Dans
la façon de mener la guerre au Congo, il est certains luxes qui sont aussi des
armes. Arrivée dimanche 18 novembre devant Goma, la rébellion du Mouvement du 23
mars (M23) affirme ne pas avoir l'intention de pénétrer dans la métropole de
l'est de la République démocratique du Congo, pourtant ville ouverte à peu de
choses près. Comme s'il s'agissait d'un geste de bon vouloir. Alors qu'il
s'agit, en réalité, d'une solide démonstration politique.
Ce ne sont pas
les principes, les protestations internationales et encore moins les forces
loyalistes, en plein effondrement après trois jours de combats, qui ont arrêté
les hommes du colonel Sultani Makenga, mais deux objectifs complémentaires :
humilier à la fois les FARDC (l'armée congolaise) et les Nations unies, puis
maîtriser les conditions d'un retour en force à la table des
négociations.
SOLDATS TRANSFORMÉS EN CIVILS
Pour l'humiliation,
c'est réussi. Au cours des trois derniers mois, alors que la situation militaire
semblait figée sur les fronts de l'est, les rebelles du M23 avaient agité à
plusieurs reprises la menace de reprendre les affrontements et de pousser
jusqu'à Goma. Ils ont mis cette menace à exécution en deux jours. Dimanche, ils
étaient devant Goma. En chemin, il y a eu des dizaines de morts, peut-être plus,
et des dizaines de milliers de déplacés, dont des soldats se transformant par
enchantement en civils.
Pour parachever la démonstration de force, le M23
a pris ses quartiers aux portes de Goma devant le camp des casques bleus
sud-africains de Munigi. Mise en déroute, l'armée congolaise a fui en direction
du Sud-Kivu, d'où des renforts loyalistes sont attendus pour une hypothétique
contre-attaque. En réalité, les FARDC ont décroché dans le plus grand
désordre.
La suite est en cours : dimanche, des négociations discrètes
entre les deux camps ont été engagées, selon une source politique congolaise. Il
s'agit d'obtenir un arrêt des combats, mais surtout de poser les conditions pour
des négociations plus larges. Or le temps presse.
La rapidité,
l'efficacité de l'offensive rebelle, alors que le M23 est supposé fonctionner en
autarcie dans une poche de moins de 100 km de long au nord de Goma, soulèvent à
nouveau la question de l'appui des pays voisins : le Rwanda et, dans une moindre
mesure, l'Ouganda, mis en cause dans plusieurs rapports d'experts de l'ONU pour
leur implication dans le soutien à cette nouvelle rébellion, créée en
avril.
Un processus de sanctions qui pourraient toucher des responsables
politiques de la région est en cours de discussion à New York. Une liste
confidentielle a été établie lundi 12 novembre, quelques jours avant le
déclenchement des affrontements au nord de Goma.
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