vendredi 22 mars 2013

Transfert de Ntaganda à la CPI : Kagame se rebiffe

(Le Potentiel 22/03/2013)
Contrairement à sa ministre des Affaires étrangères qui excluait toute implication de son pays dans le transfèrement de Bosco Ntaganda à la Cour pénale internationale (CPI), le président rwandais, Paul Kagame, s’est dit pourtant prêt à coopérer avec toutes les parties engagées dans cette procédure

La nationalité de Ntaganda ne faisant plus de doute, Kagame n’avait plus de choix. Il faudra s’attendre à d’autres surprises dans les tout prochains jours. Kagame en a déjà offert une. C’est le début d’une longue série qui pourrait s’allonger jusqu’à la RDC.

Les Etats-Unis espèrent cependant l’aide du Rwanda pour transférer Bosco Ntaganda devant la CPI qui le réclame. Selon le responsable Afrique du département d’Etat américain, une équipe de la CPI est partie, le mercredi 20 mars, pour le Rwanda. La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a, quant à elle, déclaré que Bosco Ntaganda pourrait être livré à La Haye « dans les deux jours ».

Mis devant un fait accompli, Paul Kagame, a affirmé le jeudi 21 mars que son pays apporterait tout le soutien nécessaire au transfert du rebelle congolais Bosco Ntaganda vers la CPI, prévu dans les prochains jours. « Nous allons travailler pour faire en sorte que tout ce dont l’ambassade américaine a besoin en lien avec l’affaire Bosco Ntaganda soit mis en œuvre aussi rapidement que possible », a déclaré le président Kagame dans un communiqué.

Bosco Ntaganda, surnommé « Terminator », est notamment accusé par la CPI de viols, meurtres, pillages et enrôlements d’enfants-soldats entre septembre 2002 et septembre 2003 en Ituri (Province Orientale).

L’arrivée à l’ambassade américaine de l’un des seigneurs de guerre les plus recherchés des Grands Lacs a surpris nombre d’experts de la région. Le Rwanda a été largement accusé d’entretenir d’étroits liens avec les rebelles congolais et de les protéger.

Bosco Ntaganda a passé la frontière entre le Rwanda et la RDC le week-end dernier, comme plusieurs centaines d’hommes de la faction du M23 qu’il contrôlait, défaite lors de combats avec l’aile rivale. La façon dont il a ensuite rejoint l’ambassade américaine à Kigali, quelque 150 km plus loin, reste inconnue.

« Il n’aurait pas pu arriver à Kigali sans que personne ne le sache, d’autant plus que le Rwanda est un petit pays très contrôlé par les autorités », commente Carina Tertsakian, de Human Rights Watch, sans toutefois en conclure que « les autorités l’ont livré à l’ambassade américaine ».

Pour Thierry Vircoulon, de l’International Crisis Group, Ntaganda a bien été pris en charge par l’armée rwandaise à son arrivée à la frontière. Après, les choses sont moins claires : l’a-t-elle escorté jusqu’à l’ambassade ou s’est-il échappé pour la rejoindre par ses propres moyens ?
« A-t-il été menacé ? Y a-t-il eu un deal ? Je ne sais pas. Mais il a été livré sous pression ou incitation du gouvernement rwandais qui l’avait récupéré après sa défaite », estime Gérard Prunier, spécialiste des Grands Lacs.


Écrit par LP


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