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(La Prospérité 18/06/2012) Le jeu est fait. Le Caucus de l’Udps en a décidé ainsi. Les derniers réglages ont été opérés ce dimanche, à la hauteur de Binza Pigeon. C’est, finalement, Samy Badibanga qui se pourvoira au vide, longtemps observé, au poste de Porte-parole de l’Opposition. Les parlementaires du premier parti de cette famille politique ont fait chorus derrière un des leurs, le Député Samy Badibanga. Désormais, l’opinion a les yeux rivés sur les autres groupes politiques de la chambre basse avec l’espoir qu’ils vont instaurer, sur cette terre du Congo, une nouvelle tradition à la fois républicaine et démocratique visant à respecter la volonté populaire qui confère à chaque parti son poids et, par conséquent, son rôle. Désormais aussi, Samy Badibanga doit devoir jouer serrer pour battre campagne et convaincre. C’est à ce prix d’ailleurs, qu’il pourrait transformer cette volonté du groupe parlementaire de l’Udps, en la victoire décisive de la démocratie. Ainsi, s’il l’emportait, haut la main, il deviendra le tout premier Porte-parole de l’Opposition en RD-Congo, tout au long de cette deuxième législature de la troisième République. Ce dimanche 17 juin 2012, le Caucus UDPS à l’Assemblée Nationale, qui réunit tous les élus du parti tshisekediste à la chambre base, s’était donné rendez-vous en la résidence de leur Président, l’Honorable Samy Badibanga, à Binza Pigeon. Un air de famille planait sur les lieux dans la mesure où les élus UDPS ont développé une relation fraternelle. L’ambiance était donc détendue. Au menu : la candidature du groupe au poste de Porte-parole de l’Opposition. Comme un seul homme, le groupe a accepté de soutenir et de présenter la candidature de l’un des leurs, à savoir Samy Badibanga. A l’unanimité, ils ont carrément investi leur champion. Ce choix part du principe que l’UDPS étant le groupe parlementaire le plus important numériquement de l’Assemblée, ce poste devrait lui revenir de droit, ainsi que l’ont soutenu plusieurs alliés des Forces acquises au changement, tels que le Député et Président du MPCR Jean-Claude Vuemba ou le Président de la CCD, Jean-Pierre Lisanga Bonganga. A la fin de la réunion, ce sont des sentiments de sérénité et de confiance qui dominaient. «Nous sommes confiants dans la mesure où des signaux positifs nous viennent des autres groupes parlementaires qui, au fond, partagent le fait selon lequel nous devons tous nous mettre d’accord, pour confier le poste de Porte-parole au premier parti de l’Opposition à l’Assemblée Nationale. Le plus important, ce sont les enjeux à venir, à savoir, comment permettre aux forces de l’opposition de remporter les élections provinciales et gagner effectivement le gouvernorat des provinces afin d’entreprendre, à la base, déjà le changement dont le peuple a grandement besoin. Pour cela, l’opposition doit demeurer unie, nous n’avons nul besoin de nous diviser», nous a confié un Député UDPS à l’issue de la rencontre. Opérateur politique et économique d’importance L’homme qui a fait l’unanimité des siens ce dimanche est un vieux routier de la politique malgré qu’il est jeune. Proche collaborateur du président national Etienne Tshisekedi, il est apparu au grand public lorsque ce dernier l’a nommé conseiller spécial et donc, son principal collaborateur ; un poste qu’il n’aurait été créé, apparemment, que pour lui. A ce poste, il a donné un nouveau tonus à la diplomatie de l’UDPS en organisant avec succès la tournée internationale d’Etienne Tshisekedi, comprenant notamment, les visites au Palais de l’Elysée (la présidence française), le département d’Etat américain ainsi que chez le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki-Moon. Au pays, il a été consacré aux élections législatives de 2006 à l’issue desquelles, il a été élu Député National de Kinshasa/Mont-Amba : sa force tranquille et son assurance somme toute mitterrandienne ont séduit de larges couches des Kinois qui l’ont placé largement en première position dans cette circonscription. En outre, il est de toutes les rencontres avec les autres leaders de l’opposition, dont Léon Kengo, Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba etc. C’est une entrée en politique active réussie pour cet homme d’affaires self-made-man, spécialiste en diamant et expert international des questions minières. Diplômé des Hautes études en diamant d’Anvers et de l’Institut international de gemmologie de la capitale de la Flandre, il a d’abord travaillé dans une grosse entreprise anversoise spécialisée dans le diamant. Avant d’être sélectionné par des chasseurs des têtes, ces recruteurs des compétences éprouvées pour compte des grandes entreprises, pour compte de BHP Billiton. Cette dernière, issue de la fusion en 2001 entre l’australienne Broken