dimanche 30 juin 2013

La RDC : Cinquante années après l’indépendance


De l’évaluation des actions gouvernementales, aux pistes de sortie de la crise devenue « chronique », passant par la contribution de sa formation politique, la CIDES Jean-Oscar Ngalamulume, analyste politique, fait sa lecture de l’évolution de la RDC, cinquante-trois ans après l’indépendance.

Vous êtes membre de la Majorité présidentielle, quel bilan dressez-vous de l’action gouvernementale depuis l’arrivée de Joseph Kabila à la tête du pays, c’est-à-dire depuis 2001?
Dire que tout a bien marché serait faire preuve d’une naïveté déconcertante. 
Cependant, il n’est pas bon d’émettre de jugements sans nuance, lorsqu’on ne parle que d’échecs de cinq chantiers, sans se donner la moindre peine d’évaluer ce qui a été bien fait, malgré la surévaluation des sommes engagées dans les projets réalisés et ce qui reste à faire.

Il n’est pas facile de reconstruire dans dix ans ce qui a été détruit depuis que notre pays a accédé à l’indépendance. Donc, il n’est pas vrai d’affirmer que Kabila n’a rien fait. 
Il est, par contre, vrai de confirmer que certains chantiers ont réussi, malgré la surévaluation des sommes engagées dans les projets réalisés. 
Maintenant, le gouvernement a le devoir de favoriser la création de nombreux emplois et donner des salaires décents aux travailleurs congolais.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à adhérer à la Majorité présidentielle?
Comme vous le savez, je n’ai pas le langage de bois. Après une longue période d’observation, je suis arrivé à cette conclusion : malgré tout ce qu’on peut dire contre le président de la République, en observant ses quelques réalisations, personne ne me contredira si j’affirme qu’il est animé d’une volonté exceptionnelle de reconstruire le pays. Au point où il aimerait se réveiller un matin et trouver le pays modernisé. Hélas, avec qui le reconstruira-t-il, parce que seule la volonté exceptionnelle ne suffit pas pour atteindre ses objectifs.
Mais alors….
Dans une vision globale, il y a deux directions dans lesquelles il doit agir et agir immédiatement. La première consiste à se choisir une équipe d’hommes et de femmes fiables, animés de même volonté, voire de même sentiment que le président de la République. 
Une équipe d’hommes et de femmes capables de faire régir l’exercice de la vie politique, économique et sociale, dans la discipline et respect des lois. Cette équipe doit avoir pour mission de renforcer le contrôle de l’affectation du capital de l’Etat vers le réaménagement des facteurs de la production nationale, celle qui favorise la création de nombreux emplois et des salaires décents, afin que chaque Congolais qui travaille, quel que soit son rang social, puisse, grâce à son salaire, être en mesure de payer son loyer, manger du 1er au 30, d’assurer son transport, ses soins médicaux et l’éducation de ses enfants. 
Ce Congolais-là sera en mesure de payer ses impôts pour que l’Etat soit en mesure de réaliser les grands travaux publics, de réorganiser la police, l’armée et les services de renseignement. 
Il sera en mesure de payer décemment les fonctionnaires et les agents de l’Etat. Parce que la première source de revenu de l’Etat, ce sont les impôts.
La deuxième consiste à renforcer le cadre juridique afin qu’il soit capable de garantir la paix durable et les mécanismes économiques.
Quelle a été la contribution de la CIDES, votre parti, à la politique générale de notre pays ?
La contribution de la CIDES est focalisée sur les conseils qui consistent à ne prêcher que le rétablissement de l’ordre économique. Parce que par la démocratie, la CIDES attend le respect des lois de la République. Ces lois seront respectables dans une société ou il y a la quantité suffisante de biens et de services par rapport aux besoins de la population. 
En effet, si on demandait aux Congolais de voter par la voie référendaire, une loi contre le vol, je suis certain que c’est chaque Congolais qui votera contre le vol. La question qui demeure est celle de savoir ce que l’Etat met en face de celui qui a voté contre le vol pour qu’il ne vole pas.
Comment peut-on rendre la confiance et l’espoir au peuple congolais?

