(Le
Potentiel 14/11/2012)
Muyambo Kyassa Jean-Clause a refusé, hier mardi 13 novembre,
à l’aéroport international de la Luano, de se soumettre au contrôle du service
de sécurité avant embarquement. Il n’a pas voulu non plus que son garde du
corps, en civil et armé, soit débarrassé de ses deux armes, à savoir un pistolet
et une AK 47. Les témoins de l’événement se demandaient à quoi pouvait rimer
cette exhibition de biceps. Serait-ce le retour en force de la République des
intouchables qui peuvent marcher sur les lois du pays et se permettre de fouler
aux pieds les règlements internationaux en matière d’aviation civile ? Ce
scandale signé Muyambo devrait interpeller à tous les niveaux de
l’Etat.
Ce qui s’est passé hier mardi à l’aéroport international de
la Luano à Lubumbashi dans la province du Katanga est digne d’un western de
l’époque de la découverte de l’Amérique. Ce continent appelé « Nouveau monde »
et illustré par un célèbre film dans lequel l’on voit s’affronter « la brute, le
bon et le truand ».
A cette époque, très révolue, la gâchette facile
allait de paire avec les coups de poing. C’était, soutiennent tous les
historiens, la seule manière d’imposer sa loi, de se faire respecter et pourquoi
pas, de survivre.
Plus de sept siècles plus tard, ces images « de la loi du
plus fort est toujours la meilleure » débarquent comme par enchantement en RDC,
pays supposé être démocratique, républicain et respectueux des droits de l’Homme
et des normes internationales.
Quid ? Jean-Claude Muyambo Kyassa, avocat
de son état, a tenté un coup de force. Objectif ? Difficile à cerner pour
l’instant. Toutefois, l’acte qu’il a posé a causé indignation, consternation et
récriminations dans le chef des passagers et de tout le personnel qui œuvre à
l’aéroport international de la Luano, à Lubumbashi.
L’avocat, passager
enregistré sur un vol de Korongo Airlines à destination de Kinshasa, s’est
offert en spectacle en créant un scandale qui ne manquera pas de faire date dans
les annales des usagers de cet aéroport, l’un des plus importants que compte la
RDC.
Arrivé au poste de contrôle assuré par les agents commis à ce
service, rapportent des témoins, l’homme s’est déclaré « intouchable ». « Vous
ne pouvez pas me fouiller. Vous ne me connaissez pas ? », aurait-il balancé à
l’endroit des agents de sécurité. Ces derniers ont beau lui rétorquer qu’il
s’agissait des normes internationales auxquelles tous les passagers sont soumis,
l’homme s’est cabré. Rougissant de colère, il a tenté de forcer le passage.
Devant l’insistance des agents de sécurité, il s’est débarrassé de sa veste et
s’est dit prêt à en découdre avec le premier qui oserait s’approcher de sa
personne sacrée.
Après échange et altercations, l’avocat a réussi à
franchir la barrière, en vociférant de rage contre le non respect des
notabilités en vue au Katanga, nous confie une source. Voulait-il rappeler à ses
interlocuteurs qu’il est un ancien bâtonnier de la province du Katanga mais
encore, un ancien ministre des Affaires humanitaires et solidarité nationale
dans le gouvernement Gizenga I ? C’est ce que les curieux ont cru comprendre
comme message de la part du bagarreur.
Comme si cela ne suffisait, arrive
le tour de son garde du corps, auquel personne n’a fait attention. Comme son
chef, l’ange gardien refuse d’être fouillé. Pire, il insiste pour embarquer à
bord de l’avion avec sur lui ses deux armes, à savoir un pistolet et une AK 47.
Les agents ont tenté de lui rappeler que les armes ne peuvent avoir droit dans
la cabine et que leur place est plutôt dans la soute, nenni ! Garde du corps
d’un personnage très important, il pensait avoir le droit de garder sur lui ses
armes.
Pendant cette exhibition des biceps, les pauvres passagers
assistaient impuissants au spectacle digne d’un western en live. Il a fallu
l’intervention de tous les services de sécurité présents à l’aéroport de la
Luano pour convaincre ce gardien hors pair qu’il y allait de la sécurité de tous
les passagers y compris son patron et lui-même. C’est seulement sur le tard
qu’il acceptera de confier ses armes au service de sécurité de Korongo
Airlines.
Cette scène appelle commentaires et interrogations. Sommes-nous
vraiment en RDC, un pays normal et doté d’institutions républicaines ? Si cela
est vrai, comment un individu, avocat soit-il, peut se permettre d’ignorer les
lois de son pays et bien plus, de marcher sur des normes internationales en
matière d’aviation civile.