Hill Proprietary Company(BHP) et la britannique Billiton, est le plus grand producteur minier au monde, avec des installations minières dans 25 pays employant plus de 100.000 personnes, cotée dans les grandes bourses du monde, dont le New York Stock Exchange (NYSE) et la London Stock Exchange (LSE). L’entreprise est un producteur de fer, de diamants, de charbon, de pétrole et de bauxite.Au 30 juin 2005, elle affichait des ventes de 29,587 milliards USD, pour des profits nets de 6,398 milliards USD. Autant dire que n’est pas recruté par une telle entreprise qui veut. Samy Badibanga est consultant de BHP Billiton, mais aussi associé avec la même société sur ses propres permis miniers et Directeur général d’une joint-venture entre BHP Billiton et la MIBA, la société LUMI (Lubi Mining).C’est donc un expert international reconnu des questions minières, habitué des grandes conférences minières internationales comme celles d’Indaba en Afrique du Sud, où ses interventions sont particulièrement appréciées. Porte-parole de l’opposition : respecter la démocratie L’Afrique est-elle mûre pour la démocratie ? L’homme politique français Jacques René Chirac, avait soutenu le contraire au début de la décennie 90, alors que son rival François Mitterrand conditionnait désormais l’aide économique française aux progrès en matière de démocratie et de respect des droits de l’Homme – et que nombreux pays du continent étaient engagés dans le processus des conférences nationales pro-démocratie. Les propos du leader conservateur français suscitèrent des vives réactions dans l’élite africaine où nombreux crièrent haro sur le baudet. Plus de deux décennies plus tard, la question, pourtant, se pose avec acuité : sommes-nous, peuple et élite politique de RD-Congo, capables d’intégrer les principes qui régissent une vraie démocratie et de nous y soumettre, en mettant de côté, non seulement nos égos, mais aussi et, surtout, notre soif des avantages financiers ? L’élection prochaine du porte-parole de l’Opposition va donner une ultime occasion au peuple congolais d’apprécier la capacité démocratique de ses leaders estampillés «opposition». Nul doute, à moins d’un miracle, l’on a toutes les chances d’assister à une scène digne de ce conte africain qui vit le léopard jeter aux orties la solennité de sa royale fonction pour se ruer sur un vil morceau de viande, roulant copieusement dans la poussière devant toute l’assistance éberluée. Les passes d’armes entre les différents protagonistes auxquelles nous assistons nous laissent pantois. L’on évoque même un candidat qui procède à la corruption des députés d’autres groupes parlementaires pour se constituer une majorité le moment venu. Comment, dès lors, cette opposition-là peut-elle se présenter comme une alternative au pouvoir actuel si elle use des mêmes procédés peu recommandables qu’elle dénonce ? Au demeurant, est-il, en effet, impossible d’appliquer – et de s’appliquer – ce qui, ailleurs, fonde un régime de justice : la loi, l’esprit de loi, ainsi que les principes élémentaires qui régissent une démocratie moderne où la fin ne doit jamais justifier les moyens ? Les principes d’une vraie démocratie Depuis les «Maha Janapandas», ces Républiques indiennes et, d\'entre toutes, Vaishali (l\'actuel État du Bihar) qui est la première démocratie de l\'Histoire, ainsi qu’Athènes et les cités grecques de l’antiquité, la démocratie est régie par la loi mais aussi des règles non écrites, ainsi que des pratiques de bon sens qui animent les acteurs en présence, et qui finissent par constituer la jurisprudence pour les générations à venir. Un exemple : à l’issue des élections législatives françaises de 1986, la majorité avait basculé : avec seulement deux sièges (Raymond Barre avait alors parlé de «majorité bikini»), la Droite avait battu les socialistes au pouvoir depuis 1981 avec le président François Mitterrand. Mais cette Droite était constituée de deux partis : le Rassemblement pour la République (RPR), de Jacques Chirac, avec 155 élus, et l’Union pour la démocratie française (UDF) de Valéry Giscard d’Estaing, qui avait recueilli 136 députés. A qui reviendrait le poste de Premier ministre ? Il appartenait à Mitterrand de choisir, et aux deux partis de la majorité de respecter la conséquence logique du rapport des forces entre eux. Logiquement, Jacques Chirac fut nommé Premier ministre. La démocratie a été respectée. Prenons à présent un exemple africain : en 1993, à l’issue des premières élections multipartites au Togo, pour la seule fois dans l’histoire, l’opposition togolaise remporte la majorité des sièges, avec 43 élus sur les 81 que compte l’Assemblée nationale. Ici aussi, cette majorité était constituée de deux partis, à la représentativité très différente : le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Yao