(La Prospérité 12/11/2012)
Franchement, sa participation au levier de gouvernance l’a davantage aidé à comprendre du dedans, les insuffisances qui bloquent l’émergence économique du Congo-Kinshasa. Adolphe Muzito, Premier Ministre honoraire et, actuellement, Député National, a analysé, sans complaisance, les difficultés liées au manque d’éclosion du budget national.
Loin de lui, l’idée de donner des leçons à qui que ce soit, l’élu de Kikwit a scruté le problème du budget congolais en tant qu’économiste. « Le budget en République Démocratique du Congo n’a pas d’abord, pour ambition, d’amener au développement mais plutôt, de construire l’Etat ».
Telle a été l’observation qu’il a méticuleusement dévoilée, le samedi 10 novembre, lors d’une conférence-débat organisée par le groupe de presse le Potentiel, dans la salle de conférence Notre Dame de Fatima. Ayant eu pour sous- thème :
« Budget au service de la révolution de la modernité », l’orateur a introduit son adresse par l’explication du concept de la révolution qui, selon lui, reflète la pensée du Chef de l’Etat, M. Joseph Kabila Kabange, dont la portée vise essentiellement, l’expansion du pays vers le développement.
En effet, fort de son expérience au gouvernement, Adolphe Muzito a cerné de façon générale, les difficultés qui freinent l’élaboration d’un budget conséquent, pour la RD. Congo. A l’en croire, le budget étant l’un des agrégats qui résulte du revenu national, il va de soi que si l’on ne s’attèle pas à construire l’Etat, nul gouvernement ne saurait traduire en chiffres un budget réellement axé sur le développement. Pour cet élu national, l’on ne peut parler du budget au service du développement que lorsque le pays est réellement en voie de développement.
Or, dans le contexte qui est le nôtre, dit-il, une bonne partie du territoire est en proie à une guerre injuste. L’insécurité règne. L’autorité de l’Etat est bafouée dans certains coins, avec pour conséquences immédiates, l’errance des populations, victimes de la souffrance et des maladies inextricables. Ce qui provoque un contre-choc de nature à ébranler les bases économiques du pays.
C’est la paralysie ! Du côté justice, le pays devait avoir, par exemple, au moins 20 mille magistrats. Mais, en réalité, il n’en a que 6500 dont 4 mille ont été nommés par le Chef de l’Etat, sous la mandature passée. Raison pour laquelle, le budget doit forcément avoir, pour vocation, la construction d’un Etat régalien. Plus loin, dans son brillant exposé, cet ancien inspecteur des Finances a, malheureusement, constaté que cette construction de l’Etat commence par le sommet et néglige très souvent, les articulations de proximité desquelles pouvaient normalement venir les recettes de l’Etat, a-t-il regretté. Les régressions réalisées durant les années d’après indépendance, ont fait perdre à la RDC beaucoup de temps, a estimé Muzito. Cela, en termes de mobilisation des recettes nationales, gage d’une amélioration budgétaire.
La République démocratique du Congo est restée très en arrière en ce qui concerne, entre autres, l’implantation des entreprises publiques qui, non seulement, pouvaient permettre à l’Etat de prélever les impôts, mais également, l’aider à tirer des dividendes nécessaires, pour renflouer ses caisses. Mais, hélas ! Comment un pays aux dimensions continentales peut-il avoir pour poumon économique une seule entreprise (Gécamines) qui ne génère qu’à peine 1 milliard ? S’est-il interrogé. Quant aux insuffisances accusées par les recettes de certaines provinces, Adolphe Muzito a fustigé l’état puéril de cette économie. « Nous sommes une société de cueillette et de ramassage, nous n’avons pas d’industries agricoles », a-t-il fait savoir.
Pour trouver des solutions à ce problème, le Premier Ministre honoraire a révélé qu’il faut au moins 60 mille kilomètres de route de desserte agricole. A ce sujet, sans la moindre de se justifier, il a, néanmoins, précisé que le gouvernement précédent en avait déjà réalisé 6 mille. Pour conclure, Muzito pense qu’il est difficile de comparer la RD. Congo à d’autres pays africains en termes d’avancées :
‘’ Nous ne sommes pas au même diapason avec ces pays, du point de vue de l’historicité’’. Toutefois, il a salué quand même quelques avancées réalisées au cours de la dernière décennie mais dont il se réserve, du reste, de vanter le moindre mérite, en raison de leur caractère insignifiant face aux multiples défis auxquels la RDC est confrontée.
« Je suis mal à l’aise d’affirmer que nous avançons avec le budget car, les effets produits par ces avancées sont tellement marginaux que le peuple ne les sent pas », a-t-il reconnu. Au-delà de son intervention, le prof Kabeya Tshikuku a, enfin, planché sur les caractéristiques d’un budget pour le développement.
La Pros.
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