(Le Potentiel 18/06/2012) Après avoir clairement épinglé le Rwanda comme principal tireur des ficelles de la situation de guerre créée dans le Nord-Kivu, la RDC vient de se lancer sur le front diplomatique, avec l’objectif de faire adhérer ses voisins à sa cause. Aux commandes des opérations, le ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie, Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo. La RDC a lancé une offensive diplomatique auprès des pays voisins pour dénoncer à mots couverts le soutien rwandais aux rebelles du M23 dans les événements de l'Est, rapporte Reuters. Le chef de la diplomatie congolaise, Raymond Tshibanda, a multiplié les escales en Tanzanie, au Burundi, en Ouganda et en Angola. La semaine dernière, le gouvernement de la RDC avait pointé le Rwanda, l'accusant de passivité. En cause la présence d'éléments recrutés et entraînés au Rwanda dans les rangs de la rébellion du M23 qui sévit dans le Nord-Kivu. Le communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères ne cite pas explicitement le Rwanda. Il parle plutôt d’un «pays voisin, un pays dont l’implication est avérée dans la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC». Aux présidents tanzanien, burundais, ougandais et angolais, le chef de la diplomatie congolaise Raymond Tshibanda a dénoncé le soutien de ce pays voisin au M23, cette rébellion déclenchée début avril par les anciens miliciens de l’ex-CNDP, mouvement issu lui-même de l’ex-rébellion pro-rwandaise de RCD. Les forces régulières ont fait des prisonniers de guerre d’origine rwandaise, recrutés et entraînés dans leur pays. La Monusco (Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RD Congo) en a accueilli d’autres qui avaient fui les combats. Selon Raymond Tshibanda, le président angolais José Dos Santos, également président de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), a proposé ses bons offices pour le retour au bon voisinage et à la stabilité dans la sous-région. LE CONSEIL DE SECURITE DEMANDE UNE ENQUETE Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé une enquête sur les soutiens extérieurs dont bénéficient les groupes armés dans l’Est de la RDC. Un message à peine voilé à l’attention du Rwanda. Kigali nie toujours tout lien avec le mouvement rebelle M23 actif au Nord-Kivu. Le texte adopté par le Conseil de sécurité de l’ONU est un message envoyé au Rwanda. Ce pays n’est pas mentionné nommément, mais les membres du Conseil jugent «crédibles» les informations sur l’implication des pays extérieurs dans le soutien aux groupes armés dans la région du Kivu. Le défenseur des droits de l’Homme congolais, Dimas Kitenge, estime que le Conseil de sécurité doit clairement condamner le Rwanda : «A partir du moment où nous avons de plus en plus de preuves que les soldats rwandais sont là, il est très important que la communauté internationale puisse avoir un langage clair et ferme vis-à-vis de tous ces pays, y compris le Rwanda qui veut encore troubler la paix». Cette enquête sur les soutiens aux groupes armés doit être menée par les services de l’ONU en RDC. Quelques dizaines de soldats se sont rendus à la Monusco à Goma. Mais Roger Meece, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, se refuse pour l’instant à dire s’ils sont ou non Rwandais : «Ce n’est pas à moi à le confirmer. Nous attendons toujours les résultats de ces vérifications. Mais je peux vous dire qu’effectivement, il y a certains qui disent qu’ils sont Rwandais, qu’ils se présentaient à nos bases, les autres qui étaient pris apparemment par les Forces armées de la République démocratique du Congo». De leur côté, les rebelles du M23 ont écrit à l’Onu pour demander l’arrêt du soutien de la Monusco aux forces armées congolaises qu’ils accusent de massacres. T/Nouvelle stratégie d’Obama pour l'Afrique : les Africains sceptiques Le président américain Barack Obama a dévoilé, le jeudi 14 juin, sa stratégie en faveur du développement de l'Afrique, avec l'objectif de renforcer la sécurité et la démocratie dans un continent qui fait face à la menace d'Al-Qaïda et à une offensive économique chinoise, renseigne l’AFP. Selon un responsable américain, cité par l’AFP, qui a requis l’anonymat, ce plan vise à «encourager le potentiel économique "sensationnel" du continent en matière de croissance, afin de tirer des millions d'Africains de la pauvreté, dans un continent associé à la misère et aux conflits». Cette nouvelle stratégie énonce quatre objectifs stratégiques, décrits ci-après, et engage les États-Unis à redoubler d’efforts en ce qui concerne les deux premiers de ces quatre piliers, à savoir renforcer les institutions démocratiques et stimuler la croissance économique, le commerce et les investissements. Pour ce qui est du premier pilier, la nouvelle stratégie engage les États-Unis à œuvrer pour faire avancer la démocratie en renforçant les institutions à tous les niveaux, en soutenant et en consolidant les aspirations à