(Le
Potentiel 07/11/2012)
Le Premier ministre Matata Ponyo de la RD Congo a confirmé
mardi 06 novembre devant l’Assemblée nationale sa promesse faite lundi de «
combattre les inégalités salariales » au cours de l’exercice budgétaire
2013.
« Devant les inégalités salariales constatées, le gouvernement
vient d’entamer une série de mesures pour rationaliser progressivement les
rémunérations publiques. Ainsi, au cours de l’exercice 2013, le gouvernement se
propose de réduire le train de vie des instituions politiques en vue d’opérer
une redistribution notamment en faveur de la solde des militaires et des
policiers », a-t-il affirmé.
Dans le projet de budget qu’il défend devant
les députés nationaux, les recettes sont chiffrées à 6.973,9 milliards de francs
congolais (7,5 milliards de dollars américains) contre 7 078,2 milliards (7,6
milliards de dollars) des dépenses soit un écart 104,3 milliards de francs
congolais (environ 110 millions de dollars). La différence entre les recettes et
les dépenses devra être trouvée pendant l’exercice budgétaire.
Présentées
en augmentation de 1,3 % par rapport à celles de 2012, les recettes proviennent
essentiellement de la douane, des impôts, de l’exportation des produits
pétroliers et des recettes non fiscales et du financement des
investissements.
Les autres recettes, qui proviennent des budgets
annexes, sont celles « propres » des universités, des instituts supérieurs, des
hôpitaux généraux de référence et des comptes spéciaux provenant des
prélèvements obligatoires effectués par différents fonds, offices et
entreprises.
Si globalement le budget 2013 apprêté par le gouvernement
connaît un accroissement de plus de 5% par rapport à celui de 2012 (7 milliards
USD), la clef de répartition n’a pas encore été arrêtée en ce qui concerne les
parts allouées à la santé, l’Education (enseignement primaire, secondaire et
professionnel, enseignement supérieur et universitaire), la Fonction publique et
aux institutions de la République (Présidence, Assemblée nationale et
Sénat).
Barème de Mbudi : des promesses lénifiantes
Après avoir
constaté que « le barème salarial de Mbudi n’est toujours pas appliqué 8 ans
après son approbation par l’Etat congolais », l’Intersyndical national du
secteur public a déposé le 26 janvier 2012 à la Présidence de la République un
cahier des charges énumérant toutes les préoccupations auxquelles « le
gouvernement doit trouver des solutions en faveur des agents et fonctionnaires
de l’Etat ».
« Nous avons déposé un cahier des charges, depuis le 26
janvier, à la présidence de la République. Jusque-là, nous attendons, il n’y a
pas encore de réactions. Là-dedans, nous avons énuméré tous les points auxquels
le gouvernement doit trouver des solutions en faveur des fonctionnaires. Mais,
nous ne savons pas pourquoi, dans notre pays, on ne peut pas respecter les
engagements pris.
Nous croyons que cette fois-ci, il va payer Mbudi.
Qu’il n’attende pas que nous puissions commencer à organiser des actions de
pression. Le président de la République a déjà reçu en audience toutes les
couches de la population, mais, jamais l’Intersyndical national du secteur
public, qui représente tous les fonctionnaires », a-t-il expliqué à la
presse.
Le « Contrat social de Mbudi » dit « Contrat social de
l’innovation» avait été signé la 12 février 2004 au quartier Mbudi (ouest de
Kinshasa) par les syndicats de l’Administration publique et le gouvernement de
transition 1+4, représenté par le vice-président chargé de la commission
socioculturelle Arthur Z’ahidi Ngoma.
Par cet acte, le gouvernement
s’était engagé à payer à l’huissier 208 USD et au secrétaire général de
l’Administration publique 2.080 USD en respectant la tension de 1 à 10. Ce texte
prévoyait son application en trois paliers, soit 10.000FC payables à l’huissier
dès le mois d’avril 2004, 2/3 des 208 USD au mois de juin 2004 et le dernier 1/3
des 208 USD en octobre 2004.
Malgré les nombreux rounds de négociations
sociales, les manifestations publiques, les mouvements de grève organisés les
syndicalistes pour obtenir le respect de cet accord, le gouvernement est demeuré
de marbre, se contentant de multiplier des promesses lénifiantes.
Mbudi
est le nom d’un quartier de la périphérie ouest de Kinshasa (commune de Mont
Ngafula) où le gouvernement ainsi que les représentants des agents et
fonctionnaires de l’Etat avaient conclu en février 2004 l’accord relatif au
barème salarial applicable à toutes les catégories des agents et fonctionnaires
de l’Etat.
Le Premier ministre Antoine Gizenga, chef du gouvernement issu
des élections législatives de 2006, avait même promis d’« aller au-delà de Mbudi
». A ce jour, ni lui ni ses successeurs ne peuvent prétendre avoir respecté les
engagements pris par le gouvernement de la République dans un accord qui tire
ses origines à celui signé en 1999 au Centre d’accueil kimbanguiste sous le
règne du président Laurent-Désiré Kabila.
« En RDC, 71,34% de la
population dispose d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Il en est de même
de sa profondeur – soit l’écart de revenu des pauvres par rapport au seuil de
pauvreté (32,23%). Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, la
République démocratique du Congo n’a pas toujours été aussi pauvre », selon
l’économiste congolais Oasis Kodila Tedika.
« A son indépendance,
l’hypothèse du développement du pays était indiscutable pour beaucoup tant elle
était évidente : entre 1920 et 1956, l’économie de la RDC, alors Congo-Belge,
avait cru à des taux annuels exponentiels, avec un taux de croissance moyenne de
près de 7 %. Le taux de croissance du PIB par habitant avait même pu atteindre
jusqu’à 18 % en 1962.
Ses infrastructures étaient avancées
comparativement à d’autres nations africaines. Il était comparé notamment à
l’Afrique du Sud. Ses atouts naturels étaient énormes. Mais depuis cinq
décennies, la tendance s’est renversée », déplore-t-il dans une analyse.
Écrit par Angelo Mobateli
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Potentiel
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