(Le Potentiel
23/01/2013)
C’est avec un vif intérêt que j’ai lu l’article de M. Leny
Ye Nkoy Ilondo, publié dans Le Potentiel n° 5721 du 09 janvier 2013, intitulé :
«FARDC : pour la création d’une nouvelle armée».
L’analyse faite par M. ILONDO
étant pertinente, mérite un examen plus approfondi.
Je me réjouis de
constater que certains compatriotes sont préoccupés de l’absence d’un système
fiable au sein de notre Défense nationale.
Le constat amer fustigé par le
chef de l’Etat lors de son dernier discours bilan tenu devant les deux chambres
réunies en Congrès confirme cette triste réalité.
Cette adresse du
commandant suprême de nos forces armées était dominée par le climat d’insécurité
qui règne dans la partie Orientale de notre pays où l’insécurité causée par des
éléments insurrectionnels du M23.
Ces opérations militaires sèment la
désolation, et ont provoqué les déplacements massifs des populations de l’Est,
obligées de passer des fêtes de fin d’année à la belle étoile dans le dénouement
le plus total. Ce spectacle odieux et inadmissible interpelle la conscience
nationale. Malgré les multiples résolutions prises par les chefs d’Etat de la
Région des Grands Lacs (CRGL) le spectre de la guerre plane d’une façon
permanente dans cette partie du pays.
Le chef de l’Etat Joseph Kabila
n’a-t-il pas dit que, la sécurité des congolais est l’affaire de nous tous.
C’est ainsi que dans le cadre du mot d’ordre pour la cohésion nationale qu’il a
lancé, nous avons tenu à nous exprimer à ce sujet en vue d’apporter notre
modeste contribution en formulant des projets concrets en rapport avec la
réforme de l’armée.
En effet, la République démocratique du Congo doit
être dotée d’une armée digne, disciplinée, dissuasive et capable de garantir la
sécurité sur toute l’étendue de notre territoire. Une armée prête à intervenir
en Afrique et pourquoi pas dans le monde entier comme les autres armées
africaines qui combattent sous le drapeau de l’Union africaine et de
l’Organisation des Nations unies
La réforme de l’armée
nationale
Dans le contexte sécuritaire actuel de notre pays, la réforme
de l’armée est prioritaire et une nécessité absolue. Comme disait le compatriote
Ilondo, je cite « Ainsi, l’armée d’un pays ne se construit pas avec le concours
d’un autre pays, quel que soit le degré d’amitié, de coopération ou d’intérêt.
Une armée est le reflet de la vision et de la volonté des gouvernants d’un pays
».
A l’époque, nous avons eu à dénoncer la formation des forces spéciales
par l’Africom/USA à Kisangani et celle des commandos par les Belges à
Kindu/Maniema ; car la formation des recrues est l’affaire des instructeurs
congolais avec l’appui logistique des étrangers dans le cadre de la coopération
militaire.
(Par exemple la formation des pilotes de transport sur les
avions du type C130 Hercules par les instructeurs américains et des pilotes de
chasse et d’Hélicoptères par les instructeurs français). Le gouvernement de la
République doit sans délai s’atteler à la mise sur pied d’une armée moderne,
composée des troupes bien entrainées et encadrées par des officiers formés dans
les grandes académies militaires et doter l’armée d’un équipement adéquat et
moderne.
L’achat des vieux matériels militaires abandonnés par les
anciens pays de l’URSS doit être proscrit. La présence de cette nouvelle armée
au centre de l’Afrique contribue à la pacification durable et au développement
harmonieux de la République démocratique du Congo et tous ses voisins ; ce qui
favorisera l’éradication des groupuscules mafieux qui pullulent autour des sites
miniers à travers l’Afrique.
