(L'Avenir Quotidien 21/12/2012)
*Le Mouvement rebelle M23 campe toujours sur sa position et
veut obtenir avant toute poursuite des travaux un cessez-le-feu. Même si le
facilitateur a échangé hier avec les deux parties séparément, le gouvernement de
la République est clair là-dessus : il ne signera pas de cessez-le-feu avec les
forces négatives qui doivent être éradiquées par la force internationale neutre
sous l’égide la SADEC.
*En s’adressant hier aux médias, le M23 a violé
l’article 18 du règlement intérieur selon lequel, face aux médias, les parties
doivent s’abstenir de faire des déclarations susceptibles de compromettre le bon
déroulement du dialogue. Le même article stipule que les parties ne doivent pas
faire de déclarations sur des aspects sensibles en discussion dans les
réunions
*Entre-temps, Paul Kagame et Yoweri Museveni se sont rencontrés
hier à Kigali, en marge des festivités de l’entrée du FPR au Rwanda. Les
rebelles du M23 qui font preuve d’une mauvaise foi manifeste attendraient des
nouvelles instructions issues de ce tête-à-tête, d’autant que les deux pays sont
cités comme fournissant armes, troupes, formation aux terroristes.
De
Kampala où se déroulent les travaux d’évaluation entre la délégation de la Rd
Congo et les rebelles du M23, nous apprenons que les mutins bloquent les
pourparlers. Le mouvement rebelle campe sur sa position et veut obtenir avant
toute poursuite des travaux un cessez-le-feu. Un peu comme pour dire, on vous
donne un doigt et vous exiger tout une main. On leur a donné l’évaluation des
accords du 23 mars 2009, maintenant ils veulent obtenir la signature d’un
cessez-le-feu qui consacrerait la partition du pays et qui leur accorderait la
gestion parallèle de l’administration du Nord-Kivu. Le M23 doit donc revenir à
la table d’évaluation si et seulement si il veut que celle-ci
aboutisse.
Disons que le facilitateur, en la personne du ministre
ougandais de la Défense, Chrispus Kiyonga, a échangé hier mercredi avec les deux
parties séparément. Mais le gouvernement de la République est demeuré ferme
là-dessus. Pour lui, il ne signera pas de cessez-le-feu avec les rebelles. Cette
décision est catégorique et rien ne changera, ont indiqué quelques délégués de
la partie gouvernementale.
De son côté, la facilitation ne s’avoue pas
vaincu et compte convoquer une nouvelle plénière ce vendredi 21 décembre, alors
que celle de mercredi dernier a été reportée pour les mêmes raisons.
Dans
la délégation gouvernementale, cette question de cessez-le-feu soulève la colère
tant des acteurs politiques que ceux de la société civile. Pour le président de
l’Adr, François Mwamba Tshishimbi qui s’exprimait sur les antennes de la Rtga
depuis Kampala, le M23 n’aura pas la moindre occasion de balkaniser le Congo. Il
considère utopique et chimérique la démarche des rebelles d’exiger le
cessez-le-feu à tout prix.
« De notre point de vue, il ne s’agit pas d’un
blocage. Nous sommes venus ici pour traiter d’un sujet bien déterminé,
l’évaluation du document du 23 mars 2009 et que nous nous trouvons devant des
préalables qui n’ont strictement rien à avoir avec notre présence ici », a-t-il
indiqué, avant d’ajouter que pour cesser de tuer les congolais, pour cesser
d’arracher les biens des personnes à Goma ou ailleurs, le M23 n’a pas intérêt à
discuter avec qui que ce soit. Il leur suffit tout simplement de dire à leur
niveau qu’on arrête.
