RDC -
Article publié le : mardi 05 novembre 2013 à 10:00 -
Dernière modification le : mardi 05 novembre 2013 à 13:43
Un soldat des FARDC, le 1er novembre sur la ligne de front, face aux rebelles du M23, près de Bunagana.
REUTERS/Kenny Katombe
Le porte-parole du gouvernement congolais a déclaré, ce mardi matin 5 novembre, que les FARDC ont obtenu « une victoire totale » sur le M23, avec la prise des collines de Chanzu et Runyonyi. Dans la foulée, le mouvement rebelle a annoncé qu'il mettait « un terme à sa rébellion ».
Les deux parties étaient pourtant tombées d'accord pour arrêter les
combats, il y a moins de 48 heures. La cessation des hostilités n'a en
fait jamais été d'actualité.
Avec notre envoyée spéciale en l'est de la RDC,
La confirmation est venue de trois sources militaires, entre autres un général sur le terrain, et le porte-parole de l’armée congolaise. Les deux collines verdoyantes, Chanzu et Runyonyi, dernières places fortes du M23, ont été reprises par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ce mardi 5 novembre, un peu avant l’aube, vers 3 h (TU). D’après le porte-parole de l’armée, Olivier Hamouli, qui s'est confié à RFI, un commando spécial serait parvenu à brûler un dépôt de munitions à Chanzu, cette nuit.
Les derniers rebelles - une centaine d’éléments - auraient alors choisi de prendre la fuite, « faute de munitions », nous dit le porte-parole de l’armée. Les uns ont fui vers le Rwanda, les autres vers l’Ouganda.
Mais une autre source militaire bien informée affirme que le M23 aurait, en fait, choisi de prendre la fuite avant l’assaut final de l’armée congolaise et de tout brûler avant de partir, dont le dépôt de munitions et une quarantaine de voitures.
Le M23 reconnaît sa défaite
Seule certitude, ce mardi matin, tout est calme. Vers 5 h 30, six tirs à l’arme lourde ont résonné dans les collines. Depuis, plus rien. Le général de l’armée congolaise serait à l’heure actuelle sur place, pour constater la victoire des FARDC. Une victoire obtenue de haute lutte, après 12 jours d’une offensive marquée par des combats intenses.
Quelques heures après l'annonce du porte-parole du gouvernement congolais, le M23 a annoncé qu'il mettait un terme à sa rébellion. La direction du M23 « annonce qu'elle a décidé à dater de ce jour de mettre un terme à sa rébellion et de poursuivre, par des moyens purement politiques, la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création », indique le communiqué des rebelles.
→ A (RE)LIRE : L’armée congolaise poursuit son offensive contre les derniers bastions du M23
Plus de 3000 soldats étaient engagés dans la bataille face à quelques centaines de rebelles. Attendue depuis des semaines, cette victoire sonne en tout cas pour l’armée congolaise, et tout le pays, comme la revanche tant attendue sur une rébellion qui était parvenue à prendre Goma il y a un an.
Les combats ont duré toute la journée de lundi
« C'est impossible d'arrêter de tirer », expliquait, lundi, un rebelle du M23. « L'armée nous tire constamment dessus et c'est comme ça depuis dimanche. » Même son de cloche du côté des FARDC, qui accusaient le M23 d'avoir volontairement bombardé le centre-ville de Bunagana, tuant des civils. Bombardement qui aurait incité l'armée à répliquer. « Ils ont violé le cessez-le-feu », s'accuse-t-on de part et d'autre, à Kampala, où se déroulaient des pourparlers.
→ A (RE)LIRE : Jour de la libération de Bunagana, ex-capitale et poumon économique du M23
Pourtant, selon l'envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands lacs, l'annonce d'un cessez-le-feu par le M23 n'était pas suffisante pour le gouvernement congolais. Kinshasa estimait, selon lui, qu'il faullait que le mouvement rebelle annonce qu'il renonce à la lutte armée. Ce qui, de sources concordantes, figure déjà dans le texte sur lequel les deux parties se sont mises d'accord.
Alors, comment expliquer ce quiproquo ? « Pourquoi signer un accord, quand on est si près d'obtenir la victoire totale ? », répond un spécialiste de la région. « Jamais Kinshasa n'a été aussi près d'aboutir et, surtout, avec un tel soutien de la Monusco », ajoute-t-il. Si les hélicoptères et les chars de la mission onusienne sont intervenus, c'est officiellement pour protéger les civils. « Ils nous soutiennent, c'est tout ce qui compte », commente simplement une source militaire congolaise.
