Le 17 mai 1997, l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila prenait le pouvoir à Kinshasa
L’entrée de l’AFDL à Kinshasa mettait fin à 32 ans d’un régime dictatorial. Les soldats de l’Alliance sont entrés à Kinshasa à pied dans sa partie Est. L’affrontement tant redouté dans la capitale entre les rebelles et les forces loyales à l’ancien régime n’eut pas lieu. Samedi 17 mai 1997 au matin, les habitants des communes de Masina et Kimbanseke s’étaient massés le long du Boulevard pour voir de plus près ces petits soldats chaussés des bottes en caoutchouc qui avaient réussi à chasser du pouvoir le président Mobutu.
A l’époque, on se demandait comment on pouvait se débarrasser de Mobutu et son système dictatorial, qui nous a dirigés pendant 32 ans», se rappelle-t-il.
Dix-neuf ans après la chute du Maréchal Mobutu, Raphaël Ghenda, ancien porte-parole du comité exécutif de l’AFDL, ministre de l’information, presse, culture et art et secrétaire général du comité de pouvoir populaire, structures de gestion de la communauté à la base, se souvient des idéaux de ce mouvement révolutionnaire.
«L’objectif de ce mouvement révolutionnaire était de retrouver l’indépendance politique, économique, retrouver le nom original du pays, son drapeau, son hymne. Nous voulions aussi installer un programme de démocratisation et de développement qui devrait impliquer des populations, instaurer l’auto prise en charge, bâtir un état du peuple, organiser des entités administratives de base et parvenir à une autosuffisance alimentaire et occuper la jeunesse à travers des programmes comme le service national.
Nous avions aussi voulu mener une campagne d’éveil patriotique, éveiller au Congolais son sens de responsabilité sociale», révèle Raphaël Ghenda.
D’après lui, cette vision a été perturbée par la guerre d’agression et l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila.
«Après la révolution, il y a eu une guerre d’agression concoctée par les étrangers. On était obligé d’aller à Sun City. En sortant de Sun City, il y a eu une nouvelle donne, une nouvelle dynamique qui est née de là. Notre vision politique ne pouvait plus être appliquée comme nous l’avons voulu ; il fallait faire des concessions énormes.
Et cela a donné un coup à la vision politique que nous avons voulu installer, c’est-à-dire la philosophie politique d’auto prise en charge. Nous n’avons pas pu encadrer et occuper notre jeunesse, changer la mentalité des Congolais parce que les antivaleurs que nous avons combattues quand nous sommes arrivés, sont revenues de la plus belle manière », observe-t-il.
Le goût d’inachevé
Augustin Kikukama, membre du parti politique Mouvement du 17 mai ( M17), et l’un des «compagnons de la révolution» déplorait récemment le retour des dévoiements décriés sous la présidence de Mobutu.
«La RDC a de nouveau sombré dans les antivaleurs. J’invite les Congolais à se réorganiser pour sauvegarder les acquis de la démocratie obtenus lors de cette journée du 17 mai. Après la mort de M’zee (LD Kabila), il y a eu ce retour des antivaleurs que nous avons combattues sous Mobutu notamment la corruption, les détournements des deniers publics, la misère de la population… L’espoir que suscitait la révolution du 17 mai s’est éteint», regrette-t-il.
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Modérateur de la plateforme Dynamique de l’opposition, Fabrice Puela, estime également que les valeurs défendues par Laurent Désiré Kabila ont disparu. Il dénonce notamment la corruption devenue « un sport national ».
« Avec Mzee, il y avait la fin de l’impunité, la fin de la recréation. On a vu Mzee sanctionner l’un de ses ministres. Mais aujourd’hui, la corruption est devenue un sort national. Toutes les valeurs que Mzee a défendues ont disparu », déplore l’opposant.
Fabrice Puela s’interroge également sur ce qui a été fait des projets lancés par l’ancien président.
« Mzee est venu révolutionner le travail avec le service national. Mais qu’est-ce qu’on en a fait ? », se demande-t-il.
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