Cinquante-trois années après l’indépendance est une durée suffisamment longue pour permettre une réflexion profonde pour qu’apparaissent des tendances nouvelles. De ce fait, quelques questions majeures s’imposent, elles consistent à savoir comment on peut rendre la confiance et l’espoir au peuple congolais. Comment peut-on sortir le pays du gouffre, de la crise économique et sociale qu’il traverse. Voilà les questions majeures auxquelles, seuls, les Congolais, de concert avec les membres de la communauté internationale, doivent trouver la réponse. 
Donc, au-delà de nombreuses déclarations et effets d’annonce reconnues à la classe politique congolaise à la place du débat en toute responsabilité sur un projet de bonne gouvernance, capable de garantir la paix durable, afin de rétablir les équilibres économiques rompus. 
Aux questions actuelles, nous devons y apporter des solutions proprement politiques pénétrées d’intelligence et de raison. 
Pour ce faire, l’impulsion et la dynamique que nous devons y imprimer nécessite une intervention ponctuelle devant servir de tremplin vers la normalisation de l’ordre économique, ayant pour objectif la prise en compte du vécu quotidien du peuple congolais.
Quel genre d’hommes politiques conviennent-ils à notre pays pour sortir de la crise devenue chronique?
On ne peut comprendre le présent dans le but de construire l’avenir, que lorsqu’on a la connaissance profonde du passé. 
Encore que la classe politique d’hier avait le sens du bien commun même si sa lutte engagée pour l’indépendance n’était pas inscrite dans le processus d’une rupture avec le modèle colonial. Le chemin est encore long et ardu. Comme je l’ai dit précédemment, le pays a grandement besoin d’une équipe d’hommes et de femmes fiables, capables de faire régir l’exercice de la vie politique, économique et sociale, dans la discipline et dans le respect des lois.
Vous êtes économiste, quelle est la situation monétaire de notre pays aujourd’hui?
La stabilité de notre monnaie est artificielle. La monnaie nationale ne peut être stable que lorsque le pays produit plus, vend plus à l’extérieur et importe moins. Poser la question au ministère du Commerce extérieur qu’il vous donne la liste des produits que notre pays exporte et celle des produits qu’il importe. Vous serrez scandalisé.
Quelle est votre analyse pour régler la crise à l’Est du pays.
Lorsqu’on a un malade, il faut lui administrer un traitement à la place du calmant. 
La crise de l’Est est un arbre qui cache la forêt. Il appartient à ceux qui ont la charge de l’exercice gouvernemental d’attaquer le mal à la source. Vous êtes sans ignorer que ceux qui soutiennent les pays, qui soutiennent le M23, sont connus de tout le monde. Donc, au lieu de s’acharner sur le M23 et ceux qui les soutiennent, autant s’adresser directement aux commanditaires qui soutiennent les pays qui appuient le M23.
Quel est l’état de notre diplomatie aujourd’hui?
Trouvez-vous normal qu’un grand pays comme le Congo démocratique n’ait pas un lobby digne de sa grandeur? Du point de vue de nos relations avec l’ancien colonisateur, prenons l’exemple du Canada. 
Après la redécouverte par Christophe Colomb en 1576, au nom de l'Angleterre, le Canada qui devient plus tard un territoire d’Angleterre. Bien qu’il soit indépendant, vous constaterez que la monnaie canadienne (dollar) porte l’effigie de la reine d’Angleterre. En plus de cela, le Canada continue de payer les taxes à la reine malgré la contestation des uns et des autres : I do not want my tax dollars contributing to 300-year-old misinformation. (Je ne veux pas que ma taxe contribue aux vieilles informations d’il y a 300 ans). Posted by Timothy Humphries on May 17, 2011, 11:29 am Radio-Canada. Ici, nous ne demandons pas à ce que la RDC paye les taxes au Roi belge. Nous demandons plutôt que notre pays améliore et amplifie ces relations avec la Belgique.

Écrit par LE POTENTIEL
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