Thomas s'est fait recevoir en catimini par Joseph Kabila. L'audience a eu lieu, à Matadi, à la résidence du gouverneur, le 21 octobre alors que Kabila séjournait dans la ville portuaire pour apporter son soutien à son protégé Déo Nkusu, candidat à l'élection de gouverneur du Bas-Congo. Officiellement, le secrétaire général du MLC avait quitté Kinshasa pour un atelier de l'organisation américaine NDA. Un prétexte pour aller s'entretenir avec Kabila loin de la capitale sans s'en référer aux structures du parti bembiste. Luhaka n'est pas à son premier coup. Il était déjà parti à la rencontre du Palais de la nation en cachette. (Ci-dessous remake sur Thomas Luhaka)
Vital passe désormais pour l'homme à abattre pour Joseph Kabila et sa majorité. Son péché: sa position de grand favori au poste de porte-parole de l'opposition. Poste pour lequel les Kabilistes, depuis plusieurs, à ce qu'il n'y accédé qu'un opposant au goût de Kabila. Voilà qui explique le dévolu kabiliste jeté, jadis, sur la personne de Samy Badibanga Ntita, l'ex-conseiller spécial d'Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Depuis, Badibanga a été remisé dans le placard, ceux qui pensaient le fabriquer s'étant rendu compte qu'il n'avait pas réussi à enlever la moindre adhésion dans les rangs de l'opposition, même pas au sein du groupe parlementaire UDPS-Forces acquises au changement où plus de la moitié de sociétaires ont fait connaître publiquement leur désamour à l'endroit d'un candidat sans aucune assise politique. Badibanga déclassé, les chasseurs de têtes kabilistes ont porté leur choix sur le très malléable Thomas Luhaka Losanjola, secrétaire général du MLC.
Pour le booster, le voilà convié, le 4 août, au Palais de la nation, lors d'une rencontre entre Joseph Kabila, des opposants et les forces vives, là où les leaders reconnus de l'opposition n'ont pas eu droit à une invitation. Du côté des opposants, personne n'est dupe pour comprendre qu'il s'agit d'un premier pas pour accréditer un quelconque leadership du faiblard Luhaka à la tête de l'opposition. L'intéressé lui-même l'a reconnu et a voué, à certains amis en privé, qu'il a tout intérêt à se montrer «accomodant» avec Kabila pendant que tous dans la majorité répètent, en choeur, tout sauf Vital Kamerhe. A cette réunion du Palais de la nation, Luhaka s'y est rendu sans en informer les structures du MLC. Président du groupe parlementaire et secrétaire général adjoint du MLC chargé des questions politiques et stratégiques, Jean-Lucien Bussa l'a dénoncé alors que «CONGONEWS» l'avait joint au téléphone. «J'ai appris la présence de Thomas Luhaka à cette réunion par la voie de presse.
Aucune structure du parti n'avait été prévenue», s'est indigné le député le mieux élu du MLC avec plus de 30.000 voix dans la circonscription de Budjala, dans la province de l'Equateur. Ce n'est pas pour autant que Bussa n'est pas favorable à une concertation avec Kabila sur la situation de l'Est. Ce qui lui a déplu dans l'initiative du Palais de la nation, c'est la manière. Des opposants sélectionnés selon des critères flous et invités presqu'en catimini, l'ordre du jour connu du seul maître des céans alors que les opposants tiennent aussi à leur cahier des charges, etc. En catimini, Luhaka avait reçu, deux auparavant, l'appel pour un rendez-vous avec Kabila. Fort intéressé, il s'est mis à convaincre les autres opposants invités d'y aller.
Dans la matinée du 4 août, il a appelé Saïo Lisanga pour dire que l'assemblée n'attendait plus que lui pour commencer comme si le secrétaire général du parti bembiste travaillait désormais pour le protocole présidentiel.
Il en a été gratifié avec un siège dans le comité de rédaction qui a mis en place une nébuleuse structure dénommée «Groupe consultatif» à l'image du tristement célèbre «Comité consultatif permanent» du Maréchal Mobutu. Un siège rémunéré. Encore un organe informelle qui viendra obérer le budget de l'Etat alors que les Congolais attendent toujours la mise en place des structures constitutionnelles comme le Conseil économique et social et la Cour constitutionnelle. D'y avoir donné sa caution a plutôt joué contre Luhaka. Ce geste de la part du Sg bembiste a déssillé les yeux à beaucoup d'opposants pour comprendre Luhaka est inféodé au pouvoir kabiliste. Marié dans la famille de Maman Sifa Mahanya, Luhaka a du mal à faire respecter son statut d'opposant dans sa propre maison.
Tenez cette anecdote. Lorsque Daniel Ngoy Mulunda proclame Joseph Kabila vainqueur de l'élection présidentielle 2011, la résidence Luhaka est aussitôt envahie par les parents et amis kabilistes de l'épouse. C'est la fête dans le salon de l'opposant, chacun crie victoire sous une musique jouée à tue-tête. Luhaka est contraint de se résigner pour murmurer, alors que les fêtards se dispersent, que c'est quand même la maison d'un opposant et que penseront les voisins de lui. Un peu une histoire pour demander qui porte le pantalon dans la maison. «Dans ces conditions, confier un rôle à Thomas Luhaka équivaut à livrer l'opposition à Joseph Kabila», s'inquiètent des opposants. Thomas Luhaka n'a même pas réussi à se faire dans la circonscription de la Lukunga, dans la ville de Kinshasa.
De quoi accréditer l'hypothèse selon laquelle s'il avait obtenu un siège en 2006, c'était grâce aux plus de 40.000 voix d'Adam Bombole dans la même circonscription.
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