12/09/2013 - 08:19)
La Cour examine ensuite la question de savoir si l'Ouganda était ou non une puissance
Les Congolais devraient se méfier de leurs dirigeants lorsque ces derniers apposent des signatures ça-et-là, comme ils sont à nouveau en voie de le faire à Kampala. Ces signatures se transforment rapidement en cordes de pendaison pour la population qui un jour se retrouve en proie à une guerre atroce dont elle ignore les tenants et les aboutissants.
Les récents bombardements des populations civiles à Goma devraient donner lieu à une réflexion en profondeur sur les engagements que prennent les dirigeants congolais. En tout cas, pour les familles des victimes et les soldats blessés ou tués au combat, un seul mot revient à la bouche : M23.
Une légèreté lourde de conséquences.
C’est qu’un certain lundi 23 mars 2009, le gouvernement congolais s’était engagé, de façon étonnamment légère, à exécuter une série d’exigences que lui imposaient des combattants rwandais sous couvert du CNDP, l’ancêtre du M23. Des accords qui vont se transformer en cauchemar pour la population et les soldats qui tentent, depuis des mois, au prix de leurs vies, de venir à bout du M23. Pendant ce temps, les « politiciens » qui avaient orchestré ces « accords de malheur » manquent toujours d’être mis devant leurs responsabilités.
Le péril pour le Congo est qu’en l’absence d’une rigoureuse surveillance citoyenne, les « politiciens » de Kinshasa sont au point de reproduire, à Kampala, la même « bêtise » que celle du 23 mars 2009. On peut déjà annoncer de nouvelles tragédies dans l’Est du Congo dans la suite des accords de Kampala à venir, tellement les indices d’un nouveau conflit crèvent les yeux.
L’inconstance des dirigeants congolais
Les négociations vont donc reprendre à Kampala entre les autorités congolaises, qui avaient pourtant juré qu’elles ne négocieraient pas avec le M23, et la milice soutenue par l’Ouganda et le Rwanda, selon plusieurs rapports des experts de l’ONU. Le prétexte, pour justifier le retour des dirigeants congolais à Kampala, repose essentiellement sur deux fondements : une certaine pression de la « communauté internationale » appelant à la fin du conflit et la déclaration des sept chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la CIRGL (Conférence Internationale des pays des Grands-Lacs). Des fondements pourtant faibles comparés aux atouts sur lesquels le Congo aurait dû capitaliser, et surtout si on réfléchit aux tragédies des agressions armées qui vont nécessairement se reproduire avec en toile de fond les engagements de Kampala en perspective, tout comme le conflit actuel était clairement annoncé au lendemain de l’accord d’Addis-Abeba[1], en février dernier.
On passe rapidement sur la question de la pression internationale. Si un responsable politique n’est pas en mesure de résister à la pression, internationale soit-elle, c’est qu’il s’est trompé de vocation.
Dilapider ses atouts
Mais ce qui semble assez étonnant, dans le cas des dirigeants congolais, c’est que, pour une fois, l’armée nationale est largement en position de force alors que l’« ennemi » est, pour ainsi dire, à terre. Il ne reste que quelques kilomètres à conquérir par l’armée congolaise, et les soldats sur le front n’ont jamais été aussi motivés et en situation de mettre un point final aux aventures du M23. On aboutit ainsi à cette observation absolument déroutante : le Congo devient le seul pays au monde dont les dirigeants vont négocier à genou[2] au moment où leurs soldats sur terrain sont en position de force.
Crime rwando-ougandais en RDC |
La Cour examine ensuite la question de savoir si l'Ouganda était ou non une puissance
Les Congolais devraient se méfier de leurs dirigeants lorsque ces derniers apposent des signatures ça-et-là, comme ils sont à nouveau en voie de le faire à Kampala. Ces signatures se transforment rapidement en cordes de pendaison pour la population qui un jour se retrouve en proie à une guerre atroce dont elle ignore les tenants et les aboutissants.
Les récents bombardements des populations civiles à Goma devraient donner lieu à une réflexion en profondeur sur les engagements que prennent les dirigeants congolais. En tout cas, pour les familles des victimes et les soldats blessés ou tués au combat, un seul mot revient à la bouche : M23.
Une légèreté lourde de conséquences.
