jeudi 9 août 2012

Crise dans les Grands Lacs : deux analystes donnent leur point de vue


(Le Potentiel 09/08/2012)

Deux analyses politiques, les professeurs Philippe Biyoya et Tshiyembe Muayila, décortiquent la Déclaration de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), tenue à Kampala, en Ouganda, du 6 au 7 août 2012, pour mettre en place une force internationale neutre à la frontière entre la RDC et le Rwanda. Ils sont d’avis que l’impasse était prévisible.

La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a été un piège - comme Kigali et Kampala en ont pris goût - pour amener le gouvernement congolais à négocier avec le Mouvement du 23 mars (M 23).Qui, pendant les pourparlers, demeurait dans ses positions et administrerait les localités et cités conquises. La manœuvre a une fois de plus échoué. Les Etats-Unis, par le biais de sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, ont exprimé clairement leur position en demandant à leurs poulains rwandais et ougandais d’arrêter tout soutien au M23.



Les deux analystes politiques l’ont fait savoir au cours d’un entretien avec Le Potentiel.



L’échec de la rencontre de Kampala, notent-ils, montre l’incapacité de la CIRGL à résoudre les crises dans la région des Grands Lacs. Alors qu’elle a été créée principalement pour que la RDC n’implose pas. Ils font remarquer que Kigali et Kampala étant des agresseurs de la RDC, le président Museveni, qui a convoqué cette «messe noire» manquée, a été juge et partie. Il n’a aucun souci de la souveraineté de la RDC. Aussi a-t-il tout fait pour déplacer le problème de la constitution d’une force internationale neutre en le ramenant à l’humanitaire. Il s’agit d’une subversion, soutiennent les hôtes du Potentiel, pour déstabiliser la RDC. Laquelle ne doit pas dormir sur ses lauriers.



Devant l’impasse et en attendant que cette force neutre soit mise en place, le Congo, pays agressé, a le droit de se défendre que lui confère l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense. Celle-ci peut être engagée individuellement ou collectivement. L’option qu’il a prise pour attirer l’attention du Conseil de sécurité peut être saluée dans la mesure où on n’a pas la force des armes, on recourt à celle du droit. D’ailleurs, les deux analystes ont fait remarquer qu’en Droit international, une déclaration, soit-elle de Kampala, n’a pas de force juridique. La CIRGL n’a donc aucun pouvoir sinon que de s’aligner à ce que la RDC prend comme initiative.



A la question de savoir ce qui se passerait si le Rwanda refusait l’option de voir la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) faire partie de la Force neutre, les analystes ont fait savoir que le pays de Kagame s’opposerait au Conseil de sécurité qui parle au nom de tous les Etats membres. Et si cet organe des Nations unies décide de prolonger le mandat de la Monusco, Kigali s’exposerait à des sanctions.



Ils notent que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne peuvent soutenir une chose et son contraire. Car rien ne s’explique que l’Amérique, par exemple, voit la RDC balkanisée. Ils ne voient pas ce que les Etats-Unis gagneraient dans la balkanisation parce que les ressources naturelles du Congo ne leur échappent pas. Ils ont des entreprises pratiquement dans toutes les provinces minières et autres.

Tout compte fait, le président de la République, Joseph Kabila, a fait valoir dernièrement qu’il avait trois cartes : politique, diplomatique et militaire. Les professeurs Biyoya et Tshiyembe ont applaudi la victoire diplomatique de la RDC à Addis-Abeba, en Ethiopie. Ils pensent que le peuple est derrière le gouvernement. Et qu’en cas de mobilisation générale, il défendra le pays jusqu’au sacrifice suprême.

Écrit par Olivier Dioso

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