Il est temps que pareilles attitudes, d’une
autre époque, cessent, sinon disparaissent. Pour cela, tous les services
concernés devraient se mettre en branle afin de rappeler à chaque citoyen que
nul n’est au-dessus de la loi.
Par ailleurs, vu le rang auquel se place
l’homme par qui le scandale est arrivé ce mardi à l’aéroport de Lubumbashi, le
souverain primaire devrait apprendre à se faire une religion des personnes qui
viennent à des échéances données solliciter ses suffrages. Le peuple devrait
aussi savoir distinguer entre celui qui aime son pays et celui qui ne l’aime
pas.
Qu’est-ce que Jean-Claude Muyambo a laissé comme image dans la
mémoire de tous ceux qui ont assisté à cette scène et qui avaient une
considération envers lui de par ses fonctions actuelles, notamment d’avocat et
de président d’un parti politique membre de la majorité présidentielle (MP) ?
That is the question.
Mais pour ceux qui le connaissent ou ont appris à
le connaître depuis la parution des lettres ouvertes au gouverneur du Katanga,
pas de surprise du tout. Car, ils savent désormais à quoi s’en tenir. L’homme ne
cesse de dénuder et de livrer sa vraie nature.
Katumbi-Muyambo : à qui
profite le conflit ?
« Trop, c’est trop ! » Le conflit entre le
gouverneur Moïse Katumbi et le bâtonnier Jean-Claude Muyambo doit s’arrêter !
L’on ne doit pas assister distrait, face à ce conflit qui risque de porter un
coup sérieux sur les animateurs des institutions, notamment le gouverneur de
province qui est le représentant du chef de l’Etat. L’image que traduit ce
conflit dans l’opinion aurait dû interpeller tout le monde.
Plutôt que de
laisser perdurer cette bataille des gladiateurs où des coups en dessous de la
ceinture sont permis, les notables du Katanga devront désormais se lever pour
faire prévaloir la règle de la palabre africaine et aboutir à une réconciliation
entre les deux frères en conflit ouvert. Il ne sert à rien de se pourlécher des
flèches empoisonnées que décoche l’un contre l’autre. Comment comprendre le
silence des notables de cette stratégique province face à des révélations
pouvant conduire à la mise du pays au banc des nations civilisées du monde
?
Puis, il est étourdissant de constater que la famille politique du chef
de l’Etat tarde à se saisir de ce dossier où le déballage est la règle, sans
tenir compte de l’obligation de réserve, du respect dû aux institutions de la
République ainsi qu’à leurs animateurs. L’on serait en période de campagne
électorale, cette situation pourrait être tolérée voire compréhensible. Dans le
cas sous examen, le pays vit une période normale, avec comme poids, la guerre
dans sa partie orientale. Dans ces conditions, aucune distraction ne peut être
acceptée d’autant plus que la vigilance tous azimuts décrétée par le
gouvernement doit souffrir d’aucune faille. Or, ce conflit entre deux acteurs
majeurs de la province voisine à la zone opérationnelle ne favorise pas une
meilleure concentration. En fait, très vite, des infiltrations peuvent s’opérer
pendant que l’opinion est préoccupée par l’escalade verbale des parties en
conflit.
Enfin, le chef de l’Etat qui devrait s’attendre à un soutien et
un concours décisif de ses proches de la famille politique, est placé dans une
position inconfortable. Le pyromane a intérêt à y mettre un terme. Un mot
d’ordre venant de l’Autorité morale aura l’effet de calmer tout le monde. Le
Katanga est une province au cœur de grands enjeux de tous ordres. Ce conflit qui
vise son gouverneur élu, et dont la popularité dépasse les frontières du seul
Katanga, a besoin de plus de sérénité. L’implication de tous s’avère urgente
afin de ramener la paix des cœurs parmi les fils de cette province.
Les
notables du Katanga et toutes les personnalités soucieux de la stabilité et de
l’honorabilité des institutions et de leurs animateurs sont invités à mettre
toutes les batteries en marche pour que cette guerre fratricide prenne fin le
plus rapidement possible. Personne n’y gagne, pas même ceux qui croient tirer
profit de cette malheureuse situation. Tous sont perdants à commencer par le
chef de l’Etat, la famille politique de ces deux acteurs majeurs du Katanga, la
province du Katanga, …, et l’image du pays et de ses institutions qui en sort
écornée. Il ne faut plus attendre.
Publié le mercredi 14 novembre
2012 01:43
Écrit par le potentiel
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Potentiel
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