Rencontre diplomatique au sommet à Pretoria
Sur le plan
diplomatique, les dirigeants d'une quinzaine d'Etats de la région se
sont retrouvés, lundi 4 novembre à Pretoria, en Afrique du Sud, pour un
sommet conjoint de la Conférence internationale sur la région des Grands
lacs (CIRGL), et de la Communauté de développement de l’Afrique
australe (SADC), sur la crise congolaise. Le président congolais, Joseph
Kabila, était présent. Le Rwanda était en revanche représenté par sa
ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Au cœur des
débats : la question du renoncement du M23 à la lutte armée.
La rencontre - trois heures de discussions à huis clos - devait permettre de faire un point sur la situation dans l’est de la RDC. Un point sur la situation militaire, alors que des combats avaient repris il y a une semaine entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Mais un point, également, sur les discussions en cours entre les deux parties dans la capitale ougandaise. D’après le communiqué de fin de sommet, le gouvernement congolais et les rebelles du M23 étaient tombés d’accord sur les onze points qui étaient en discussion à Kampala, sans préciser lesquels.
Le communiqué ajoutait qu’un accord pouvait désormais être signé, à condition cependant que le M23 annonce publiquement qu’il renonce à la rébellion. Après quoi, le gouvernement congolais accepterait publiquement et, cinq jours plus tard, une signature officielle de cessez-le-feu pourrait avoir lieu. Voilà ce qui a été accepté par les deux parties à Kampala. C'était avant l'annonce de la victoire totale des FARDC.
■ REPORTAGE: A Chengero, l'un des derniers villages meurtris par les combats
Avec notre envoyée spéciale dans le Nord-Kivu,
Ils sont une cinquantaine. Un petit nombre de personnes, qui pressent le pas sur la route. Femmes et enfants, un matelas, une valise ou un grand baluchon sur la tête. Tous fuient les obus qui se sont écrasés sur leurs villages, un peu plus tôt.
« La bombe est tombée au niveau de l'école vétérinaire et ça a fait beaucoup de morts là-bas. Je ne sais pas combien. Tout le monde a couru dans toutes les directions. J'ai perdu de vue deux de mes enfants, je ne sais pas où ils sont », raconte Meriem, qui tient un enfant par la main.
Cédric a, lui aussi, fui au plus vite. « Moi, j’ai pris mes habits, et puis j’ai couru. J’ai laissé mes parents. Je ne sais pas où sont mes parents. Nous, nous ne voulons pas la guerre. Nous voulons la paix. »
Villages bombardés
Un peu plus haut, le village de Chengerero a été déserté. Ici et là, un impact d’obus de mortier. Sur la route, un homme recroquevillé sur lui-même est mort sur le coup. Un cortège porte une victime, dans une natte en pagne.
Tout à coup, des coups de feu retentissent. Une nouvelle attaque. Les tirs viennent des collines où se sont retranchés des éléments du M23. Toute la journée de lundi, une douzaine d’obus de mortier se sont écrasés sur des villages près de la frontière ougandaise.
Postée le long de la route qui mène à ces localités, l’armée congolaise a répliqué, tout comme la brigade d'intervention de l’ONU, et ses chars, postés plus haut dans les collines.
La confirmation est venue de trois sources militaires, entre autres un général sur le terrain, et le porte-parole de l’armée congolaise. Les deux collines verdoyantes, Chanzu et Runyonyi, dernières places fortes du M23, ont été reprises par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ce mardi 5 novembre, un peu avant l’aube, vers 3 h (TU). D’après le porte-parole de l’armée, Olivier Hamouli, qui s'est confié à RFI, un commando spécial serait parvenu à brûler un dépôt de munitions à Chanzu, cette nuit.
Les derniers rebelles - une centaine d’éléments - auraient alors choisi de prendre la fuite, « faute de munitions », nous dit le porte-parole de l’armée. Les uns ont fui vers le Rwanda, les autres vers l’Ouganda.
Mais une autre source militaire bien informée affirme que le M23 aurait, en fait, choisi de prendre la fuite avant l’assaut final de l’armée congolaise et de tout brûler avant de partir, dont le dépôt de munitions et une quarantaine de voitures.
Le M23 reconnaît sa défaite
Seule certitude, ce mardi matin, tout est calme. Vers 5 h 30, six tirs à l’arme lourde ont résonné dans les collines. Depuis, plus rien. Le général de l’armée congolaise serait à l’heure actuelle sur place, pour constater la victoire des FARDC. Une victoire obtenue de haute lutte, après 12 jours d’une offensive marquée par des combats intenses.
Quelques heures après l'annonce du porte-parole du gouvernement congolais, le M23 a annoncé qu'il mettait un terme à sa rébellion. La direction du M23 « annonce qu'elle a décidé à dater de ce jour de mettre un terme à sa rébellion et de poursuivre, par des moyens purement politiques, la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création », indique le communiqué des rebelles.