Et François Muamba de continuer, qu’aller demander
un cessez-le-feu, ça n’a strictement aucun sens. C’est donc une force négative,
ce sont les mutins. « Si le Gouvernement a accepté d’envoyer une délégation ici,
c’est simplement parce qu’au niveau des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la
Région, il a été demandé de vider le prétexte, soit des questions liées à
l’accord et qui auraient justifié la reprise d’armes », martèle-t-il, tout en
renchérissant que nous sommes sereins. La médiation cherche à rapprocher les
points de vue.
En ce qui concerne la délégation gouvernementale, les
choses sont claires : si le Rwanda qui nous a attaqués veut le cessez-le-feu, il
n’a qu’à nous le dire. Qu’il sorte du bois. Alors, entre la Rd Congo et le
Rwanda, il y aura alors des discussions de cette nature-là. Car en venant à
Kampala, dit-il, on venait mettre fin à la guerre. Lorsque les mutins demandent
l’administration de Goma, combien de temps vont-ils l’administrer
?
Pourquoi violer le règlement ?
Pourquoi violer le règlement des
travaux librement adopté par les parties ?, C’est la question qui revient sur
toutes les lèvres lorsqu’on sait que l’article 18 dispose : « le M23 a violé
l’article 18 du règlement intérieur selon lequel, face aux médias, les parties
doivent s’abstenir de faire des déclarations susceptibles de compromettre le bon
déroulement du dialogue. Le même article stipule que les parties ne doivent pas
faire de déclarations sur des aspects sensibles en discussion dans les réunions
».
En effet, le M23 ne pouvait pas s’empêcher de violer, parce que c’est
sa nature. D’ailleurs, ils sont venus à Kampala faire semblant, démontrer aux
yeux de la communauté internationale qu’ils sont venus trouver solution à la
crise, pendant qu’ils sont là pour compliquer. Car en réalité, depuis qu’ils
sont à Kampala, ils ne font que créer incident sur incident. Si hier c’était
l’élargissement des doléances allant jusqu’aux questions qui n’avaient rien à
avoir avec les accords du 23 mars 2009, aujourd’hui ils vont jusqu’à demander
l’administration de la ville de Goma, etc.
Ils oublient que c’est sur
injonction de la CIRGL qu’ils ont quitté Goma. Ils oublient aussi que la force
internationale neutre qui sera déployée sous l’égide de la SADEC a reçu pour
mission de protéger les frontières de la Rd Congo, du Rwanda et de l’Ouganda,
mais aussi de neutraliser les forces négatives dont le M23. Dans ces
circonstances, comment alors peut-on accepter que les terroristes qui sont
identifiés comme tels par les Etats-Unis d’Amérique puissent administrer Goma
?
Les instructions de Kigali
Nous avons appris hier que Paul
Kagame et Yoweri Museveni se sont rencontrés hier à Kigali. C’était en marge des
festivités de l’anniversaire de l’entrée du FPR au Rwanda. Les rebelles du M23
qui font preuve de mauvaise foi manifeste attendraient normalement des nouvelles
injonctions issues de ce tête-à-tête, d’autant que les deux pays sont cités
comme pays fournisseurs d’armes, troupes et formation aux terroristes du
M23.
En plus, nous apprenons toujours de Kampala que chaque fois qu’une
question est posée, les rebelles du M23 sont toujours au téléphone, question
pour eux d’obtenir des instructions de leurs maîtres à penser. Un peu comme pour
dire que la guerre qui est imposée à la Rd Congo est une guerre par procuration,
où les principaux concernés sont ailleurs et non à Kampala. Et si tel est le
cas, pourquoi ne pas directement parler avec eux, plutôt que de gaspiller le
précieux temps qui aurait dû être affecté à autre chose de plus
important.
A l’allure où vont les choses, peut-être que le Gouvernement
de la République, lors de la plénière de ce vendredi, va faire une déclaration,
pour dénoncer cette façon de procéder du M23. En plus, nous attendons voir
comment la médiation va réagir à cette violation du règlement intérieur. Sinon,
cela va constituer un précédent qu’il aura difficile à
gérer.
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