Rubrique :
Nation
35 organisations de la Société
Civile ont signé et livré hier aux médias une déclaration au vitriol fustigeant
la caporalisation de leur structure par la Composante «Confessions
religieuses». La presse présente au siège du CNONG, au quartier Mombele, dans la
commune de Limete, a noté une levée de
boucliers contre l’émergence d’une «Autorité morale» aux lendemains du
1er Forum National de la Société Civile. Redoutant des dérives dictatoriales de
nature à fragiliser cette plate-forme des forces vives de la Nation, elles en appellent aux
correctifs.
Nous, Organisations de la Société Civile de la République
Démocratique du Congo, signataires de la présente déclaration, impliquées de
très bonne foi dans le processus de la requalification de la Société Civile
afin de lui permettre d’agir comme un partenaire crédible des institutions
publiques et des partenaires au développement de la République Démocratique du
Congo, sommes à la fois satisfaites et très inquiètes par rapport au
déroulement des travaux et aux résultats du 1er Forum National de la Société
Civile tenu à Kinshasa, au Centre Catholique Theresianum du 17 au 20 Juillet
2013.
En effet, à bien des égards,
il y a de quoi dire notre satisfaction mais surtout note inquiétude et nos
insatisfactions.
1° DES MOTIFS DE SATISFACTION
:
Nous nous sommes réjouis et
nous réjouissons encore :
1. De la volonté clairement exprimée par toutes les parties
prenantes au Forum de voir émerger une forte synergie des OSC de la République
Démocratique du Congo ;
2. Du souci d’inclusivité qui a semblé animer les organisateurs
du 1er Forum National de la Société Civile ;
3. De la qualité et de la hauteur des interventions et des débats
qui ont eu lieu ;
4. De la foi de tous dans ce forum de « dernière chance » pour
notre Société Civile autant que l’est l’accord-cadre d’Addis-Abeba pour notre
cher et beau pays, la République Démocratique du Congo ;
5. Du sens de sacrifice et d’abnégation qui a caractérisé les
membres des équipes de travail et de l’endurance de tous les participants aux
travaux du forum.
2° DES MOTIFS D’INSATISFACTION
ET D’INQUIETUDE :
Nous, Organisations de la
Société Civile de la République Démocratique du Congo, qui avons cru au
processus de requalification de la Société Civile de la République Démocratique
du Congo au travers de son 1er Forum national comme déjà dit plus haut, sommes
très déçues par un certain nombre d’irrégularités observées tant dans le
déroulement des travaux que dans les résultats du 1er forum national de la
Société Civile.
En effet, nous sommes
inquiètes et insatisfaites :
1. Du fait que les
organisateurs du Forum aient invité des Organisations de Société Civile à
prendre part aux assises de celui-ci tout en leur interdisant de décider sur le
processus de requalification. Ce dernier a été laissé au vouloir des seuls «
grands électeurs », ce qui constitue ni moins, ni plus un mécanisme de
manipulation des participants ;
2. De la fameuse notion de l’ « autorité morale » qui vide de
tout pouvoir les organes du cadre de concertation mis en place au profit d’un
individu devenu « l’aigle au-dessus de la mêlée » et régentant ainsi toute la
dynamique de la Société Civile congolaise. Quelle aberration quant aux
exigences et principes de la gouvernance interne du monde associatif !;
3. De la prise en otage de tout le processus de requalification
de la société civile par la seule composante « Confessions religieuses »,
agissant par le truchement du facilitateur, devenu « autorité morale », qui régente tout. Ce qui
traduit la confiscation du processus et la gestion du soit disant « cadre de
concertation » par cette composante précitée sous le regard impuissant des uns
et complice des autres. Le présidium est piloté par un délégué des confessions
religieuses, le Prof. FUMUNZANZA pour ne
pas le citer, de l’Eglise orthodoxe, et le secrétariat technique national
subtilement récupéré par un animateur
inconnu du mouvement associatif congolais. Pareils comportements, attitudes et
pratiques ne sont nullement de nature à renforcer la Société Civile, à garantir
la transparence dans sa gestion et l’objectivité dans les actes de direction.
