GROSJEAN RENE
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Présentation du témoin
Au moment de l’assassinat de Lumumba, René Grosjean était membre du Bureau-Conseil du Katanga et enseignant à l’université de Lumumbashi. Collaborateur de René Clemens. Le témoin peut apporter des informations sur le bureau-conseil, sur le professeur Clemens et sur Tshombe. Les questions suivantes sont importantes :— Le fonctionnement du bureau-conseil. Avec quelles instances belges Grosjean était-il en communication régulière ?— Quel était le rôle et l’action du recteur de l’Université de Liège, Dubuisson, dans le cadre de la sécession katangaise ?— René Grosjean s’est rendu avec Jacques Brassinne à Bakwanga au début décembre 1960. A-t-il rencontré Kalonji ? Joseph Ngalula ? Quel était l’état d’esprit de Kalonji envers Lumumba ? A-t-il été question avec Kalonji d’un transfert de Lumumba ?— Vandewalle, lorsqu’il était à Elisabethville, participait-il aux réunions quotidiennes du bureau-conseil ? Pourquoi ?— Le 17 janvier vers 19 heures se tient une réunion d’urgence chez Clemens ? Qui participe à la réunion ? Quel était le but de cette réunion ? Quelles furent les décisions prises lors de cette réunion ? S’il n’y en pas eu, pourquoi s’être réunis ?— Lors de cette réunion, selon Jacques Brassinne, Wéber aurait dit : « on le voulait, on l’a eu…et maintenant on est bien emmerdé ! ». Que voulait-il dire par là ?— Il est clair que Clemens est au courant de la mort de Lumumba dès le 18 janvier. Que fait-il de cette information ? Et quand Grosjean apprend-t-il la mort de Lumumba ? Lors de la réunion du Bureau-Conseil de ce jour ?— Selon Grosjean, que s’est-il passé le soir du 17 janvier ? Comment s’est opéré le processus de décision qui a conduit Lumumba à la mort ? Quel fut le rôle de Tshombe ?— Aujourd’hui, la thèse d’une exécution en brousse semble s’imposer, mais un certain nombre d’indices invitent à penser qu’il pourrait peut-être s’agir d’un deuxième scénario inventé. Lumumba et ses compagnons seraient-ils alors morts dans la maison Brouwez ? Qu’en pense le témoin, et quels sont les éléments qui soustendent ses affirmations, puisqu’il n’était pas présent au moment des faits ?
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VAN LIERDE JEAN
HOCKERS MARYSE DURIEUX JEAN CORDY JEAN NYNS JACQUES NDELE ALBERT NENDAKA VICTOR KALONJI ALBERT GROSJEAN RENE SMAL RENE GRANDELET CLAUDE SPANDRE MARIO VERDICKT ARMAND BARTELOUS JACQUES DAVIGNON ETIENNE BRASSINNE JACQUES VANDEN BLOOCK JAN KIBWE JEAN-BAPTISTE HARMEL PIERRE HEUREUX PAUL ONAWELHO ALBERT VERHAEGEN BENOIT VERVIER FERNAND LAHAYE ANDRE MUKAMBA JONAS WEBER GUY GILSON ARTHUR HUYGHE CHARLES (CARLO) BOMBOKO JUSTINE GERARD JO HOLLANTS VAN LOOCKE JAN VANDERSTRAETEN LOUIS FRANCOIS |
Témoignage2.1. René Grosjean a été entendu par la commission d’enquête le 2 juillet 2001. 2.2. Le Bureau-conseil du Katanga a été créé par le gouvernement belge en juillet 1960. Il était composé de Grosjean, du professeur Clemens et de deux autres membres. Sa mission consistait à aider l’administration de l’État katangais par l’intermédiaire de techniciens belges. Le Bureau-conseil était placé sous la direction de Clemens et de Rothschild. Les instructions destinées au bureau provenaient, par le truchement de Clemens, du consul général, qui les recevait probablement lui-même de Bruxelles. La première mission du bureau a été de rédiger une constitution pour le Katanga et, ensuite, de surveiller sa politique, chaque membre du bureau étant chargé de suivre un ou plusieurs ministères du gouvernement katangais. Ces membres étaient dès lors en contact étroit avec les divers cabinets ministériels. 