(L'Avenir
Quotidien 15/06/2012)
Le Secrétaire général des Nations unies vient de recommander
la prorogation du mandat de la Monusco pour 12 mois supplémentaires ainsi que le
maintien des effectifs militaires et de police à leurs niveaux actuellement
autorisés * Cependant, étant taxée de vouloir s’éterniser en Rdc, la Mission
onusienne ne pourra, pour être disculpée, qu’appliquer à la lettre le chapitre 7
de la Résolution l’instituant. * Le Conseil de sécurité des Nations unies devra
donc veiller à réajuster ce nouveau mandat qui démarre le 1er juillet 2012,
passant de la simple mission d’observation, de stabilisation, pour en faire une
véritable force aux côtés des Fardc.
Devant le Conseil de sécurité des
Nations unies, le Représentant spécial de Ban-Ki-moon et chef de la Monusco,
Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo, Roger Meece a exprimé
son inquiétude au regard des effets d’une mutinerie ayant troublé la sécurité
dans le grand Kivu. « Il faut rapidement mettre un terme à une mutinerie lancée,
en avril, contre l’armée par quelques individus et qui détériore gravement la
sécurité en République démocratique du Congo, en particulier dans le Nord et le
Sud-Kivu », a-t-il expliqué hier, aux membres du Conseil de
sécurité.
Cependant, M. Meece a noté « des progrès considérables »
réalisés depuis le précédent rapport, publié en début d’année, en ce qui
concerne la situation sécuritaire dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ces
progrès sont toutefois interrompus depuis avril par les événements récents
relatifs à la mutinerie contre les Fardc, lancée par Bosco Ntaganda et Sultani
Makenga, a – t- il déclaré. L’onusien a en outre reconnu que la mutinerie a
provoqué d’importants déplacements de populations et entraîné « une grave
détérioration de la sécurité », ainsi qu’une « atténuation de la pression sur
les autres groupes armés opérant dans la région ».
Crisis Group accuse
Monusco
« La Monusco a perdu sa crédibilité » selon Louise Arbour
présidente d’International Crisis Group (ICG). Dans une lettre ouverte au
Conseil de sécurité, la présidente d’International Crisis Group (ICG), Louise
Arbour, dénonce les échecs de la mission des casques bleus en RDC et demande de
« réorienter les efforts de la Monusco » sur le terrain. Alors que l’Est de la
République démocratique du Congo (RDC) est toujours en proie à de violents
combats entre rebelles et forces gouvernementales, le mandat de la Monusco
arrive à son terme le 30 juin 2012( et sera prorogé pour une année
encore).
Selon Louise Arbour, l’histoire à tendance « à se répéter » dans
cette zone. En 2008, déjà, un autre général rebelle, Laurent Nkunda (dont
Ntaganda était l’adjoint) défiait par les armes Kinshasa, au Nord-Kivu. En 2012,
les combats entre les mutins de Ntaganda et du M23, un mouvement rebelle
associé, ont provoqué la fuite de plus de 200.00 Congolais au cours des deux
derniers mois. Le plus étonnant, c’est que ce drame se déroule devant la plus
importante mission de casques bleus dans le monde, la Monusco, qui semble
assister impuissante à la lente descente aux enfers des populations civiles.
C’est ainsi que Louise Arbour tire la sonnette d’alarme : « la Monusco a perdu
sa crédibilité et a un besoin urgent de réorienter ses efforts ». « Sans
approche nouvelle, la Monuco risque de devenir une coquille vide… à 1,5 milliard
de dollars » explique la présidente d’ICG. Si Louise Arbour reconnait des
progrès comme les uns et les autres, notamment, dans la lutte contre la milice
d’origine rwandaise des FDLR, la stratégie de la Monusco n’est pas la bonne.
Selon elle, la Monusco a surestimé « le rapprochement entre la RDC et le Rwanda
de 2009 pour contenir le conflit dans les Kivus ». La mutinerie en cours est la
preuve pour Louise Arbour, que « peu de progrès ont été accomplis dans la
stabilisation » de la région.
La présidente d’International Crisis Group
(ICG) dénonce également « le soutien technique et logistique » de la Monusco
dans l’organisation des « élections truquées en 2011 et l’incapacité à
promouvoir avec succès le dialogue entre les parties ». ICG demande des
améliorations importante à la Commission électorale congolaise (CENI) et
notamment la transparence dans la logistique du processus électoral. Côté
sécuritaire, Louise Arbour pointe « le manque de clarté quant à la stratégie
militaire globale » de la mission de la Monusco. La réforme du secteur de la
sécurité (RSS) est « vitale pour la stabilité de la RDC » et « sans engagement
clair du président Kabila et de son gouvernement », cette réforme continuera à
rester au point mort, estime Louise Arbour. Afin, la présidente d’ICG, demande «
l’arrestation de Bosco Ntaganda et son transfert à la Cour pénale internationale
(CPI) » et souhaite que le gouvernement remette en chantier « la
décentralisation et la lutte contre la corruption ».
