Présentation du témoin
Au moment de l’assassinat de Lumumba, était Commissaire au Travail et à la Prévoyance sociale du collège des commissaires. Semble avoir été coresponsable de l’organisation du transfert de Lumumba de Thysville vers Moanda et de là vers Élisabethville. Accompagnait Lumumba au cours de son transfert vers le Katanga. Questions : 1. Le témoin peut-il évoquer les entretiens qu’il a eus avec Lumumba dans la prison de Thysville ? 2. A-t-il eu connaissance d’un accord entre Kasa Vubu et Tshombe pour transférer Lumumba à Elisabethville ? Si oui, quand et pourquoi Elisabethville, alors que c’est Bakwanga qui avait été envisagé comme lieu d’accueil de Lumumba ? En quoi un accord entre Tshombe et Kasa Vubu a-t-il un sens si la destination finale de Lumumba sera Bakwanga ? 3. Le témoin s’est rendu à Elisabethville le 2 janvier 1961, précédant ainsi la mission de Delvaux et d’Adoula dans cette ville le 8 janvier. Quel était le but de sa mission ? Fut-il question de Lumumba ? De son transfert à Elisabethville ? Si oui, une date de transfert avait-elleété fixée (il s’agissait officiellement de négociations sur la coopération militaire entre E’ville et Léopoldville) ? 4. Le 14 janvier au matin, participe-t-il à un conseil qui se tient à la résidence de Kasa Vubu à la présidence, qui fixe le transfert à Bakwanga ou non ? Qui participe à cette réunion ? Est-ce à cette occasion que le plan de transfert est réalisé ? Le connait-il ? Qui en est l’auteur ? 5. Quel est le processus de décision qui s’est enclenché entre le 14 et le 16 janvier concernant le transfert de Lumumba ? Les Belges ont-ils joué un rôle dans ce processus de décision ? Dans le choix de Bakwanga ? celui d’Elisabethville ? A-t-il reçu de l’argent des Belges ? 6. Qui a donné l’ordre de convoyer Lumumba et ses compagnons à E’ville, quand et pourquoi Elisabethville ? 7. Le témoin peut-il décrire les mauvais traitements subis par Lumumba et ses compagnons dans l’avion de Moanda à Elisabethville ? Les prisonniers ont-ils été battu au point d’ être inconscients ? Ont-ils perdus connaissance ? Lumumba a-t-il échangé des propos avec Mukamba pendant le vol ? Est-il intervenu d’une manière ou d’une autre pour que cessent les sévices ? L’escorte était-elle composée de Balubas de l’armée du Kasaï ? Quelle fut l’attitude de l’équipage pendant le vol. Est-il vrai qu’un membre de l’équipage, Jack Dixon, a filmé des scènes de sévices ? Après l’atterrissage de l’avion, les prisonniers ont-ils été jeté à terre de cet avion, ou étaient-ils encore capables de descendre l’escalier ? Y avait-il des Belges et des Katangais présents lors de l’arrivée ? Des membres du gouvernement katangais ? Comment la délégation de Léopoldville fut-elle accueillie par les autorités katangaises ? Munongo était-il satisfait de l’arrivée ? Qu’a-t-il fait après la sortie des prisonniers de l’appareil ? 8. Après l’arrivée, Mukamba et Kasadi se rendent dans la résidence de Tshombe à la présidence. Y a-t-il eu debriefing des autorités katangaises ? A-t-il vu Tshombe ? Etait-il désemparé ? A-t-il vu des Belges ? A-t-il participé au conseil des ministres katangais qui a pris la décision ultime ? 9. Le gouvernement katangais avait-il été prévenu de l’arrivée de Mukamba avec les prisonniers le 17 janvier à Elisabethville en fin d’après-midi ? Si oui, quand et par qui le gouvernement katangais avait-il été prévenude l’arrivée de Lumumba ce jour-là ? Si non, pourquoi pas ? 10. A-t-il été question d’un transit, et d’un renvoi de ceux-ci à Léopodville ou à Bakwanga ? 11. Munongo a-t-il refusé que Lumumba soit transféré à Bakwanga le lendemain de son arrivée à Elisabethville ? Si oui, pourquoi ? 12. Mukamba a-t-il rendu visite aux prisonniers dans la maison Brouwez ? 13. Le témoin avait soupé avec le ministre katangais Cléophas Mukeba, et avait logé chez Jean-Baptiste Kibwe. Manifestement, l’accueil était plutôt chaleureux pour des hommes de gouvernement surpris par un événement inattendu et considéré comme une source de difficulté. 14. Quand Mukamba a-t-il appris la mort de Lumumba, par qui et comment ? A-t-il transmis cette information ? Selon Brassinne, Mukamba a appris la mort de Lumumba le 18 janvier au soir. 15. Qui lui a donné les premiers détails sur le déroulement de la fin de Lumumba ? Il y a deux scénarios, celui de la mort à la maison Brouwez, et celui de l’exécution en brousse, aujourd’hui admis. Pourtant, un certain nombre d’indices plaident pour une mort brutale à la maison Brouwez. 16. Il reste à Elisabethville jusqu’au 20 janvier, puis il rentre à Léo via Bakwanga. Pourquoi cet arrêt à Bakwanga ? Qui a-t-il rencontré ? Fut-il question de la mort de Lumumba ?
