(L'Avenir Quotidien 29/05/2013 - 15:09)
•La ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo vient de cracher en plein visage du Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, le qualifiant de l’un des porte-paroles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
•Quand les frères tutsis se désolidarisent depuis Addis-Abeba, à l’occasion du 50è anniversaire de l’UA, avant le démarrage effectif des opérations de la Brigade onusienne, le règne des M23 dans l’Est de la Rdc tire visiblement à sa fin.
•Mme Mushikiwabo peut-elle encore crier aux oreilles du monde, invitant Kinshasa à trouver des solutions en négociant avec les génocidaires du M23 face à la situation de guerre dans la partie Est de la Rdc, alors qu’elle refuse éperdument de faire autant avec les FDLR ?
Trop parler peut tuer. La ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo vient d’en faire l’expérience, au risque d’en payer les frais, en défaveur de l’extension du tout puissant royaume tutsi tant revendiqué dans l’Est de la Rdc. Répondant à la question combien à propos lui posée par un confère de la Rfi, le numéro 1 de la diplomatie du voisin a excellé, à ses risques et périls, par une verve oratoire lui reconnu traditionnellement en mal. Yoweri Kaguta Museveni est indexé à Kigali, dans les rangs des porte-paroles de FRDL.
« Mais je voudrais signaler ici que l’on sait qu’il y a beaucoup de gens, au niveau de l’Europe, au niveau du monde occidental et bien évidemment dans notre région, comme vous le disiez, qui aimeraient bien vouloir cacher leur rôle, leurs sympathies pour le FDLR. Mais ça ne nous étonne pas qu’il y ait, même au niveau des chefs d’Etat, des gens qui se portent comme la voix des FDLR. Ça ne nous étonne pas du tout », a-t-elle dit froidement.
Dès lors, des analystes entrevoient la guerre. Une guerre longtemps tacite mais qui a pris corps plus particulièrement avec l’option de Kampala de parrainer les concertations politiques entre Kinshasa et les rebelles du M23, même si maintenant encore le facilitateur souffle le chaud et le froid quand à la signature d’un document devant consacrer la fin de ces travaux qui s’éternisent. Mushikiwabo devra aller jusqu’au bout de sa logique, elle ne sera pas la première. Il est déclaré qu’en politique, lorsque vous êtes résolument engagé sur une voie tortueuse, il est bon d’y persévérer jusque dans le mur sinon on tombe plus tôt.
Quand la vérité éclate à Addis-Abeba
Le 50ème anniversaire de l’UA a été célébré à Addis-Abeba. Le sommet terminé dimanche a été une occasion pour le Rwanda d’afficher toutes ses couleurs : Kigali ne négociera pas avec les « génocidaires » des FDLR, à en croire Louise Mushikiwabo.
Lors d’une réunion à huis clos à ce sommet d’Addis-Abeba, le président tanzanien, Jikaya Kikwete, a plaidé pour un dialogue régional global. Le secret de la paix, en vue d’une résolution durable de la crise en RDC, n’est pas seulement une affaire de Kinshasa. Le président tanzanien a notamment défendu l’idée d’une ouverture des négociations entre le Rwanda et ses ennemis des FDLR. Et c’est son intervention qui a déchaîné Mme Mushikiwabo.
Dans une interview accordée à RFI, la réponse de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, a été cinglante : « C’est aberrant ». En d’autres termes, au Sommet de l’Union africaine, une ministre qualifie les propos d’un président africain d’illogiques, faux, absurdes, qui s’écartent de la normale, etc. sur les ondes d’une radio étrangère de surcroit,… Cinquantenaire, l’UA gardera-t-elle un silence face à cette arrogance ?
Pourtant, le même dimanche 26 mai, lors d’une réunion au sommet sur la crise dans l’est du Congo, le président tanzanien, Jikaya Kikwete a dit non souhaiter la reprise du dialogue avec les rebelles congolais du M23, mais aussi l’ouverture d’un dialogue avec les FDLR.
La réaction de Louise Mushikiwabo ne s’est pas fait attendre. « Vous savez, le FDLR, c’est un groupe de génocidaires. Ce sont des hommes qui ont quitté le pays après avoir participé à l’élimination de plus d’un million de Rwandais. Mais, ça ne nous étonne pas. Parce que des porte-paroles du FDLR, il y en a beaucoup. Il y en a qui sont très alignés sur le FDLR, idéologiquement. Au Rwanda, on a arrêté le génocide, mais on n’a pas arrêté la manière de penser. Donc, il y a des sympathies, ici et là. Au niveau de notre voisinage, mais aussi loin du Rwanda ».
Elle s’en prend aussi bien au Président tanzanien qu’à l’ougandais : « que le président Jikaya Kikwete lui-même - qui pendant longtemps, en tant que ministre des Affaires étrangères de la Tanzanie, a fait partie de toutes ces discussions - tout d’un coup, aujourd’hui, pense que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations... C’est quand même aberrant ! », affirme-t-elle.
