mardi 15 septembre 2015

Les stratagèmes du pouvoir Kabila actuelles sont suicidaires

 
Sept dirigeants de la majorité en République démocratique du Congo (RDC) dénoncent dans une lettre au président Joseph Kabila,
 publiée lundi la "stratégie suicidaire" suivie selon eux par le pouvoir en entretenant la "confusion" sur la "tenue des prochaines élections". 

"La stratégie actuelle nous paraît suicidaire", écrivent ces responsables de formations politiques alliées au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) de M. Kabila, qui avaient déjà interpellé le chef de l'État en février par voie épistolaire.
L'évolution politique des dernières semaines a "conduit l'écrasante majorité des Congolais à la conviction qu'il y a des intentions inavouées de ne pas respecter la Constitution", ajoutent les membres de ce groupe, surnommé G7, dans ce texte publié à la veille de la rentrée parlementaire.
"Quant à la tenue des prochaines élections tant attendues par le Peuple congolais, chaque jour qui passe apporte plus de confusion que de clarté", ajoute la lettre, transmise à l'AFP par le cabinet de l'un de ses auteurs, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, chef de l'Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec) et président sortant de l'assemblée provinciale du Katanga (sud-est) avant la scission de la province. L'agence Belga en a également obtenu une copie.

La lettre est signée par des poids lourds de la Majorité présidentielle (MP, soutenant l'action de M. Kabila), dont le vice-président du Mouvement social pour le Renouveau (MSR, le second parti de la coalition gouvernementale après le PPRD), Yves Mobando-Yogo, par Olivier Kamitatu Etsu, président de l'Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC) et ministre du Plan, et par le président du l'Union nationale de démocrates fédéralistes (UNADEF), l'ancien ministre de la Défense Charles Mwando Nsimba.
Sa publication intervient alors que le parti d'opposition historique, l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), eut annoncé dans la nuit de dimanche à lundi avoir rompu ses pourparlers avec le pouvoir destinés à préparer le "dialogue national" proposé par M. Kabila en vue de la tenue d'"élections apaisées".
Dans un communiqué daté de Bruxelles et signé de son président, Étienne Tshisekedi Wa Mulumba, rival malheureux de M. Kabila à la présidentielle de 2011, l'UDPS a appelé "toutes les forces politiques et sociales acquises au changement" à "l'organisation d'un processus électoral crédible", dans un "climat apaisé", et tenant "compte des délais constitutionnels".
Le climat politique est tendu en RDC à l'approche d'un cycle d'élections censé s'ouvrir fin octobre pour mener à la présidentielle de novembre 2016, à laquelle la Constitution interdit à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se présenter.
Depuis des mois, l'opposition accuse le chef de l'État de manoeuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin se son mandat.
Le mécontentement gronde aussi au sein de la majorité depuis le début de l'année, jusqu'au sein même du PPRD, alors que le chef de l'État entretient le doute sur ses intentions et son avenir politique.
Jusqu'à présent, rares sont ceux, au sein de son camp, qui ont osé interpeller M. Kabila aussi ouvertement que le fait le G7 en plaidant pour une "alternance politique" au sein de la majorité.
Entachées d'irrégularités massives, les élections de 2011 sont à l'origine de la crise actuelle. Depuis cette date, aucun des scrutins qui devaient avoir lieu en RDC n'a été organisé.
Pour l'opposition, l'insistance du gouvernement et de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à vouloir tenir avant la présidentielle et les législatives de novembre 2016 des élections locales jamais organisées depuis l'indépendance du pays en 1960 est le signe d'une volonté manifeste de faire "glisser" le calendrier électoral.
"Afin d'épargner" à la RDC "une crise politique inutile [...] aux conséquences imprévisibles", le G7 appelle M. Kabila et la Majorité présidentielle à prendre "des initiatives courageuses".
Pour respecter la lettre et l'esprit de la Constitution, les frondeurs estiment qu'il n'y a pas d'autre choix aujourd'hui que de reporter les élections locales à une date ultérieure à la présidentielle de novembre 2016 afin de permettre à celle-ci de se tenir dans les temps prescrits.
 

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