C’est qu’un certain lundi 23 mars 2009, le gouvernement congolais s’était engagé, de façon étonnamment légère, à exécuter une série d’exigences que lui imposaient des combattants rwandais sous couvert du CNDP, l’ancêtre du M23. Des accords qui vont se transformer en cauchemar pour la population et les soldats qui tentent, depuis des mois, au prix de leurs vies, de venir à bout du M23. Pendant ce temps, les « politiciens » qui avaient orchestré ces « accords de malheur » manquent toujours d’être mis devant leurs responsabilités.
Le péril pour le Congo est qu’en l’absence d’une rigoureuse surveillance citoyenne, les « politiciens » de Kinshasa sont au point de reproduire, à Kampala, la même « bêtise » que celle du 23 mars 2009. On peut déjà annoncer de nouvelles tragédies dans l’Est du Congo dans la suite des accords de Kampala à venir, tellement les indices d’un nouveau conflit crèvent les yeux.
L’inconstance des dirigeants congolais
Les négociations vont donc reprendre à Kampala entre les autorités congolaises, qui avaient pourtant juré qu’elles ne négocieraient pas avec le M23, et la milice soutenue par l’Ouganda et le Rwanda, selon plusieurs rapports des experts de l’ONU. Le prétexte, pour justifier le retour des dirigeants congolais à Kampala, repose essentiellement sur deux fondements : une certaine pression de la « communauté internationale » appelant à la fin du conflit et la déclaration des sept chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la CIRGL (Conférence Internationale des pays des Grands-Lacs). Des fondements pourtant faibles comparés aux atouts sur lesquels le Congo aurait dû capitaliser, et surtout si on réfléchit aux tragédies des agressions armées qui vont nécessairement se reproduire avec en toile de fond les engagements de Kampala en perspective, tout comme le conflit actuel était clairement annoncé au lendemain de l’accord d’Addis-Abeba[1], en février dernier.
On passe rapidement sur la question de la pression internationale. Si un responsable politique n’est pas en mesure de résister à la pression, internationale soit-elle, c’est qu’il s’est trompé de vocation.
Dilapider ses atouts
Mais ce qui semble assez étonnant, dans le cas des dirigeants congolais, c’est que, pour une fois, l’armée nationale est largement en position de force alors que l’« ennemi » est, pour ainsi dire, à terre. Il ne reste que quelques kilomètres à conquérir par l’armée congolaise, et les soldats sur le front n’ont jamais été aussi motivés et en situation de mettre un point final aux aventures du M23. On aboutit ainsi à cette observation absolument déroutante : le Congo devient le seul pays au monde dont les dirigeants vont négocier à genou[2] au moment où leurs soldats sur terrain sont en position de force.
C’est à n’y rien comprendre… Sauf à considérer que les «
politiciens » ne sont pas au courant des opérations sur le terrain
(surréaliste !) ou qu’en réalité les négociations de Kampala dissimulent
des agendas cachés.
Dans le cas du Président Kabila, a priori, on ne comprend même pas qu’il ait pu se retrouver à Kampala. Encore moins qu’il ait apposé sa signature sur la fameuse « déclaration des Chefs d’Etat et de gouvernements ». Car ce document, anodin en apparence, est rapidement devenu l’acte juridique de référence de la CIRGL, et le principal instrument de pression sur les autorités congolaises. Il ne manquait pourtant pas d’arguments au Congo pour faire le dos rond. L’armée a le dessus sur le M23. Par ailleurs, les agressions avérées du Congo par l’Ouganda et le Rwanda sont des contentieux qui auraient dû être traités au préalable, sous la menace, pour Kinshasa, de porter l’affaire devant la Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale. Le Congo de Kabila a ainsi, une fois de plus, dilapidé ses atouts, ce qui devient une telle habitude que les accusations de trahison au sommet de l’Etat sont de plus en plus difficiles à contester. Chaque fois que le pays est en position de force, le régime de Joseph Kabila se laisse aller à des manœuvres permettant à l’« ennemi » de se ressourcer et de reprendre l’avantage.
Un mot sur la CIRGL
La CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) est une organisation dont les Congolais devraient apprendre à se méfier. Il s’agit, pour l’essentiel, d’un « club des chefs d’Etat et de gouvernement », et de leurs réseaux internationaux. Rien à voir avec la SADC[3], par exemple, ou la CEDEAO[4], et encore moins l’Union européenne. Si l’organisation foisonne de discours dégoulinant de bonnes intentions, il faut s’intéresser au cœur de son système.