Et d’ajouter : « (…) je pense qu’il ne faut pas faire d’amalgame, non plus. Il n’a pas été clair dans la réunion d’hier dimanche 26 mai. Mais nous, on n’a jamais pensé qu’il s’agirait de demander au Rwanda de s’asseoir à la table des négociations, ce qui est choquant pour les Rwandais, aujourd’hui, qui apparemment ont écouté (…) des propos pareils. Ceux qui pensent que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations avec les FDLR, ne savent pas de quoi ils parlent ».
Museveni stigmatisé
A la question de dire ce qu’elle pense du côté ougandais, où le président Youweri Museveni ne dit pas non, lui, à un dialogue avec les rebelles de l’ADF-NALU...la ministre réplique sur un ton bourru que « l’Ouganda, c’est l’Ouganda.
L’Ouganda a ses propres manières de gérer ses problèmes. Mais je voudrais signaler ici que l’on sait qu’il y a beaucoup de gens, au niveau de l’Europe, au niveau du monde occidental et bien évidemment dans notre région, comme vous le disiez, qui aimeraient bien vouloir cacher leur rôle, leurs sympathies pour le FDLR. Mais ça ne nous étonne pas qu’il y ait, même au niveau des chefs d’Etat, des gens qui se portent comme la voix des FDLR. Ça ne nous étonne pas du tout ».
En diplomatie, ça ne se dit pas. Surtout qu’il s’agit de deux voisins traditionnellement déterminés à déstabiliser la grande Rdc. Du moins, c’est bon pour Kinshasa. Lorsqu’un royaume est divisé, il ne peut subsister. Même si Kigali continue à ne voir qu’une simple contribution de l’ONU dans la Rdc, au regard de la résolution 2098 en vue du déploiement de la Brigade.
Pour Louise Mushikiwabo, cette brigade d’intervention à caractère offensif, c’est un élément important de ce package à caractère politique. Donc, ce qui est très important aujourd’hui, à l’en croire, c’est que l’on puisse très rapidement s’attaquer à cette solution politique qui n’est qu’une solution politique interne à la RDC. « Pour nous, dit-elle encore, la brigade, il ne faut pas se tromper, ce n’est pas une solution au problème du Congo, c’est une petite contribution.
A moins que Louise Mushikiwabo ne soit dans les secrets des dieux onusiens, à moins que l’UA ne prenne d’ores et déjà à bras-le-corps ces divergences suicidaires, le continent noir est fort déchiré à la solde des mains extérieures. Mais le choix de Kigali est bien clair, même si désormais entre ces deux voisins de la Rdc la guerre est ouvertement déclarée. Et si cela vaut, lentement mais sûrement les tutsis n’érigeront point leurs ambitions en monument dans l’Est de la Rdc.
L’Avenir
•Quand les frères tutsis se désolidarisent depuis Addis-Abeba, à l’occasion du 50è anniversaire de l’UA, avant le démarrage effectif des opérations de la Brigade onusienne, le règne des M23 dans l’Est de la Rdc tire visiblement à sa fin.
•Mme Mushikiwabo peut-elle encore crier aux oreilles du monde, invitant Kinshasa à trouver des solutions en négociant avec les génocidaires du M23 face à la situation de guerre dans la partie Est de la Rdc, alors qu’elle refuse éperdument de faire autant avec les FDLR ?
Trop parler peut tuer. La ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo vient d’en faire l’expérience, au risque d’en payer les frais, en défaveur de l’extension du tout puissant royaume tutsi tant revendiqué dans l’Est de la Rdc. Répondant à la question combien à propos lui posée par un confère de la Rfi, le numéro 1 de la diplomatie du voisin a excellé, à ses risques et périls, par une verve oratoire lui reconnu traditionnellement en mal. Yoweri Kaguta Museveni est indexé à Kigali, dans les rangs des porte-paroles de FRDL.
« Mais je voudrais signaler ici que l’on sait qu’il y a beaucoup de gens, au niveau de l’Europe, au niveau du monde occidental et bien évidemment dans notre région, comme vous le disiez, qui aimeraient bien vouloir cacher leur rôle, leurs sympathies pour le FDLR. Mais ça ne nous étonne pas qu’il y ait, même au niveau des chefs d’Etat, des gens qui se portent comme la voix des FDLR. Ça ne nous étonne pas du tout », a-t-elle dit froidement.
Dès lors, des analystes entrevoient la guerre. Une guerre longtemps tacite mais qui a pris corps plus particulièrement avec l’option de Kampala de parrainer les concertations politiques entre Kinshasa et les rebelles du M23, même si maintenant encore le facilitateur souffle le chaud et le froid quand à la signature d’un document devant consacrer la fin de ces travaux qui s’éternisent. Mushikiwabo devra aller jusqu’au bout de sa logique, elle ne sera pas la première. Il est déclaré qu’en politique, lorsque vous êtes résolument engagé sur une voie tortueuse, il est bon d’y persévérer jusque dans le mur sinon on tombe plus tôt.
Quand la vérité éclate à Addis-Abeba
Le 50ème anniversaire de l’UA a été célébré à Addis-Abeba. Le sommet terminé dimanche a été une occasion pour le Rwanda d’afficher toutes ses couleurs : Kigali ne négociera pas avec les « génocidaires » des FDLR, à en croire Louise Mushikiwabo.