Cette réforme constitue certes un travail de
longue haleine. Il y a donc lieu d’éviter le colmatage, le mixage ou autre
brassage dont les expériences antérieures n’ont pas donné des résultats
escomptés. Pour réussir ce pari, le gouvernement de la République doit dès
maintenant organiser les états généraux des Forces armées en vue de faire l’état
des lieux de notre défense nationale. A cet effet, il est conseillé d’y associer
tous les spécialistes des questions militaires y compris les anciens officiers
d’Etat-major, sans oublier de recourir à l’expertise des anciens hauts officiers
mis en retraite.
Combien de temps pour former une nouvelle armée
?
La réponse à cette question dépendra des attentes du gouvernement. Pour
mieux faire et rattraper le temps perdu, le Premier ministre doit dès lors
organiser une cellule de défense au sein de son cabinet, en prévision de la
convocation des états généraux de la défense. Notez que la durée de création
d’une nouvelle armée est estimée à quelques cinq ans de travail assidu.
C'est-à-dire :
- Procéder au recrutement de plus ou moins 15.000 à 20.000
recrues par an et pendant cinq ans
- Planifier la formation des officiers à
l’EFO/Kananga ou à l’étranger, en fixant des promotions de 200 à 250 candidats
élèves officiers (250 x 5 = 1 250 officiers à former)
Dans cinq ans, la
République aura formée 1 250 officiers pour encadrer plus de 10 Brigades
d’Infanterie à 3.500 hommes chacune.
- Réformer le plus rapidement la
Force aérienne et la Marine nationale.
Le mode de recrutement des jeunes
au sein des Forces armées.
L’appel de service sous le drapeau lancé par
le chef de l’Etat a été salué par toute la Nation. Il est bien entendu qu’une
sélection ordonnée des recrues va déterminer l’image de la future Armée
nationale. Pour éviter l’anarchie dans cette opération, il y a lieu d’exclure
d’injecter au sein de l’armée des repris de justice et autres « Kuluna ». Les
critères de recrutement doivent être rigoureux et objectifs, c'est-à-dire exiger
aux recrues un casier judiciaire vierge et un certificat médical délivré par une
formation médicale d’Etat. Seules seront retenues, les recrues qui auront
satisfait à ces critères.
Les candidats porteurs d’un diplôme de 6 ans PP
et plus, seront admis aux Écoles de formation d’Officiers à Kananga ou à
l’étranger. Le recrutement à tendance tribale ou régionale est à bannir, car
l’armée est nationale et apolitique.
Le déploiement des troupes de la
Monusco
Nous estimons que la présence des troupes des Nations unies est
propice à côté de nos troupes, en dépit des critiques formulées de toute part
quant à sa mission sur le terrain. Notre diplomatie a sollicité auprès du
Conseil de sécurité des Nations unies le réaménagement de la mission actuelle de
la Monusco en une Force active afin de combattre et éradiquer une fois pour
toutes les désordres qui règnent à l’Est.
Nous avons en mémoire
l’intervention en 1963, au Katanga des Forces des Nations unies (Onuc) qui a mis
fin à la sécession Katangaise et permis ainsi au Congo de recouvrer son
intégrité territoriale. Nous saluons le fait que la Force internationale neutre
en gestation à Addis-Abeba ; soit placée sous les ordres de la Monusco et
souhaitons que sa mission soit clairement définie en vue de déjouer d’éventuels
agendas cachés.
En guise de conclusion, je rappelle la citation du
Martiniquais Frantz Fanon qui disait que « l’Afrique a la forme d’un revolver
dont la gâchette se trouve en RDC ".
Il est donc temps que la République
démocratique du Congo assume le rôle lui dévolu. N’oublions pas que la création
d’une armée nouvelle est une affaire de tous les congolais sans exception.
Mettons-nous au travail pour que la République se hisse dans le rang des pays
émergents et reprenne son rang de leadership en Afrique centrale.
Général
A. Malu-Malu Dianda
Ambassadeur
Écrit par Général A. Malu-Malu Dianda
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