Pour terminer,
Louise Arbour compte donc sur le prochain renouvellement du mandat de la mission
des Nations unies, pour forcer le Conseil de sécurité à repenser complètement sa
stratégie en RDC. « (…) la Monusco n’a jamais été en mesure de peser sur le
cours des événements au Congo, simplement cantonnée à un simple rôle
d’observateur », avec que 20.000 casques bleus stationnés en Rdc, nulle part
ailleurs.
Et si l’on appliquait le chapitre 7
Visiblement soucieux
de la situation sécuritaire qui prévaut en Rdc, le chef de la Monusco a estimé
que toutes les mesures nécessaires devaient être prises pour mettre un terme à «
tout appui que les mutins pourraient recevoir depuis l’extérieur ». À cet égard,
il a appelé tous les États Membres de la région à enquêter sur de telles
informations. Un appel qui tombe à pic car la CIRGL s’y attèle depuis
hier.
Il a précisé, en outre, que de nombreux groupes avaient tenté de
tirer partie de l’intensification globale de l’instabilité dans la zone, et que
des meurtres à grande échelle et d’autres crimes graves avaient été commis
contre des femmes et des enfants, exacerbant davantage le problème persistant
des viols et des violences sexuelles. C’est là que bien d’observateurs se disent
indignés de l’attitude jugée passive de la Monusco qui s’affiche encore en
observatrice (comme au temps de la Monuc) alors que sa mission repose sur la
stabilisation. Or qui dit stabilisation dit paix. Et qui dit paix, dit
développement. La Monusco devrait, depuis son dernier mandat, s’investir dans
l’observance et l’application stricte du chapitre 7 de la Résolution du Conseil
des Nations unies l’instituant. S’attaquer aux fauteurs de troubles et militer
en faveur du développement de la Rdc, c’est tout au moins ce que les Congolais
attendent de la présence de l’ONU en Rdc, depuis une dizaine d’années
déjà.
Alors, en ce qui concerne les activités visant à faire face aux
problèmes immédiats en matière de sécurité et de protection dans l’est de la
Rdc, le Secrétaire général estime que la Monusco devrait, en coordination avec
l’équipe de pays des Nations Unies, appuyer davantage les efforts des autorités
congolaises pour appliquer intégralement le plan de stabilisation et de
reconstruction de l’est de la RDC, notamment dans les zones où il n’y a plus de
groupes armés.
Du gouvernement Matataet des élections
Dans le même
rapport, soumis en application de la résolution 1991 (2011) du Conseil de
sécurité, le Secrétaire général a pris note, sur le plan politique, de la
nomination, par le Président Kabila, d’Augustin Matata Ponyo Mapon en tant que
Premier Ministre de la RDC. Il en de même avec la formation d’un gouvernement,
ainsi que de la volonté du Président d’améliorer la gouvernance économique et de
consolider les avancées réalisées en matière de démocratie au cours de son
second mandat. M. Ban Ki-moon estime toutefois que le fait que la plupart des
observateurs des missions nationales et internationales d’observation des
élections aient fait état de graves irrégularités et d’allégations de fraude
lors des élections du 28 novembre 2011 reste préoccupant. Il considère qu’il
faudra que les autorités congolaises concernées veillent à ce que les élections
provinciales et locales se déroulent de manière crédible et transparente,
notamment en assurant une participation accrue de la société
civile.
S’agissant de la situation en matière de sécurité, le Secrétaire
général souligne que si une grande partie de la République démocratique du Congo
reste relativement stable, la situation demeure très préoccupante dans l’est du
pays. Il exprime aussi ses préoccupations quant à l’état de la situation
humanitaire et des droits de l’homme en RDC. Il souligne que la détérioration
récente de la situation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu témoigne,
à nouveau, de la nécessité de réformer de façon tangible et durable le secteur
de la sécurité et de faire en sorte que l’armée, la police et les autres
institutions du secteur disposent des moyens pour établir et maintenir
l’autorité de l’État et lutter contre la présence de groupes armés et contre les
activités de grand banditisme.
Ainsi, compte tenu des différents éléments
qu’il évoque, le Secrétaire général recommande-t-il de proroger le mandat de la
Monusco pour 12 mois et de maintenir les effectifs militaires et de police à
leurs niveaux actuellement autorisés. Quel en sera le bilan au 30 juin de
l’année prochaine ?
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