La CIRGL a pour « organe suprême » la fameuse « Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ». Or, cette conférence n’est en réalité qu’un habillage de solennité internationale. En effet, les principaux piliers de la CIRGL sont les Présidents Yoweri Museveni (Ouganda) et Paul Kagamé (Rwanda). La « nocivité » de leurs prétentions sur le Congo étant de notoriété publique (annexion du Kivu, balkanisation du Congo, pillage des ressources minières du Congo, guerres à répétition contre le Congo,…), il est pour le moins étrange que des dirigeants congolais se retrouvent dans un cadre comme celui-là. Car pour faire simple, la CIRGL est un outil dont se servent Museveni et Kagamé pour légitimer leurs interventions armées au Congo et toutes formes d’ingérence comme cette injonction cavalière de négocier avec le M23 que les Congolais peinent toujours à digérer. Surtout après avoir été bombardés et attaqués par les troupes rwandaises, dans leur propre pays.
Cette organisation, la CIRGL, dont les textes fondamentaux ne font même pas l’objet de débats ou de vote parlementaires ou référendaires[5], on se demande au nom de quoi elle devient une « machine » à imposer des injonctions pour obliger le peuple congolais à négocier avec des criminels notoires. L’objectif inavoué pour Museveni et Kagamé est de recueillir les signatures des autorités congolaises (de gré ou de force) pour s’en servir lors du lancement d’une prochaine guerre contre le Congo, le prétexte étant, comme d’habitude, que Kinshasa n’aurait pas rempli ses engagements (exemple neutralisation des FDLR).
Demain, le M23 renaîtra de ses cendres, ou un autre « mouvement pro-rwandais », avec pour objectif de neutraliser les FDLR, parce que le régime de Kinshasa aurait failli à ses engagements de Kampala. Peu importe la sincérité de ce mouvement, on sait déjà qu’il s’agira, pour Kampala et Kigali de rééditer les guerres à répétition qu’ils mènent au Congo depuis 1996 pour des visées qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec les FDLR. Les guerres du Congo sont des guerres d’accession aux gisements miniers.
La CIRGL, dans ses textes, parle de « gestion commune des ressources »[6]. On se demande bien quelles ressources l’Ouganda et le Rwanda apporteraient dans cette « gestion commune ». C’est le Congo qui se fait dépouiller dans l’affaire. Avec la signature de ses propres dirigeants, le Président de la République en premier.
Des intérêts inavouables ?
En définitive, le gouvernement congolais, sauf s’il dissimule des intérêts inavouables, n’avait objectivement aucun intérêt à se retrouver à Kampala, encore moins pour négocier avec le M23. L’armée s’en chargeait déjà. Il ne reste que deux ou trois villes à reprendre aux combattants du M23 qui battent en retraite depuis la bérézina de Kibati. Le Congo serait, dès lors, un partenaire respecté et respectable discutant d’égal à égal avec les Etats de la région.
Plus généralement, il devient urgent d’associer le peuple congolais le plus largement possible aux négociations et aux accords comme celui du 23 mars 2009, dont se prévaut le M23, l’accord d’Addis-Abeba qui n’ont produit aucun résultat et les accords que le gouvernement s’apprête à signer à Kampala. La gravité des conséquences qui retombent sur la population des suites de ces accords devrait dorénavant imposer au gouvernement congolais de les soumettre à de larges débats publics en vue d’une approbation parlementaire, avec possibilité pour la population, au moins, de lancer des pétitions (article 27 de la Constitution[7]) pour peser sur les décisions des politiques. Des vies sont en jeu.
Boniface MUSAVULI
Dans le cas du Président Kabila, a priori, on ne comprend même pas qu’il ait pu se retrouver à Kampala. Encore moins qu’il ait apposé sa signature sur la fameuse « déclaration des Chefs d’Etat et de gouvernements ». Car ce document, anodin en apparence, est rapidement devenu l’acte juridique de référence de la CIRGL, et le principal instrument de pression sur les autorités congolaises. Il ne manquait pourtant pas d’arguments au Congo pour faire le dos rond. L’armée a le dessus sur le M23. Par ailleurs, les agressions avérées du Congo par l’Ouganda et le Rwanda sont des contentieux qui auraient dû être traités au préalable, sous la menace, pour Kinshasa, de porter l’affaire devant la Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale. Le Congo de Kabila a ainsi, une fois de plus, dilapidé ses atouts, ce qui devient une telle habitude que les accusations de trahison au sommet de l’Etat sont de plus en plus difficiles à contester. Chaque fois que le pays est en position de force, le régime de Joseph Kabila se laisse aller à des manœuvres permettant à l’« ennemi » de se ressourcer et de reprendre l’avantage.
