lundi 17 octobre 2016

Le dernier roi du Rwanda, Kigeri V, est décédé

17 octobre 2016

Le roi frère proche de Kagame est décédé aux USA

 
Le dernier roi rwandais, Kigeli V, le 3 mai 1994, à la gare de l'Union Station à Washington ©AFP

Kigali (AFP)
Le dernier roi du Rwanda, Kigeli V, est décédé dimanche matin à l’âge de 80 ans aux Etats-Unis, où il était exilé depuis de nombreuses années, a annoncé son site internet officiel, sans préciser les causes de la mort.
Né Jean-Baptiste Ndahindurwa, Kigeli V était monté sur le trône en 1959, mais a été forcé à l’exil un an plus tard par les autorités coloniales belges après avoir demandé l’aide de l’ONU pour obtenir l’indépendance du Rwanda.

Il a d’abord résidé dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Kenya et l’Ouganda, avant de s’installer aux Etats-Unis en 1992, dans la banlieue de Washington.

"C’est le coeur lourd que nous annonçons que Sa Majesté le roi Kigeli V Ndahindurwa, le dernier roi du Rwanda, est mort tôt ce matin", indiquait un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi sur le site officiel du monarque.

Le défunt roi était un tutsi, mais la tradition voulait que l’institution royale transcende les différences d’ethnie.Toutefois, en s’appuyant sur la minorité tutsi pour diriger le pays et en excluant la majorité hutu de toute charge importante, le colonisateur belge a creusé les antagonismes.
Progressivement, la monarchie est devenue au yeux de la majorité opprimée une institution tutsi.

La monarchie rwandaise a été abolie en 1961 par référendum, un an avant l’indépendance, mais la question du retour du roi a été régulièrement évoquée depuis 1994 et la prise de pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR), issue d’une ex-rébellion tutsi dirigée par le président actuel Paul Kagame.

Aucun parti politique au Rwanda ne se réclame de la monarchie et beaucoup pensent qu’elle relève désormais du "folklore", mais pour d’autres, le roi reste une autorité morale respectée pouvant être un facteur d’unité pour un peuple qui panse encore les plaies du génocide de 1994, qui a fait environ 800.000 morts essentiellement parmi la minorité tutsi.

En juin, un petit parti d’opposition avait appelé au retour du roi au Rwanda en tant que "chef chargé de sauvegarder la culture rwandaise" et devant être traité avec les égards dus à un ancien chef d’Etat."Nous sommes attristés par le fait qu’il soit décédé avant qu’il ait pu rentrer dans son pays", a déclaré lundi le président de ce parti, Frank Habineza.
Car toutes les tentatives de retour du roi ont échoué : les autorités du FPR se sont toujours dites prêtes à son retour en tant que simple citoyen, mais Kigeli V n’acceptait de rentrer qu’en tant que monarque.
Même si elle était surtout morale, l’autorité du roi aurait pu concurrencer l’influence de l’hégémonique FPR, estimait récemment sous couvert de l’anonymat un observateur de la vie politique rwandaise."C’est pourquoi le FPR fait tout son possible pour lui barrer la route".

Kigeli V avait succédé à son demi-frère Mutara III, décédé dans des circonstances troubles à la veille de la "révolution sociale" hutu de novembre 1959, qui a chassé du pays des dizaines de milliers de Rwandais tutsi.Ces derniers et leurs descendants ne rentreront pour la plupart au Rwanda qu’au lendemain du génocide en 1994.
Dans un portrait datant de 2013, le magazine américain Washingtonian, décrivait un vieil homme bénéficiant d’une aide sociale et vivant à Oakton, en Virginie.De ses voisins, Kigeli V racontait en souriant : "Ils m’appellent le roi d’Afrique".

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