(Le Monde 26/11/2012)
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC)
a affirmé dimanche que les rebelles devaient quitter la ville de Goma avant
toute négociation alors même que les mutins exigent d'entamer d'abord des
discussions directes avec le président Joseph Kabila.
Ce dernier est
rentré dimanche de Kampala où il s'est entretenu pour la première fois avec le
président du M23, Jean-Marie Runiga Lugerero, dans le cadre d'une médiation
organisée par le président ougandais. D'après le chef rebelle, les deux hommes
devaient se retrouver à nouveau le lendemain pour "parler des modalités" des
négociations et des "points" à l'ordre du jour. Mais le bras de fer a repris
dimanche entre les parties.
Dimanche, le gouvernement a précisé, par la
voix de son porte-parole, que le retrait de la ville de Goma était "un impératif
tout à fait majeur et incontournable". Campant sur ses positions, Jean-Marie
Runiga Lugerero a réaffirmé depuis Kampala que "le retrait de Goma ne doit pas
être une condition pour les négociations mais doit être le résultat des
négociations". La veille, déjà, il avait conditionné ce retrait à des
discussions "directes" avec le chef de l'Etat et réaffirmé que la rébellion se
défendrait en cas d'attaque de l'armée.
Selon un diplomate occidental
dans la région, le président ougandais aurait accepté de rencontrer directement
le chef militaire du M23 Sultani Makenga mais cette information n'a pu être
confirmée. Les rebelles étaient toujours présents dimanche à Goma et la présence
des soldats de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) –
qui appuie l'armée congolaise contre les rebelles – était plus importante dans
les rues que les jours précédents.
Le M23 est composé d'anciens
rebelles ayant intégré l'armée en 2009, avant de se mutiner en avril dernier,
arguant que Kinshasa n'a pas pleinement appliqué les accords de paix du 23 mars
2009. Ils combattent depuis l'armée régulière dans la région du Kivu, théâtre
depuis une vingtaine d'années de conflits quasiment ininterrompus avec
l'ingérence des pays voisins.
PAUL KAGAME ABSENT DU SOMMET DE
KAMPALA
A l'occasion du sommet extraordinaire de Kampala, qui a réuni
quatre chefs d'Etats de la région (ougandais, congolais, kenyan et tanzanien),
les responsables politiques ont exigé l'arrêt des hostilités, le départ des
rebelles de Goma avant mardi et leur retrait à une vingtaine de kilomètres au
nord de la ville, tout en recommandant à Joseph Kabila d'"écouter, d'évaluer et
de prendre en compte les revendications légitimes" des rebelles.
Le
président rwandais Paul Kagame était le grand absent de ce sommet régional,
alors même que son pays est accusé par Kinshasa et par des experts de l'ONU de
soutenir – et diriger – le M23 qui compte principalement dans ses rangs des
Congolais d'ethnie tutsi.
Durant le week-end, le président du
Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, a fait spécialement le déplacement à
Kigali pour s'entretenir avec son homologue rwandais. Les deux hommes ont
"invité" Kinshasa et les rebelles du M23 "à mettre en œuvre les conclusions de
Kampala qui représentent une bonne base pour le règlement de ce conflit", selon
les termes d'un communiqué publié par le gouvernement rwandais.
De leur
côté, des ONG dans l'est de la RDC ont accusé dimanche le gouvernement congolais
de s'être "courbé" au sommet de Kampala face aux "Etats agresseurs", sans citer
le Rwanda et l'Ouganda voisins. La fédération d'ONG Société civile du Nord-Kivu
s'est dit "complètement déçue des résolutions adoptées" qui n'ont fait que
"légitimer le M23", selon elle, "en humiliant la nation congolaise et en bradant
sa souveraineté".
L'Union africaine (UA) a, à son tour, appelé dimanche
le M23 à se conformer aux décisions prises à Kampala mais a également salué
"l'engagement du gouvernement de la RDC (...) à prendre en compte toute
revendication légitime" du mouvement. "Le sommet (...) a dressé un plan en dix
points qui prévoit le retrait immédiat des éléments du M23 de tous les endroits
qu'ils ont récemment occupés ainsi que l'établissement d'arrangements de
sécurité pour suivre la situation sur le terrain", a déclaré dans un communiqué
la présidente de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini Zuma.
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