Un mot sur la CIRGL
La CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) est une organisation dont les Congolais devraient apprendre à se méfier. Il s’agit, pour l’essentiel, d’un « club des chefs d’Etat et de gouvernement », et de leurs réseaux internationaux. Rien à voir avec la SADC[3], par exemple, ou la CEDEAO[4], et encore moins l’Union européenne. Si l’organisation foisonne de discours dégoulinant de bonnes intentions, il faut s’intéresser au cœur de son système.
La CIRGL a pour « organe suprême » la fameuse « Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ». Or, cette conférence n’est en réalité qu’un habillage de solennité internationale. En effet, les principaux piliers de la CIRGL sont les Présidents Yoweri Museveni (Ouganda) et Paul Kagamé (Rwanda). La « nocivité » de leurs prétentions sur le Congo étant de notoriété publique (annexion du Kivu, balkanisation du Congo, pillage des ressources minières du Congo, guerres à répétition contre le Congo,…), il est pour le moins étrange que des dirigeants congolais se retrouvent dans un cadre comme celui-là. Car pour faire simple, la CIRGL est un outil dont se servent Museveni et Kagamé pour légitimer leurs interventions armées au Congo et toutes formes d’ingérence comme cette injonction cavalière de négocier avec le M23 que les Congolais peinent toujours à digérer. Surtout après avoir été bombardés et attaqués par les troupes rwandaises, dans leur propre pays.
Cette organisation, la CIRGL, dont les textes fondamentaux ne font même pas l’objet de débats ou de vote parlementaires ou référendaires[5], on se demande au nom de quoi elle devient une « machine » à imposer des injonctions pour obliger le peuple congolais à négocier avec des criminels notoires. L’objectif inavoué pour Museveni et Kagamé est de recueillir les signatures des autorités congolaises (de gré ou de force) pour s’en servir lors du lancement d’une prochaine guerre contre le Congo, le prétexte étant, comme d’habitude, que Kinshasa n’aurait pas rempli ses engagements (exemple neutralisation des FDLR).
Demain, le M23 renaîtra de ses cendres, ou un autre « mouvement pro-rwandais », avec pour objectif de neutraliser les FDLR, parce que le régime de Kinshasa aurait failli à ses engagements de Kampala. Peu importe la sincérité de ce mouvement, on sait déjà qu’il s’agira, pour Kampala et Kigali de rééditer les guerres à répétition qu’ils mènent au Congo depuis 1996 pour des visées qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec les FDLR. Les guerres du Congo sont des guerres d’accession aux gisements miniers.
La CIRGL, dans ses textes, parle de « gestion commune des ressources »[6]. On se demande bien quelles ressources l’Ouganda et le Rwanda apporteraient dans cette « gestion commune ». C’est le Congo qui se fait dépouiller dans l’affaire. Avec la signature de ses propres dirigeants, le Président de la République en premier.
Des intérêts inavouables ?
En définitive, le gouvernement congolais, sauf s’il dissimule des intérêts inavouables, n’avait objectivement aucun intérêt à se retrouver à Kampala, encore moins pour négocier avec le M23. L’armée s’en chargeait déjà. Il ne reste que deux ou trois villes à reprendre aux combattants du M23 qui battent en retraite depuis la bérézina de Kibati. Le Congo serait, dès lors, un partenaire respecté et respectable discutant d’égal à égal avec les Etats de la région.
Plus généralement, il devient urgent d’associer le peuple congolais le plus largement possible aux négociations et aux accords comme celui du 23 mars 2009, dont se prévaut le M23, l’accord d’Addis-Abeba qui n’ont produit aucun résultat et les accords que le gouvernement s’apprête à signer à Kampala. La gravité des conséquences qui retombent sur la population des suites de ces accords devrait dorénavant imposer au gouvernement congolais de les soumettre à de larges débats publics en vue d’une approbation parlementaire, avec possibilité pour la population, au moins, de lancer des pétitions (article 27 de la Constitution[7]) pour peser sur les décisions des politiques. Des vies sont en jeu.
Boniface MUSAVULI
"Il faut vengeance, Venger nos morts congolais...., Une seule solution est possible si pas de condamnation contraignante du Rwanda et l'Ouganda pour leurs crimes commis en RDC, le peuple congolais doit préparer une vengeance de la même hauteur"
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