une gouvernance plus ouverte et responsable sur tout le continent, en encourageant les droits de l’Homme et l’État de droit et en confrontant les dirigeants dont les actions menacent la crédibilité du processus démocratique. Comme le président l’a déclaré au Ghana : «L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions», rapporte le Bureau des programmes d'information internationale du Département d'Etat américain. «Au moment où nous regardons vers l'avenir, il apparaît clairement que l'Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale et pour les Etats-Unis en particulier», a déclaré le président américain. Alors qu'Al-Qaïda cherche à s'implanter du Mali à la Somalie, le Washington Post a rapporté jeudi que l'armée américaine avait mis en place depuis 2007 un réseau de bases aériennes en Afrique pour surveiller secrètement les mouvements islamistes ou rebelles à l'aide de petits avions. La nouvelle stratégie de la Maison Blanche est énoncée près de trois ans après que Barack Obama, dont le père était Kenyan, eut arrêté ses priorités pour l'Afrique au cours d'un voyage au Ghana, le seul de son mandat au Sud du Sahara. L'administration souligne les progrès qui ont été enregistrés en Afrique sous le mandat de M. Obama. C’est le cas, à titre illustratif, de l’envoi des forces spéciales pour aider les troupes africaines à mettre la main sur le rebelle ougandais de la LRA, Joseph Kony, rapporte la source. Avant de noter que Barack Obama a aussi répondu aux crises humanitaires qui ont secoué la Corne de l'Afrique et le Sahel et le président a invité les dirigeants du Bénin, d'Ethiopie, du Ghana et de la Tanzanie au sommet du G8 à Camp David. PRENDRE PIED FACE A LA CHINE Curieusement, ce regain d'intérêt se concrétise à un moment où la Chine augmente ses investissements en direction du continent et cherche à fortifier ses liens diplomatiques, notamment pour s'assurer des sources d'approvisionnement en énergie pour son économie en pleine croissance, constate-t-on. La Chine apporte un capital dont l'économie africaine a un "besoin vital" et pourrait jouer un rôle pour assurer une paix durable au Soudan, a dit le responsable de l'administration américaine. Le commerce entre la Chine et l'Afrique a atteint 120 milliards de dollars en 2011, un bond de 100 milliards en dix ans. Contrairement aux Etats-Unis qui posent beaucoup de conditions aux Africains pour être éligibles aux avantages qu’accorde la loi américaine du commerce pour la croissance et les opportunités avec l’Afrique (Agoa), la Chine vient, pour sa part, avec une coopération pragmatique basée sur un partenariat gagnant–gagnant respectant la politique intérieure des Etats africains. Une façon d’insinuer que la nouvelle stratégie de Barack Obama fait planer un doute au moment où la coopération sino-africaine est en train de marquer un tournant décisif dans les Relations économiques internationales. L’On se souviendra que dans son discours devant le Parlement du Ghana en juillet 2009, Barack Obama avait proclamé que si le continent a besoin de dons et d'un soutien international, «l'avenir de l'Afrique appartient aux Africains». Le responsable américain interrogé par l'AFP note à l'appui de cette déclaration que six des dix économies à la croissance la plus forte dans le monde au cours de la première décennie du XXIème siècle sont en Afrique. Stimuler la croissance économique, le commerce et les investissements : par le biais d’une focalisation et d’un engagement plus profonds et de l’affectation de ressources supplémentaires, la nouvelle stratégie engage les États-Unis à œuvrer pour promouvoir la croissance économique, notamment grâce à des échanges commerciaux et des investissements accrus en Afrique subsaharienne. Les États-Unis s’emploieront à promouvoir un climat propice au commerce et aux investissements ; à améliorer la gouvernance économique ; à encourager l’intégration régionale ; à rehausser la capacité du continent africain d’accéder au marché international et d’en retirer des avantages ; et à encourager les entreprises américaines à commercer avec l’Afrique et à investir dans le continent. Faire avancer la paix et la sécurité : La nouvelle stratégie appelle les États-Unis à approfondir leur partenariat en matière de sécurité avec les pays africains et avec les organisations régionales afin de répondre aux besoins sécuritaires de base des populations du continent. Seuls les gouvernements et les peuples de l’Afrique eux-mêmes peuvent trouver les solutions aux problèmes de sécurité et aux divisions internes qui sévissent sur le continent, mais les États-Unis peuvent avoir un impact positif. Bon nombre d’analystes se posent la question de savoir, pourquoi la nouvelle stratégie du président américain pour l’Afrique intervient au moment où ce dernier est arrivé fin mandat. D’où leur scepticisme. LP Par Faustin Kuediasala © Copyright Le Potentiel |
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