(Le Pays
12/10/2012)
Très délicat est l’exercice auquel se livrera le président
français, François Hollande, en RDC (République démocratique du Congo). En
effet, après avoir décidé, contre vents et marées, de se rendre à Kinshasa, le
locataire de l’Elysée a eu au moins la sage idée de prévoir une rencontre avec
l’opposition politique congolaise, histoire de montrer qu’il ne vient pas au
sommet de la Francophonie pour apporter son onction à un président élu
calamiteusement.
Mais en même temps, Hollande doit répondre à la
question de savoir comment rencontrer, sans tambour ni trompette, cette
opposition congolaise qui tient pourtant à saisir cette occasion comme une
aubaine pour manifester son ras-le-bol vis-à-vis du pouvoir de Joseph Kabila.
L’attitude de Hollande qui consiste à s’opposer à une quelconque
manifestation de l’opposition est d’autant plus compréhensible qu’il ne voudrait
pas endosser la responsabilité d’éventuels troubles lors ce sommet de la
Francophonie auquel il tient tant.
Mais pour n’avoir pas pu empêcher le
président français de fouler le sol du Congo, Etienne Tshisekédi et compagnie
veulent au moins battre le macadam pour faire voir de plus près à quoi ressemble
ce pouvoir de Kabila. Car cette menace de manifester est un piège que
l’opposition tend au pouvoir congolais, mordu par le virus de la répression de
manifestants. En tout cas, Kabila aurait fait feu de tout bois pour empêcher
cette marche même si Hollande n’y trouvait pas d’inconvénient. En effet, pour
rien au monde, les dirigeants des républiques bananières sous nos tropiques
accepteraient des protestations au cours des sommets et autres manifestations
qu’ils organisent pour soigner leur image ternie par leur mal- gouvernance. Quoi
qu’il en soit, la décision de Hollande de rencontrer cette opposition est
productive. A la vérité, Kabila ne devrait pas s’enorgueillir entièrement de la
venue de Hollande à ce sommet. La poignée de main qu’il recevra de ce dernier ne
sera pas aussi chaleureuse que celle reçue par son homologue sénégalais, Macky
Sall. Mais Kabila aura-t-il cette vision comparative ? On ose l’espérer. Il faut
souhaiter qu’il tire toutes les leçons qui s’imposent afin de libérer, enfin,
tous les espaces de libertés démocratiques dans son pays. Il faut souhaiter
surtout que Hollande, qui va rencontrer l’opposition politique de ce pays, le
samedi 13 octobre, puisse interpeller ce réfractaire aux principes élémentaires
de la démocratie, afin que les prochaines échéances électorales soient des
meilleures. C’est tout le mal qu’on souhaite à ce pays qui a tant souffert des
turpitudes de sa classe politique.
Boulkindi COULDIATI
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