement congolais, l’Abbé Apollinaire Malumalu jusque tard dans la soirée.
Au sortir de ces audiences qui semblaient être préliminaires d’un éventuel accord de Kampala, le M23 des pro-Makenga a trouvé qu’il faut continuer avec les consultations. Le chef de la délégation René Abandi a dit jeudi qu’il y a encore, sans être plus précis, certains points à débattre.
Un jour avant lui, c’est le chef de la délégation du M23 des pro-Ntaganda qui trouvait que le facilitateur ne doit pas suivre le rythme du conflit interne dans le mouvement rebelle. Pour François Ruchogoza, c’est sa signature qui compte puisque depuis le début du dialogue en décembre 2012, la facilitation n’a jamais eu un autre nom du M23 que lui.
Jeudi matin, c’est un autre son de cloche qui tombe. Bertrand Bisimwa, le président de l’aile Makenda prévient que l’on ne doit pas signer avec un autre M23 que le sien. Pour lui, François Ruchogoza ne représente plus rien, car s’il n’est pas à Kibumba avec Jean-Marie Runiga, c’est parce qu’il n’a pas trouvé de voie de sortie, le Rwanda étant opposé que les rebelles qui sont à Kampala ne passent sur son territoire. Ceci pour dire que du côté de M23, c’est une guerre rangée pour savoir qui pourra signer sur le papier un éventuel accord de Kampala.
Le Gouvernement est serein
L’ordre de quitter Kampala semble être venu pour une consultation. Les délégués de Kinshasa sont sereins et prêts à toute éventualité, apprend-on des sources dignes de foi. D’ailleurs, un projet d’accord de Kampala avait bel et bien était proposé à la hiérarchie, mais qui avait filtré jusque dans les médias. Ce n’était qu’un « avant-projet », précise un membre qui trouve que la presse avait floué le monde par précipitation du scoop.
Le vrai texte reste secret et doit parvenir à Kampala. L’intégration des rebelles au sein de l’armée serait maintenant alternée par un control systématique au cas par cas.
Pour attendre la fin des travaux, il y a une marge à atteindre. Certains délégués trouvent que le facilitateur ne doit pas attendre que les rebelles qualifiés de « terroristes » s’entendent pour convoquer une plénière finale. D’autres considèrent que travailler dans la précipitation avec la date butoir du 15 mars 2013 en tête, c’est jouer le jeu de certains qui ne jurent que sur l’échec de Kampala.
La troisième tendance est celle qui attend que les rebelles désarment et qu’ils soient considérés comme candidats à la réintégration sociale, politique et même militaire. En attendant, aucune déclaration officielle n’a été prévue pour éclairer la religion de l’opinion sur le mythe du 15 mars 2013 à Kampala.
Yoweri Museveni a le dernier mot
Selon un membre de la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs (CIRGL), il était prévu un point de presse du facilitateur. Mais depuis trois jours, son bureau n’a pas encore convoqué les journalistes. Seul Crispus Kiyonga, ministre de la Défense de l’Ouganda et facilitateur sera à mesure de dire si le gouvernement congolais lui a transmis la dernière version de l’accord qu’il doit présenter aux rebelles pour être signé. Il faut encore préciser que seul le président Yoweri Museveni a qualité pour communiquer les conclusions des pourparlers, étant donné qu’il est le président de la CIRGL.
Au-delà des analyses et des supputations, le silence des décideurs snobe les intentions de ceux qui ont fait du 15 mars 2013 une date rouge du dialogue de Kampala, pendant que ce silence peut tout dire dans le sens d‘ignorer les inepties ou d’acquiescer ses propres limites à cause du flou de la guerre interne au M23 qu’on veut arrêter sans l’espoir d’y parvenir. Il sied de signaler que depuis la signature le 24 février par onze pays africains, d’un accord-cadre pour la pacification de l’Est congolais, une scission s’est produite au sein du M23.
La nouvelle donne sur le terrain éloigne chaque jour davantage la possibilité d’un retour rapide à la paix dans la partie Est de la RDC. Des combats opposent désormais les deux factions qui se partagent des zones adossées au Rwanda et à l’Ouganda. Les deux responsables affirment l’un et l’autre diriger le M23 et en avoir exclu leurs rivaux.
La rébellion du M23, déclenchée en avril 2012, a aggravé la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu. Selon un groupe de responsables d’ONG et d’experts de la région, le nombre de groupes armés répertoriés est passé en moins d’un an de 10 à 30. L’ONU estime, de son côté, que 500.000 personnes ont été déplacées ou se sont réfugiées au Rwanda et en Ouganda.
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