Kabila doit partir, il a détruit notre nation et l'a mis à la merci des envahisseurs étrangers et des multinationales
RFI : Dans votre déclaration politique du 29 septembre, vous dites que tout est mis en œuvre depuis un an pour ne pas respecter la Constitution et retarder les élections. Est-ce qu’il y a une stratégie qui est pensée de longue date au sein du parti au pouvoir le PPRD ?
C'est l'un des poids lourds de la classe politique congolaise. Moïse Katumbi, le riche gouverneur de la riche province du Katanga, quitte le parti PPRD au pouvoir et démissionne de son poste. Si pour l'entourage du président Kabila, c'est un «non-évènement»,
pour d'autres, c'est un séisme politique. Katumbi sera-t-il candidat à la présidentielle de l'an prochain ? En ligne de son fief de Lubumbashi, le leader katangais répond aux questions de RFI.
Moïse Katumbi : Oui, il y a vraiment un flou au sein de notre parti. C’est pourquoi j’ai décidé de partir. Parce que ça fait longtemps, ça fait plus ou moins deux ans que j’essaie de partager avec mes frères du PPRD le risque de tuer vraiment notre jeune démocratie.
Avez-vous assisté à des réunions où cette stratégie du glissement a été pensée et mise en œuvre ?
Pas du tout, parce que j’avais ma position et je n’étais pas d’accord avec la majorité, parce que nous allons vers le glissement. Et un jour, on va nous dire que le glissement est vraiment constitutionnel et je crois que si nous allons comme ça, nous n’allons pas aller aux élections en 2016. C’est pourquoi moi-même, j’ai décidé de me ranger à côté de tous les démocrates pour dire non à cette manœuvre.
Donc pour vous les sept élections locales qui sont prévues avant les élections nationales de novembre 2016, c’est une stratégie pour surcharger le calendrier électoral ?
C’est une stratégie, c’est une machine qui est en marche. C’est à nous avec la société civile, avec toutes les forces vives, d’essayer que cette machine soit vraiment cassée.
Est-ce que vous-même, depuis votre lettre de démission du 29 septembre, vous avez reçu des menaces ?
Vous savez, les menaces c’est chaque jour, surtout après ma démission. Et je voudrais dire quelque chose : quand j’ai démissionné, c’est le ministre Lambert Mende qui a parlé de ma richesse, il a parlé de la province que j’ai gérée. J’ai géré la province du Katanga qui est devenue une province pilote. Quand je suis arrivé à la tête de la province du Katanga – je vais donner un exemple – les recettes de la douane c’était 18 millions de dollars l’an. Et aujourd’hui, la douane du Katanga, c’est plus ou moins un milliard de dollars l’an. Et je voudrais aussi souligner qu’entre 2009 et 2010, j’étais traduit en justice en Belgique et en Angleterre et j’ai gagné le procès. Je suis prêt à faire une table ronde parce que je vais crever l’abcès.
Vous parlez du porte-parole du gouvernement. Dans sa réponse à votre lettre, justement, Lambert Mende dit que vous n’avez pas de leçon de gouvernance à donner, vous qui avez chassé du Katanga des magistrats qui voulaient enquêter sur votre gestion de gouverneur.
Je n’ai jamais chassé de magistrats au Katanga. C’est pourquoi je voudrais qu’on puisse avoir une table ronde et que chacun s’explique sur la source de sa richesse, où est-ce qu’il a eu de l’argent. Je suis né au Katanga, j’ai grandi au Katanga, je connais toutes les familles.
Mais c’est vrai que vous êtes quand même l’un des hommes les plus riches du Congo et que certains s’interrogent sur l’origine de votre fortune ?
Ça dérange parce que j’ai travaillé pour mon argent. Nous sommes une grande famille d’hommes d’affaires. Tous les Congolais connaissent très bien notre famille, en commençant par mon père, mon grand frère Raphaël Katebe Katoto. Dans le temps, il y avait deux grands opérateurs économiques en République démocratique du Congo : il y avait mon grand frère, Katebe Katoto, il y avait le père de Jean-Pierre Bemba. Il y avait aussi la famille Moleka. Je peux expliquer l’historique. C’est pourquoi je demande cette table ronde avec monsieur Mende et tous les autres politiciens et nous serons prêts à témoigner devant le peuple congolais.
Votre démission du PPRD tombe quelques jours après celle des sept frondeurs du G7. Est-ce que leur initiative vous a encouragé dans votre démarche ?
Pas du tout, pas du tout. Je suis une grande personne. J’ai pris ma décision, j’étais libre. Les autres ont pris leur décision, ils ont formé leur groupe. Jusque-là, je n’ai pas de groupe. Je me suis dit que j’allais prendre un petit repos.
Mais parmi ces sept frondeurs, il y a trois personnalités du Katanga, comme vous : le doyen Mwando Nsimba, ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Gabriel Kyungu, ancien président de l’Assemblée provinciale et puis Dany Banza de l’Avenir pour le Congo. Est-ce qu’il n’y a pas de fait un rassemblement politique qui est en train de se former au Katanga ?
Non, pas du tout. Vous savez, le président Mwando Nsimba a commencé la politique avant même ma naissance. Donc je crois qu’il a vu comme moi qu’il y avait un problème. Même le président Kyungu, même les autres. Ce n’est pas seulement les ressortissants du Katanga.
Mais vous quittez un parti. Est-ce pour en créer un nouveau ou est-ce pour rester tout seul dans votre coin ?
Moïse Katumbi ne va pas créer de parti politique. Moïse Katumbi va réfléchir sur son avenir.
Mais pouvez-vous continuer en politique sans être dans un parti ?
Non. Je fais un appel à toutes les forces vives pour que nous puissions lutter pour sauvegarder et renforcer notre jeune démocratie. Et je serai avec tout le monde, que ce soit la majorité présidentielle, l’opposition, le G7 et la société civile. Je serai à leur côté pour que nous puissions reprendre la liberté d’expression, les droits de l’homme, et renforcer cette jeune démocratie. Je fais un appel à toutes les forces vives.
Est-ce que vous pensez comme certains de vos compatriotes, notamment dans l’opposition et dans le G7, à un front républicain ?
Un front républicain oui, parce que si je fais un appel, c’est pour que nous puissions nous tous lutter pour sauvegarder notre jeune démocratie.
Et dans cette hypothèse est-ce que vous pourriez être candidat à la présidentielle de l’année prochaine ?
Vous savez, nous ne sommes pas encore en 2016. Je suis en train de voir comment nous pouvons sauver d’abord la démocratie dans notre pays. C’est le plus important.
Certains disent que vous êtes d’abord un homme d’affaires et que finalement vous n’irez pas au bout d’un projet politique comme celui d’être candidat l’année prochaine.
J’étais homme d’affaires dans le temps, je suis né dans une famille d’hommes d’affaires. Je me suis lancé en politique pour aider la population. Et je vais le rester. Je serai à l’écoute de la population pour aider cette population.
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