→ A (RE)LIRE : L’armée congolaise poursuit son offensive contre les derniers bastions du M23
Plus de 3000 soldats étaient engagés dans la bataille face à quelques centaines de rebelles. Attendue depuis des semaines, cette victoire sonne en tout cas pour l’armée congolaise, et tout le pays, comme la revanche tant attendue sur une rébellion qui était parvenue à prendre Goma il y a un an.
Les combats ont duré toute la journée de lundi
« C'est impossible d'arrêter de tirer », expliquait, lundi, un rebelle du M23. « L'armée nous tire constamment dessus et c'est comme ça depuis dimanche. » Même son de cloche du côté des FARDC, qui accusaient le M23 d'avoir volontairement bombardé le centre-ville de Bunagana, tuant des civils. Bombardement qui aurait incité l'armée à répliquer. « Ils ont violé le cessez-le-feu », s'accuse-t-on de part et d'autre, à Kampala, où se déroulaient des pourparlers.
→ A (RE)LIRE : Jour de la libération de Bunagana, ex-capitale et poumon économique du M23
Pourtant, selon l'envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands lacs, l'annonce d'un cessez-le-feu par le M23 n'était pas suffisante pour le gouvernement congolais. Kinshasa estimait, selon lui, qu'il faullait que le mouvement rebelle annonce qu'il renonce à la lutte armée. Ce qui, de sources concordantes, figure déjà dans le texte sur lequel les deux parties se sont mises d'accord.
Alors, comment expliquer ce quiproquo ? « Pourquoi signer un accord, quand on est si près d'obtenir la victoire totale ? », répond un spécialiste de la région. « Jamais Kinshasa n'a été aussi près d'aboutir et, surtout, avec un tel soutien de la Monusco », ajoute-t-il. Si les hélicoptères et les chars de la mission onusienne sont intervenus, c'est officiellement pour protéger les civils. « Ils nous soutiennent, c'est tout ce qui compte », commente simplement une source militaire congolaise.
Rencontre diplomatique au sommet à Pretoria
La rencontre - trois heures de discussions à huis clos - devait permettre de faire un point sur la situation dans l’est de la RDC. Un point sur la situation militaire, alors que des combats avaient repris il y a une semaine entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Mais un point, également, sur les discussions en cours entre les deux parties dans la capitale ougandaise. D’après le communiqué de fin de sommet, le gouvernement congolais et les rebelles du M23 étaient tombés d’accord sur les onze points qui étaient en discussion à Kampala, sans préciser lesquels.
Le communiqué ajoutait qu’un accord pouvait désormais être signé, à condition cependant que le M23 annonce publiquement qu’il renonce à la rébellion. Après quoi, le gouvernement congolais accepterait publiquement et, cinq jours plus tard, une signature officielle de cessez-le-feu pourrait avoir lieu. Voilà ce qui a été accepté par les deux parties à Kampala. C'était avant l'annonce de la victoire totale des FARDC.
■ REPORTAGE: A Chengero, l'un des derniers villages meurtris par les combats
Avec notre envoyée spéciale dans le Nord-Kivu,
Ils sont une cinquantaine. Un petit nombre de personnes, qui pressent le pas sur la route. Femmes et enfants, un matelas, une valise ou un grand baluchon sur la tête. Tous fuient les obus qui se sont écrasés sur leurs villages, un peu plus tôt.
« La bombe est tombée au niveau de l'école vétérinaire et ça a fait beaucoup de morts là-bas. Je ne sais pas combien. Tout le monde a couru dans toutes les directions. J'ai perdu de vue deux de mes enfants, je ne sais pas où ils sont », raconte Meriem, qui tient un enfant par la main.
Cédric a, lui aussi, fui au plus vite. « Moi, j’ai pris mes habits, et puis j’ai couru. J’ai laissé mes parents. Je ne sais pas où sont mes parents. Nous, nous ne voulons pas la guerre. Nous voulons la paix. »
Villages bombardés
Un peu plus haut, le village de Chengerero a été déserté. Ici et là, un impact d’obus de mortier. Sur la route, un homme recroquevillé sur lui-même est mort sur le coup. Un cortège porte une victime, dans une natte en pagne.
Tout à coup, des coups de feu retentissent. Une nouvelle attaque. Les tirs viennent des collines où se sont retranchés des éléments du M23. Toute la journée de lundi, une douzaine d’obus de mortier se sont écrasés sur des villages près de la frontière ougandaise.
Postée le long de la route qui mène à ces localités, l’armée congolaise a répliqué, tout comme la brigade d'intervention de l’ONU, et ses chars, postés plus haut dans les collines.
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