Lors d’une réunion à huis clos à ce sommet d’Addis-Abeba, le président tanzanien, Jikaya Kikwete, a plaidé pour un dialogue régional global. Le secret de la paix, en vue d’une résolution durable de la crise en RDC, n’est pas seulement une affaire de Kinshasa. Le président tanzanien a notamment défendu l’idée d’une ouverture des négociations entre le Rwanda et ses ennemis des FDLR. Et c’est son intervention qui a déchaîné Mme Mushikiwabo.
Dans une interview accordée à RFI, la réponse de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, a été cinglante : « C’est aberrant ». En d’autres termes, au Sommet de l’Union africaine, une ministre qualifie les propos d’un président africain d’illogiques, faux, absurdes, qui s’écartent de la normale, etc. sur les ondes d’une radio étrangère de surcroit,… Cinquantenaire, l’UA gardera-t-elle un silence face à cette arrogance ?
Pourtant, le même dimanche 26 mai, lors d’une réunion au sommet sur la crise dans l’est du Congo, le président tanzanien, Jikaya Kikwete a dit non souhaiter la reprise du dialogue avec les rebelles congolais du M23, mais aussi l’ouverture d’un dialogue avec les FDLR.
La réaction de Louise Mushikiwabo ne s’est pas fait attendre. « Vous savez, le FDLR, c’est un groupe de génocidaires. Ce sont des hommes qui ont quitté le pays après avoir participé à l’élimination de plus d’un million de Rwandais. Mais, ça ne nous étonne pas. Parce que des porte-paroles du FDLR, il y en a beaucoup. Il y en a qui sont très alignés sur le FDLR, idéologiquement. Au Rwanda, on a arrêté le génocide, mais on n’a pas arrêté la manière de penser. Donc, il y a des sympathies, ici et là. Au niveau de notre voisinage, mais aussi loin du Rwanda ».
Elle s’en prend aussi bien au Président tanzanien qu’à l’ougandais : « que le président Jikaya Kikwete lui-même - qui pendant longtemps, en tant que ministre des Affaires étrangères de la Tanzanie, a fait partie de toutes ces discussions - tout d’un coup, aujourd’hui, pense que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations... C’est quand même aberrant ! », affirme-t-elle.
Et d’ajouter : « (…) je pense qu’il ne faut pas faire d’amalgame, non plus. Il n’a pas été clair dans la réunion d’hier dimanche 26 mai. Mais nous, on n’a jamais pensé qu’il s’agirait de demander au Rwanda de s’asseoir à la table des négociations, ce qui est choquant pour les Rwandais, aujourd’hui, qui apparemment ont écouté (…) des propos pareils. Ceux qui pensent que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations avec les FDLR, ne savent pas de quoi ils parlent ».
Museveni stigmatisé
A la question de dire ce qu’elle pense du côté ougandais, où le président Youweri Museveni ne dit pas non, lui, à un dialogue avec les rebelles de l’ADF-NALU...la ministre réplique sur un ton bourru que « l’Ouganda, c’est l’Ouganda.
L’Ouganda a ses propres manières de gérer ses problèmes. Mais je voudrais signaler ici que l’on sait qu’il y a beaucoup de gens, au niveau de l’Europe, au niveau du monde occidental et bien évidemment dans notre région, comme vous le disiez, qui aimeraient bien vouloir cacher leur rôle, leurs sympathies pour le FDLR. Mais ça ne nous étonne pas qu’il y ait, même au niveau des chefs d’Etat, des gens qui se portent comme la voix des FDLR. Ça ne nous étonne pas du tout ».
En diplomatie, ça ne se dit pas. Surtout qu’il s’agit de deux voisins traditionnellement déterminés à déstabiliser la grande Rdc. Du moins, c’est bon pour Kinshasa. Lorsqu’un royaume est divisé, il ne peut subsister. Même si Kigali continue à ne voir qu’une simple contribution de l’ONU dans la Rdc, au regard de la résolution 2098 en vue du déploiement de la Brigade.
Pour Louise Mushikiwabo, cette brigade d’intervention à caractère offensif, c’est un élément important de ce package à caractère politique. Donc, ce qui est très important aujourd’hui, à l’en croire, c’est que l’on puisse très rapidement s’attaquer à cette solution politique qui n’est qu’une solution politique interne à la RDC. « Pour nous, dit-elle encore, la brigade, il ne faut pas se tromper, ce n’est pas une solution au problème du Congo, c’est une petite contribution.
A moins que Louise Mushikiwabo ne soit dans les secrets des dieux onusiens, à moins que l’UA ne prenne d’ores et déjà à bras-le-corps ces divergences suicidaires, le continent noir est fort déchiré à la solde des mains extérieures. Mais le choix de Kigali est bien clair, même si désormais entre ces deux voisins de la Rdc la guerre est ouvertement déclarée. Et si cela vaut, lentement mais sûrement les tutsis n’érigeront point leurs ambitions en monument dans l’Est de la Rdc.
L’Avenir
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