(Journal de Bangui
04/01/2013)
La dégradation de la situation en Centrafrique pousse les
habitants à partir, même des Congolais rentrent chez eux
Jour de marché à
Mobay-Mbongo, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo
(RD-Congo). Depuis la Centrafrique voisine, une femme traverse la frontière pour
faire quelques emplettes. Une courte escale avant de rentrer, même si les
informations circulant dans son pays l’inquiètent: elles annoncent que les
rebelles du Séléka se dirigent vers la capitale, Bangui, et plusieurs villages,
dont le sien…
Au RD-Congo, on assiste ainsi depuis plusieurs jours à un
afflux de réfugiés, surtout des femmes et des enfants. «Nous avons identifié
entre 2 000 et 2 500 Centrafricains qui ont traversé d’Ombela-Mpoko pour arriver
dans le district du Nord-Ubangi,» affirme Willy Isekusu, commissaire de ce
district qui englobe Mobay-Mbongo. Plusieurs centaines d’entre eux venaient tout
juste d’être rapatriés par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR)…» À
Zongo, plus à l’ouest,«environ 250 Congolais résidant à Bangui ont fui ici en
voyant la situation qui se dégrade», commente Richard Wande, chef de poste
principal de la Direction générale de migration (DGM) à Zongo.
«Pour
l’instant, il n’y a pas vraiment d’aide»
Une mission, essentiellement
onusienne, prévoit de se rendre «ce mois de janvier à Mobay-Mbongo pour une
évaluation de la situation», explique une source de l’ONU. «Pour l’instant, il
n’y a pas vraiment d’aide,» déplore Willy Isekusu. «Beaucoup se sont installés
sur des sites improvisés. Mais comme c’est la même population qui vit des deux
côtés de la frontière, certains ont des familles d’accueil.» Le Séléka affronte
une armée sous-équipée, démotivée et mal organisée, soutenue par une force
d’interposition tchadienne qui pour l’heure n’use pas de ses armes. La
Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) a approuvé depuis le
28 décembre l’envoi de troupes supplémentaires.
À Kinshasa, l’envoi de
nouveaux soldats ne semblait pas envisagé. «Mon pays est en guerre, je
m’intéresse surtout à la situation qui se passe dans mon pays», a par exemple
souligné le ministre congolais de la défense, Alexandre Luba Ntambo, faisant
allusion au Mouvement du 23 mars que l’armée combat depuis mai dans l’Est. Quant
à la France, elle a averti que ses militaires s’en tiendraient à la protection
des intérêts français et des Européens. Le climat délétère n’inquiète pas que
les civils. «À Mobay-Mbongo, côté centrafricain, une soixantaine de militaires
des Faca (armée centrafricaine) qui a décroché du front a rejoint un autre
groupe déjà cantonné là», affirme Willy Isekusu. «Si les rebelles arrivent, il
n’est pas exclu que ces soldats traversent chez nous.»
De nouveaux
renforts français
Face à la progression des rebelles vers Bangui, la France a
annoncé dimanche 30 décembre l’envoi de 180 hommes supplémentaires et de deux
hélicoptères Puma, ce qui porte ses effectifs à 580 soldats. Ce dispositif doit
permettre une évacuation des Français et autres Européens si besoin, selon le
ministère de la défense. À l’issue de sa rencontre avec le président de l’Union
africaine, le Béninois Thomas Boni Yayi, arrivé à Bangui, le président
centrafricain François Bozizé s’est engagé à présenter un gouvernement d’union
nationale. Mais la rébellion qui a pris le contrôle samedi de la ville de Sibut,
s’installant à 160 km de la capitale, ne semble guère disposée à négocier. Elle
exige le départ du président Bozizé.
Par Habibou Bangré, à Kinshasa
la-croix.com - 04/01/2013
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