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VAN LIERDE JEAN
HOCKERS MARYSE DURIEUX JEAN CORDY JEAN NYNS JACQUES NDELE ALBERT NENDAKA VICTOR KALONJI ALBERT GROSJEAN RENE SMAL RENE GRANDELET CLAUDE SPANDRE MARIO VERDICKT ARMAND BARTELOUS JACQUES DAVIGNON ETIENNE BRASSINNE JACQUES VANDEN BLOOCK JAN KIBWE JEAN-BAPTISTE HARMEL PIERRE HEUREUX PAUL ONAWELHO ALBERT VERHAEGEN BENOIT VERVIER FERNAND LAHAYE ANDRE MUKAMBA JONAS WEBER GUY GILSON ARTHUR HUYGHE CHARLES (CARLO) BOMBOKO JUSTINE GERARD JO HOLLANTS VAN LOOCKE JAN VANDERSTRAETEN LOUIS FRANCOIS |
TémoignageJonas Mukamba a été entendu le 25 juin 2001, à huis clos , par la commission d’enquête. Le même jour, il a été confronté au sein de la commission, à huis clos, avec le témoin Victor Nendaka (cf. n° 7). La mise en confrontation entre les Nendaka et Mukamba est important, sur un point crucial de la phase finale : le 17 janvier au petit matin, à Moanda, les prisonniers sont remis à Mukamba et Kasadi par Nendaka. La prochaine et ultime étape sera Elisabethville. Lors de la remise des prisonniers, les versions diffèrent quant aux choix d’Elisabethville.La version de Nendaka, telle qu’elle apparaît dans le texte d’une communication de Nendaka, destinée à être présentée lors de la Conférence Nationale Souveraine Kinshasa/Lingwala, datée de Kinshasa le 11 décembre 1992 : Nendaka : « KASADI et MUKAMBA étant des ministres, il est faux de prétendre que c’est moi qui leur ai indiqué l’endroit où il fallait emmener les prisonniers. Encore une fois, je vous le répète : j’étais fonctionnaire, par conséquent, il ne faut pas inverser les rôles. En outre, ces deux ministres ne se trouvaient pas comme par hasard à l’aéroport de Moanda, ni à bord de l’avion à destination d’Elisabethville avec les prisonniers. D’ailleurs, ces deux ministres m’avaient précédé à Moanda. Ils savaient ce qu’ils devaient faire et n’avaient pas besoin de moi pour cela. » .La version de Kasadi et Mukamba, relayée par Brassinne dans sa thèse, est différente, puisque l’ordre de transférer les prisonniers à Elisabethville aurait été donné par Nendaka, au moment même de la prise de contact avec Mukamba à qui il remettait les prisonniers, ce matin du 17 janvier à Moanda, Mukamba et Kasadi ne devenant que les exécutants de l’ordre de Nendaka, ignorant jusqu’à l’arrivée de Nendaka la destination finale. La confrontation des témoins sur ce point, est intéressante à la lumière du document manuscrit, le plan de vol pour Bakwanga, qui donne lieu aux questions suivantes : quand fut il réalisé, qui est l’auteur, et pourquoi l’original se trouve-t-il dans les papiers Nendaka ? Lors de la présentation de ce document aux témoins, il serait utile de leur indiquer qu’il s’agit d’un plan de vol pour Bakwanga, ce qui est évident. On peut y lire aussi que si l’ONU pose problème, la destination finale sera Elisabethville. Donc, si l’on s’en tient à ce document, le choix d’Elisabethville comme scénario de secours était bien prévu. Dès lors, pour quelle raison Mukamba et Nendaka ne fournissent-ils pas tout simplement la même version sur ce point ? Ils se rejettent réciproquement la décision d’envoyer les prisonniers à Elisabethville, alors que cette destination est déjà présentée comme une alternative sur le « document Nendaka », présenté comme le fruit d’une décision collégiale.Données biographiquesNé à Tshikapa (Bakwanga) le 8 novembre 1929. Baluba du Kasaï. Formation : première candidature en sciences politiques et relations internationales à l’UCL (1959).A séjourné en Belgique pour ses examens de seconde candidature en relations internationales et une licence en journalisme (1961). Directeur Forminière. En Afrique : chef de cabinet du président du Sud-Kasaï en août 1960. Collaborateur d’Albert Kalonji. Commissaire général à l’Intérieur (septembre 1960-février 1961). Etait chargé, en cette qualité, du transfert de Lumumba de Thysville à Moanda et ensuite à Bakwanga. Nommé ministre de l’Intérieur au Sud-Kasaï (1er juin 1961). Divers : a participé à la cérémonie organisée à l’occasion de la signature de la Convention de Bruxelles sur la circulation et le droit réciproque des Lulua et des Baluba à s’établir à Luluabourg. |
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