2.3. Selon le témoin, Dubuisson, recteur de l’Université de Liège, qui avait un important département au Katanga et était surtout actif dans le domaine de l’agriculture, a joué un certain rôle dans les événements. Grosjean n’a pas connu Dubuisson personnellement mais savait qu’il était partisan d’une politique belge favorable au Katanga. Le témoin juge qu’il est probable que Dubuisson a essayé d’influencer la politique belge en ce sens par le biais des contacts qu’il entretenait avec les milieux politiques. En décembre 1960, Grosjean, accompagné de Brassinne, a rencontré Kalonji à Bakwanga. Il était clair que Kalonji considérait Lumumba comme un ennemi (l’ANC avait tué des milliers de Baluba au Kasaï). À ce moment, il n’était pas encore question du transfert deLumumba. L’entretien n’a pas porté spécifiquement sur Lumumba. Son sort n’a été évoqué qu’incidemment. Le colonel Vandewalle ne participait pas aux réunions du Bureau-conseil. Il était cependant toujours en contact avec lui. 2.4. Interrogé sur la réunion qui a eu lieu le 17 janvier, à 19 heures, chez le professeur Clemens, Grosjean déclare que Clemens l’a informé d’un événement grave, à savoir qu’un avion, avec Lumumba à son bord, avait atterri à l’aéroport d’Élisabethville. Grosjean ne se souvenait pas qu’une décision ait été prise immédiatement au sein du bureau concernant ce fait. Les membres du bureau ont cependant été très vite au courant (des rumeurs) de l’exécution de Lumumba et en ont parlé. Le bureau n’était pas un gouvernement parallèle, mais plutôt une forme d’assistance technique destinée à soutenir et à compléter l’action politique au niveau du gouvernement belge. 2.5. Grosjean n’a rien pu dire à propos des discussions qui se sont tenues au sein du conseil des ministres katangais. Il n’a pas eu l’impression que le décès de Lumumba avait modifié les rapports de force au sein du gouvernement. Le bureau savait que Lumumba était mort, qu’il avait été assassiné au Katanga et, par conséquent, que cet assassinat serait imputé au Katanga au niveau diplomatique. Ce n’était certainement pas une bonne chose pour la position internationale du Katanga, les négociations avec Léopoldville et les efforts diplomatiques déployés dans ce cadre. 2.6. Le témoin n’a rien à dire au sujet de l’entretien entre Clemens — qui était au courant de la mort de Lumumba— et le Roi, après son retour en Belgique à la fin du mois de janvier 1961. La question est de savoir si le Roi a été mis au courant de la mort de Lumumba. Selon le témoin, Clemens n’était pas homme à déformer la vérité ou à mentir, ce qui ne signifie cependant pas que le Roi en ait été effectivement informé. Selon un membre de la commission, il semble que Clemens menait sa propre politique. Grosjean estime que Clemens mettait en oeuvre la politique belge, ni plus ni moins. Il n’a pas bien accueilli la décision du gouvernement belge de retirer son soutien au Katanga, et il l’a d’ailleurs fait savoir publiquement et déclaré à Spaak, qui l’a rappelé. Il est évident qu’il a traité un certain nombre de dossiers de son propre chef et qu’il possédait une sorte de domaine réservé.Données biographiquesNé à Petit-Rechain, le 4 mars 1932. Formation : docteur en droit de l’université de Liège (1950-1954). Licencié en sciences économiques et financières de l’université de Liège (1954-1955-1968). Divers : états de service à l’armée : Service militaire de février 1956 à juillet 1957. Capitaine-commandant de la réserve. Carrière professionnelle : Assistant à la faculté de droit de Liège (1957-1962). Avocat au barreau de Verviers (1954-1967). Ensuite, avocat honoraire. Chargé de cours suppléant à l’université d’État de Lubumbashi (1960-1962). Lecteur à l’université d’État de Lubumbashi (1964-1972). Premier assistant (1973-1974). Chef de travaux depuis 1975. Collaborateur administratif à l’université de Liège (1987-1997). Missions en qualité d’expert pour le Congo : Membre d’un groupe d’étude pour le développement de zones industrielles dans l’arrière-pays du Haut-Katanga (avril-juin 1960). Chef de la mission technique belge du Katanga (juilletoctobre 1960) (décembre 1960 – janvier 1961). Conseiller auprès du cabinet du premier ministre du Congo (août-septembre 1964) (décembre 1964) (aoûtseptembre 1965). |
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