Bien au contraire, il s’agit là des facteurs de démantèlement et
d’affaiblissement sinon de musèlement de la Société Civile ;
4. Du choix d’un Secrétaire Technique du cadre de concertation,
pour ne pas nous répéter, sans véritable association d’appartenance. Ce dernier
se réclamant « expert », et la mise à l’écart tendancieuse et intentionnelle de
tous les grands réseaux thématiques et géographiques de la société civile. Ce
qui consacrerait la fragilisation et l’inefficacité du cadre de concertation ;
5. De la mise en avant des
individus plutôt que des organisations de la société civile, ce qui laisse
penser à un cadre taillé sur des individus que basé sur des organisations qui
sont censées l’animer car leur appartenant;
6. De la stratégie de
manipulation des délégations provinciales à peine voilée visant à imposer des
idées et une vision autres que celles décidées par la plénière. Nous pouvons
citer notamment le changement de la configuration du présidium du cadre de
concertation au mépris de l’ossature décidée par la plénière, soit un président
et un vice-président, et non un président et trois vice-présidents. Pareille attitude
préfigure un avenir ténébreux et donc périlleux pour le cadre de concertation
voulu et espéré au prix de mille sacrifices des uns et des autres ;
7. Du souci de la société
civile d’avoir une éthique qui doit la sous tendre et guider ses actions, ainsi
que celles de ses animateurs, pour rester toujours crédible et responsable aux
yeux d’autres acteurs.
3° PROPOSITIONS
D’AMELIORATIONS :
Nous, Organisations de la
Société Civile de la République Démocratique du Congo, restons engagées et
continuons à croire dans le processus de requalification, de restructuration et
de réorganisation de la société civile de la République Démocratique du Congo,
au travers d’un véritable cadre de concertation, voulu libre de toute influence
partisane et représentative des véritables dynamiques opérationnelles des
Organisations de la Société Civile, lequel reste à venir, proposons ce qui suit
comme solutions urgentes par lesquelles passe le redressement de la situation
confuse nous imposée par cette gestion chaotique du forum :
1. Un plan de contingence
s’impose pour la correction des écueils ci-haut relevés, et ce, de manière
urgente. Cette responsabilité incombe au comité qui a conduit les opérations
jusqu’à ce jour et aux Partenaires Techniques et Financiers qui ont accompagné
le processus afin que les moyens déjà investis et ceux à investir ne soient pas
un gaspillage des ressources ; ces partenaires que nous remercions d’ailleurs
avec sincérité pour le fait d’avoir consenti de gros efforts et des moyens en
vue d’aider la société civile congolaise à unifier sa voix et à être vraiment
responsable et porteuse de la voix de multitudes silencieuses ;
2. Tout faire pour se mettre à
l’abri du joug de « l’autorité morale », et rejeter une telle manipulation,
afin de garantir la liberté et la neutralité de la société civile vis-à-vis des
autres acteurs, bien qu’ayant toujours besoin de la sagesse en son sein à
travers des organes ad-hoc ;
3. Se départir de la logique
des individus en privilégiant celle des structures réellement associatives
ayant pignon sur rue afin de favoriser le professionnalisme et de créer
réellement un espace de partage et d’échanges pour les organisations de la
société civile et non d’entrevoir une superstructure qui serait concurrente des
organisations qui la composent et qui serait à la base d’autres problèmes ;
4. Intégrer dans le plan de
contingence l’exigence de l’atteinte des objectifs non réalisés par le forum
notamment la mise en place du cadre de dialogue et la restructuration et/ou la
validation des groupes de travail thématiques ;
5. Veiller aux principes et
valeurs éthiques dans cette quête afin d’offrir à la société civile de la
République Démocratique du Congo la chance de redorer son image ternie et de se
crédibiliser, autrement le 1er forum national de la société civile aura été un
des trop et donc inutile. Notre société civile ne méritait pas d’être
ridiculisée par ce forum;
6. Organiser pour ce faire, et
le plus tôt possible, une évaluation du forum afin d’apprécier le degré
d’atteinte des résultats et corriger ce qui doit l’être dans le souci de
toujours viser l’efficacité et la crédibilité ;
7. Prendre toute autre voie
qui sacrifierait la société civile et consacrerait sa fragilisation et son
musèlement serait malheureux et Les Organisations de la Société Civile
Congolaise, ne seraient nullement partie prenante.
