samedi 22 décembre 2012

Evaluation de Kampala. Le M23 bloque

(L'Avenir Quotidien 21/12/2012)
*Le Mouvement rebelle M23 campe toujours sur sa position et veut obtenir avant toute poursuite des travaux un cessez-le-feu. Même si le facilitateur a échangé hier avec les deux parties séparément, le gouvernement de la République est clair là-dessus : il ne signera pas de cessez-le-feu avec les forces négatives qui doivent être éradiquées par la force internationale neutre sous l’égide la SADEC.

*En s’adressant hier aux médias, le M23 a violé l’article 18 du règlement intérieur selon lequel, face aux médias, les parties doivent s’abstenir de faire des déclarations susceptibles de compromettre le bon déroulement du dialogue. Le même article stipule que les parties ne doivent pas faire de déclarations sur des aspects sensibles en discussion dans les réunions

*Entre-temps, Paul Kagame et Yoweri Museveni se sont rencontrés hier à Kigali, en marge des festivités de l’entrée du FPR au Rwanda. Les rebelles du M23 qui font preuve d’une mauvaise foi manifeste attendraient des nouvelles instructions issues de ce tête-à-tête, d’autant que les deux pays sont cités comme fournissant armes, troupes, formation aux terroristes.

De Kampala où se déroulent les travaux d’évaluation entre la délégation de la Rd Congo et les rebelles du M23, nous apprenons que les mutins bloquent les pourparlers. Le mouvement rebelle campe sur sa position et veut obtenir avant toute poursuite des travaux un cessez-le-feu. Un peu comme pour dire, on vous donne un doigt et vous exiger tout une main. On leur a donné l’évaluation des accords du 23 mars 2009, maintenant ils veulent obtenir la signature d’un cessez-le-feu qui consacrerait la partition du pays et qui leur accorderait la gestion parallèle de l’administration du Nord-Kivu. Le M23 doit donc revenir à la table d’évaluation si et seulement si il veut que celle-ci aboutisse.

Disons que le facilitateur, en la personne du ministre ougandais de la Défense, Chrispus Kiyonga, a échangé hier mercredi avec les deux parties séparément. Mais le gouvernement de la République est demeuré ferme là-dessus. Pour lui, il ne signera pas de cessez-le-feu avec les rebelles. Cette décision est catégorique et rien ne changera, ont indiqué quelques délégués de la partie gouvernementale.

De son côté, la facilitation ne s’avoue pas vaincu et compte convoquer une nouvelle plénière ce vendredi 21 décembre, alors que celle de mercredi dernier a été reportée pour les mêmes raisons.

Dans la délégation gouvernementale, cette question de cessez-le-feu soulève la colère tant des acteurs politiques que ceux de la société civile. Pour le président de l’Adr, François Mwamba Tshishimbi qui s’exprimait sur les antennes de la Rtga depuis Kampala, le M23 n’aura pas la moindre occasion de balkaniser le Congo. Il considère utopique et chimérique la démarche des rebelles d’exiger le cessez-le-feu à tout prix.

« De notre point de vue, il ne s’agit pas d’un blocage. Nous sommes venus ici pour traiter d’un sujet bien déterminé, l’évaluation du document du 23 mars 2009 et que nous nous trouvons devant des préalables qui n’ont strictement rien à avoir avec notre présence ici », a-t-il indiqué, avant d’ajouter que pour cesser de tuer les congolais, pour cesser d’arracher les biens des personnes à Goma ou ailleurs, le M23 n’a pas intérêt à discuter avec qui que ce soit. Il leur suffit tout simplement de dire à leur niveau qu’on arrête.

Et François Muamba de continuer, qu’aller demander un cessez-le-feu, ça n’a strictement aucun sens. C’est donc une force négative, ce sont les mutins. « Si le Gouvernement a accepté d’envoyer une délégation ici, c’est simplement parce qu’au niveau des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Région, il a été demandé de vider le prétexte, soit des questions liées à l’accord et qui auraient justifié la reprise d’armes », martèle-t-il, tout en renchérissant que nous sommes sereins. La médiation cherche à rapprocher les points de vue.

En ce qui concerne la délégation gouvernementale, les choses sont claires : si le Rwanda qui nous a attaqués veut le cessez-le-feu, il n’a qu’à nous le dire. Qu’il sorte du bois. Alors, entre la Rd Congo et le Rwanda, il y aura alors des discussions de cette nature-là. Car en venant à Kampala, dit-il, on venait mettre fin à la guerre. Lorsque les mutins demandent l’administration de Goma, combien de temps vont-ils l’administrer ?

Pourquoi violer le règlement ?

Pourquoi violer le règlement des travaux librement adopté par les parties ?, C’est la question qui revient sur toutes les lèvres lorsqu’on sait que l’article 18 dispose : « le M23 a violé l’article 18 du règlement intérieur selon lequel, face aux médias, les parties doivent s’abstenir de faire des déclarations susceptibles de compromettre le bon déroulement du dialogue. Le même article stipule que les parties ne doivent pas faire de déclarations sur des aspects sensibles en discussion dans les réunions ».

En effet, le M23 ne pouvait pas s’empêcher de violer, parce que c’est sa nature. D’ailleurs, ils sont venus à Kampala faire semblant, démontrer aux yeux de la communauté internationale qu’ils sont venus trouver solution à la crise, pendant qu’ils sont là pour compliquer. Car en réalité, depuis qu’ils sont à Kampala, ils ne font que créer incident sur incident. Si hier c’était l’élargissement des doléances allant jusqu’aux questions qui n’avaient rien à avoir avec les accords du 23 mars 2009, aujourd’hui ils vont jusqu’à demander l’administration de la ville de Goma, etc.

Ils oublient que c’est sur injonction de la CIRGL qu’ils ont quitté Goma. Ils oublient aussi que la force internationale neutre qui sera déployée sous l’égide de la SADEC a reçu pour mission de protéger les frontières de la Rd Congo, du Rwanda et de l’Ouganda, mais aussi de neutraliser les forces négatives dont le M23. Dans ces circonstances, comment alors peut-on accepter que les terroristes qui sont identifiés comme tels par les Etats-Unis d’Amérique puissent administrer Goma ?

Les instructions de Kigali

Nous avons appris hier que Paul Kagame et Yoweri Museveni se sont rencontrés hier à Kigali. C’était en marge des festivités de l’anniversaire de l’entrée du FPR au Rwanda. Les rebelles du M23 qui font preuve de mauvaise foi manifeste attendraient normalement des nouvelles injonctions issues de ce tête-à-tête, d’autant que les deux pays sont cités comme pays fournisseurs d’armes, troupes et formation aux terroristes du M23.

En plus, nous apprenons toujours de Kampala que chaque fois qu’une question est posée, les rebelles du M23 sont toujours au téléphone, question pour eux d’obtenir des instructions de leurs maîtres à penser. Un peu comme pour dire que la guerre qui est imposée à la Rd Congo est une guerre par procuration, où les principaux concernés sont ailleurs et non à Kampala. Et si tel est le cas, pourquoi ne pas directement parler avec eux, plutôt que de gaspiller le précieux temps qui aurait dû être affecté à autre chose de plus important.

A l’allure où vont les choses, peut-être que le Gouvernement de la République, lors de la plénière de ce vendredi, va faire une déclaration, pour dénoncer cette façon de procéder du M23. En plus, nous attendons voir comment la médiation va réagir à cette violation du règlement intérieur. Sinon, cela va constituer un précédent qu’il aura difficile à gérer.

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