Par Freddy Mulongo, dimanche 11 novembre 2012 à 09:34
Le PIB total de la Chine et de l'Inde dépassera celui des sept plus grandes économies mondiales (le G7) d'ici à 2025 estime l'OCDE. Qui sera le maître du monde en 2030, ou en 2060 ? Quels seront les (nouveaux) riches et les (nouveaux) pauvres ? C'est à ces questions que l'OCDE tente de répondre dans un rapport publié vendredi 9 novembre. L'exercice peut a priori sembler extravagant, et pourtant il ne manque pas d'intérêt. En tout cas, il s'agit d'un exercice inédit. Une fois liquidé l'héritage de la crise économique mondiale, le PIB global ne devrait croître qu'au rythme de 3 % par an au cours des 50 prochaines années. Comme prévu, la croissance sera plus forte dans les pays non membres de l'OCDE que dans ceux de l'OCDE, l'écart entre les uns et les autres se réduisant progressivement. De plus de 7 % par an pendant les dix dernières années, la croissance des pays hors OCDE tombera aux alentours de 5 % dans les années 2020, puis à environ 2,5 % en 2050. Dans la zone OCDE, la croissance s'établira autour de 1,75 à 2,25 %, en moyenne, par an.Le vieillissement de la population (dû à la baisse des taux de fécondité et à l'allongement général de la durée de vie) pèsera sur les taux d'activité et sur la croissance. Il sera particulièrement rapide en Asie ainsi que dans les pays d'Europe orientale et d'Europe du Sud, où le taux de dépendance des personnes âgées devrait plus que doubler, et même quadrupler dans le cas de la Chine. A l'inverse, l'Afrique du Sud et l'Inde verront augmenter la proportion de leur population en âge de travailler, selon le phénomène bien connu du "dividende démographique". Compte tenu des évolutions prévues dans tous les groupes d'âge, on estime que la population totale s'accroîtra de 0,3 % par an à l'échelle mondiale au cours des 50 prochaines années. Inégalités marquéesEn parallèle, on observera des changements majeurs dans la taille des économies. En 2016, la Chine deviendra la première puissance mondiale, devant les Etats-Unis. A l'horizon 2060, le PIB cumulé de la Chine et de l'Inde l'emportera sur la production totale des pays membres de l'OCDE.Cela dit, les inégalités resteront marquées et les habitants de ce Sud "gagnant" ne seront pas riches pour autant. Dans les pays les plus pauvres, le revenu par habitant sera multiplié par plus de quatre d'ici 2060. La Chine et l'Inde verront leur revenu par habitant multiplié par sept, mais le niveau de vie dans ces pays et d'autres émergents ne représentera encore que 25 % à 60 % de celui des pays les plus riches en 2060. A titre d'exemple : la Chine, qui représente aujourd'hui 16,6 % du PIB par habitant des Etats-Unis passera dans 50 ans à 60 %. L'Inde, qui est à 7 % du PIB américain par habitant passera à 27 %. L'Indonésie, elle, passera de 9 % à 26 %. L'Afrique du Sud passera de 22 % à 29 %. Le Brésil enfin de 23 % à 40 %. Quant à la France, elle régressera et passera de 69 % à 64 % du PIB américain. Un scénario sombre pour la dette Source majeure de préoccupation pour l'avenir : les déséquilibres globaux des comptes courants. Ils devraient s'amplifier et atteindre d'ici 2030 les sommets d'avant la crise. La dette publique de nombreux pays de l'OCDE sera telle qu'elle aura des répercussions inévitables sur la croissance et les taux d'intérêts."Ce scénario assez sombre n'est pas coulé dans le marbre mais c'est ce qui arrivera si on ne fait rien", souligne Jose Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE, pour qui ce rapport a valeur "d'avertissement". Des réformes structurelles plus radicales – concernant le marché du travail par exemple – et des politiques budgétaires plus rigoureuses pourraient modifier le cours des choses et relever le niveau de vie à long terme de 16 % par rapport au scénario de référence. Une politique incitative en termes de gains de productivité pourrait accroitre le PIB global d'environ 10 %. "Nous avons le nez dans la crise. Dans ce contexte tumultueux, il faut savoir sortir du court et du moyen terme et voir au-delà des solutions immédiates", fait valoir Jose Angel Gurria, pour qui "le vrai courage politique, ce n'est pas de surveiller la prochaine élection, mais la prochaine génération".
Une politique incitative en termes de gains de productivité pourrait accroitre le PIB global d'environ 10 %. "Nous avons le nez dans la crise. Dans ce contexte tumultueux, il faut savoir sortir du court et du moyen terme et voir au-delà des solutions immédiates", fait valoir Jose Angel Gurria, pour qui "le vrai courage politique, ce n'est pas de surveiller la prochaine élection, mais la prochaine génération".
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