Plusieurs tentatives de bons offices pour sauver le
processus s’étant jusqu’ici avérées vaines et improductives, nous prenons notre
responsabilité devant l’histoire et déclarons :
- ne pas reconnaître le Cadre mis en place dans sa
configuration actuelle ;
- décider de continuer à œuvrer de manière responsable pour un
cadre qui soit représentatif et respectueux des organisations de la société
civile congolaise ;
- ne reconnaître personne, qui qu’il soit, de prétendre
engager la dynamique de la société civile congolaise, laquelle reste plurielle
et diversifiée ;
- que jusqu’à preuve du contraire, les réseaux et plateformes d’appartenance
sont les seules instances de
représentation des organisations de la société civile congolaise dans n’importe
quel forum qui nécessiterait leur participation.
A bon entendeur salut !
Fait à Kinshasa, le 20 Août
2013
Les
signataires
1. Conseil National des
Organisations non Gouvernementales de Développement de la République Démocratique du Congo
(CNONGD) ;
2. Dynamique de la Société
Civile de la République Démocratique du Congo
Pour la paix, la sécurité et
le développement dans la région africaine des Grands Lacs (DYSOCIV) ;
3. Réseau National des
Organisations non Gouvernementales des Droits de l’Homme de la République
Démocratique du Congo (RENADHOC) ;
4. Réseau d’Education Civique
au Congo (RECIC National) ;
5. Le Centre National d’Appui
au Développement et à la Participation populaire (CENADEP) ;
6. Réseau pour la promotion de
la démocratie et des droits économiques et sociaux (PRODDES)
7. Comité National Femme et
Développement (CONAFED)
8. Association Africaine de
Défense des Droits de l’Homme (ASADHO) ;
9. Ligue Nationale pour les
Elections libres et transparentes (LINELIT) ;
10. Conseil National des Techniciens en Développement Rural de la
République Démocratique du Congo (CONATEDERCO) ;
11. Le Bureau de Coordination Provinciale de la Société Civile de
Kinshasa (SOCIKIN) ;
12. Réseau National de la Société Civile pour la réforme du Secteur
de la sécurité et de la Justice (RRSSJ)
;
13. Consortium des Organisations des Acteurs de la Société Civile
du Secteur de l’Education (COASCE) :
14. Conseil Régional des ONG
de développement de Kinshasa (CRONGD/KINSHASA) ;
15. Conseil Régional des ONG
de développement de Bandundu (CRONGD/BANDUNDU) ;
16. Conseil Régional des ONG
de développement du Bas-Congo (CRONGD/Bas-Congo) ;
17. Conseil Régional des ONG
de développement du Nord-Kivu (CRONGD/Nord-Kivu) ;
18. Conseil Régional des ONG
de développement du Sud-Kivu (CRONGD/Sud-Kivu) ;
19. Conseil Régional des ONG
de développement du Maniema (CRONGD/Maniema) ;
20. Conseil Régional des ONG
de développement du Katanga (CRONGD/Katanga) ;
21. Conseil Régional des ONG
de développement de la Province Orientale (CRONGD/Province Orientale) ;
22. Conseil Régional des ONG de développement du Kasaï Occidental
(CRONGD/Kasaï Occidental) ;
23. Conseil Régional des ONG
de développement du Kasaï Oriental (CRONGD/Kasaï Oriental) ;
24. Conseil Régional des ONG
de développement de l’Equateur (CRONGD/Equateur) ;
25. Réseau Provincial des ONG
des Droits de l’Homme de Kinshasa
(REPRODHOC/Kinshasa) ;
26. Réseau Provincial des ONG
des Droits de l’Homme de Bandundu (REPRODHOC/Bandundu) ;
27. Réseau Provincial des ONG
des Droits de l’Homme du Bas-Congo (REPRODHOC/Bas-Congo) ;
28. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme du Maniema (REPRODHOC/Maniema) ;
29. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme du Nord-Kivu
(REPRODHOC/Nord-Kivu) ;
30. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme du Sud-Kivu (REPRODHOC/Sud-Kivu) ;
31. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme du Katanga
(REPRODHOC/Katanga) ;
32. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme du Kasaï Occidental
(REPRODHOC/Kasaï Occidental) ;
33. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme du Kasaï
Oriental (REPRODHOC/Kasaï Oriental) ;
34. Réseau Provincial des ONG
des Droits de l’Homme de la Province
Orientale (REPRODHOC/Province Orientale) ;
35. Réseau Provincial des ONG des Droits de l’Homme de l’Equateur
(REPRODHOC/Equateur)
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