21 novembre 2012
Aussi criminel de guerre, il est porte-parole des rebelles du M23, le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, le 21 novembre 2012 à Goma ©AFP
GOMA (RDC) (AFP) - (AFP)
Les rebelles du M23, condamnés par l’ONU, consolidaient mercredi leur emprise sur Goma, au lendemain de la prise quasiment sans combat de la ville stratégique de l’est de la RDC, tandis qu’à Kampala les présidents congolais et rwandais cherchaient une issue à la profonde crise qui secoue l’ex-Zaïre.
Le président de la RDC Joseph Kabila a rencontré deux heures dans la nuit son homologue Paul Kagamé, le président du Rwanda voisin, un pays accusé par Kinshasa et les Nations unies d’appuyer les rebelles.Ils ont ensuite rencontré leur hôte ougandais Yoweri Museveni, dont le pays est lui aussi mis en cause par des experts de l’ONU.
Dans la capitale du Nord Kivu, les habitants ont repris lentement leurs activités mercredi matin.Dans un message radio mardi soir du porte-parole du M 23, les policiers congolais ont été convoqués dès mercredi dans le stade de la ville afin d’être enregistrés.L’un d’entre eux a expliqué à l’AFP qu’il espérait recevoir un meilleur salaire des nouveaux responsables.
Aucun coup de feu n’a été entendu pendant la nuit.Des soldats du M23 stationnent aux carrefours pendant que d’autres patrouillent le long des principales artères, mais les Casques bleus sont invisibles.
Mardi soir, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution appelant à des sanctions contre deux chefs du M23, Innocent Kaina et Baudouin Ngaruye.
La résolution, proposée par la France, demande également aux pays étrangers qui soutiennent le M23 de mettre fin à leur soutien aux rebelles.Les Etats-Unis, longtemps alliés du Rwanda dans la région, ont eux condamné "la violation de la souveraineté de la RDC" et appelé Kigali à "amener le M23 à se retirer et faire en sorte qu’il ne bénéficie plus de soutien extérieur".
Le Rwanda a très vite pris acte de la chute de Goma et demandé au gouvernement congolais de négocier avec les rebelles — une exigence du M23 que Kinshasa a toujours refusée.
Mercredi matin, des manifestations ont eu lieu à Bukavu, capitale régionale voisine du Sud Kivu, pour protester contre la prise de Goma.Des policiers ont été pris à partie ainsi que la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco), accusée de n’être pas intervenue pour défendre Goma, vite abandonnée par les forces régulières.
Le mandat des Casques bleus mis en cause
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a mis en cause mardi leur mandat "Déployer 17.000 hommes et fixer un mandat qui ne permet pas d’intervenir, c’est absurde", a-t-il dit. Didier Reynders, le ministre des Affaires étrangères de la Belgique, ancienne puissance coloniale, a lui aussi appelé mercredi à un "renforcement" de l’action trop défensive de l’ONU.
Dans un communiqué la Monusco a affirmé qu’elle restait "engagée" à Goma mettant en garde contre toute atteinte aux droits de l’homme.A New York, l’ONU a affirmé que les rebelles avait enlevé des femmes et des enfants.
Goma avait déjà été occupée à deux reprises en 1996 et 1998 par des rébellions, appuyées par le Rwanda.En 2008, une autre rébellion, menée par Laurent Nkunda, s’était arrêtée aux portes de la ville après avoir défait l’armée.
Les nouveaux combats ont provoqué d’importants mouvements de population, notamment la fuite de déplacés, selon Médecins sans Frontières."Il y a urgence car cela représente plus de 100.000 déplacés, sans aucun abri, sans accès à l’eau, sans aucune nourriture et une partie d’entre eux sont porteurs de choléra", a souligné Marcela Allheimen, responsable de MSF à Paris.
La crise a des retentissements internes en RDC.Le gouvernement a "certes perdu la bataille mais pas la guerre", a déclaré mercredi matin le Premier ministre Augustin Matata Ponyio,.Mais l’opposition congolaise a estimé que le président Kabila était responsable et a appelé à un congrès pour examiner la situation.
Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui, après avoir participé à la rébellion de Laurent Nkunda, ont intégré l’armée congolaise en 2009, à la suite d’un accord de paix.Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n’avait pas respecté ses engagements.Ils refusent notamment d’être mutés dans d’autres régions, ce qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’est.
Les provinces des Nord et Sud-Kivu sont le théâtre de conflits quasiment ininterrompus depuis le début des années 1990, en raison de leurs richesses en ressources minières et agricoles, que se disputent le gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les pays voisins, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
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