Agboyibo, avec 36 députés, et l’Union togolaise pour la démocratie (UTD) d’Edem Kodjo, avec seulement 7 élus. A qui devrait revenir le poste de Premier ministre ? Là où le respect des normes démocratiques, l’esprit de la loi, et le bon sens qui anime toute personne qui prétend à la qualité d’Homo sapiens sapiens auraient dû plaider en faveur du chef du CAR, l’on a vu Edem Kodjo sortir du bois, enclencher une virulente campagne de presse aussi insensée que surréaliste, se battre comme un bon petit Diable dans un bénitier pour obtenir le poste, jusqu’à s’allier, finalement, au parti du dictateur Gnassimbgé Eyadema, qu’il a, ainsi, permis de reprendre les rênes du pouvoir ! Pourtant Edem Kodjo était un politicien chevronné : ancien ministre des Affaires étrangères de son pays, mais aussi ancien Secrétaire Général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). La question revient : Chirac avait-il tort ? Poser la question c’est déjà y répondre. C’est, malheureusement, la conséquence de la médiocrité d’une certaine classe politique africaine, composée de véritables Homos animalus, toujours mus par la quête du gain. Le principe du chef de l’opposition officielle Ne cherchons pas, en permanence, à réinventer la roue. Le premier pays au monde à avoir institué le poste de chef de l’opposition officielle est le Royaume uni en 1807. Dans ce pays il est appelé «chef de l’opposition loyale de Sa Majesté». Lors des questions au gouvernement, ce chef de l’opposition s’assoit en face du Premier ministre dont il est le pendant côté opposition. Le Royaume uni a été suivi par de nombreux autres pays tels que le Canada (qui applique la même règle au sein de ses parlements provinciaux) où le chef de l’opposition jouit même d’une résidence officielle, l’Inde, la Nouvelle-Zélande.Sur le continent africain, le pionnier en ce domaine reste l’Afrique du Sud depuis 1909. Dans tous ces pays, ce poste n’entraîne pas une ridicule bataille épique entre les différents leaders de l’opposition, mais revient de droit au premier d’entre eux, celui qui a recueilli le plus grand nombre des députés à la chambre basse, même si la loi ne le dit pas expressément. C’est le cas actuellement au Royaume uni où ce poste est occupé par Ed Milliband, le chef du Parti travailliste. C’est le cas aussi au Canada avec Thomas Mulcair du Nouveau parti démocratique (NPD). Mais qu’arrive-t-il lorsque, comme c’est le cas en RDC, le chef national du plus grand parti d’opposition en nombre d’élus n’est pas député à l’Assemblée nationale ? La réponse nous est donnée par l’Afrique du Sud où l\'actuel chef de l\'opposition officielle est Mlle Lindiwe Mazibuko (président du groupe parlementaire de la Democratic Alliance à l’Assemblée nationale). Le chef national de ce parti est Mme Helen Zille qui n\'est pas membre de l\'Assemblée nationale mais le Premier ministre (l’équivalent de nos gouverneurs de provinces) du Cap-Occidental. Pourtant, à l’Assemblée nationale sud-africaine siègent des personnalités politiques autrement plus connues et plus expérimentées que la jeune Lindiwe Mazibuko qui n’a que 32 ans d’âge (née le 29 avril 1980) et qui n’en est qu’à son premier mandat : le chef Zoulou Gatcha Mangosuthu Buthelezi (83 ans), ancien ministre des Affaires intérieures ; et Mossiuoa Lekota, alias «Terror» (64 ans), ancien gouverneur de la province du Free State et ancien ministre de la Défense. Ce n’est que justice : le parti de Buthelezi, l’Inkhata Freedom Party (IFP) avec ses18 élus, et celui de Lekota, le Congess of the People (COPE) avec ses 30 députés, se classent loin derrière la Democratic Alliance (D.A.) qui totalise 60 sièges. Il n’est donc pas question d’évoquer un quelconque profil, ni de parler d’un soit disant programme, mais simplement de respecter l’ordre d’arrivée qui a été décidé par le peuple lui-même lors des élections. Aujourd’hui, la première force de l’opposition est sans conteste l’UDPS qui, avec ses 42 députés et nonobstant ses problèmes intérieurs, fait le double du MLC (21 élus) et presque le triple de l’UNC (seulement 15 députés) : c’est donc le groupe parlementaire de l’UDPS/FAC qui doit désigner le porte-parole de l’opposition. Car, chercher à obtenir coûte que coûte un poste que vous ne méritez pas au regard de votre représentativité parlementaire, vous couvrira certainement de ridicule devant les partenaires occidentaux du pays, inventeurs attitrés de ce concept, et qui savent comment ils l’attribuent dans leurs pays. C’est le respect de ce principe que le MLC a évoqué, à raison, tout au long de la législature, lorsqu’il était le premier parti de l’opposition à l’Assemblée nationale. Le MLC se revendique parti républicain, et défenseur des principes démocratiques. La Pros. © Copyright La Prospérité |
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