(Le Potentiel
18/12/2012) Le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku, a
accusé hier lundi le Mouvement du 23 mars (M23) d'essayer de maintenir un climat
de « psychose » à Goma, ville-clé de l'Est de la République démocratique du
Congo, d'où la rébellion s'est retirée le 1er décembre 2012.
« Le M23
(Mouvement du 23 mars) veut maintenir la population de Goma dans une psychose
pour faire pression à Kampala », où des discussions préliminaires de sortie de
crise sont engagées depuis plus d'une semaine entre les autorités légales et les
rebelles, a déclaré à l'AFP Julien Paluku.
Selon lui, les rebelles
veulent faire « pression pour dire qu'à tout moment, si on ne fait pas ceci ou
cela à Kampala, ils prendront Goma ».
Plusieurs braquages, attaques à
main armée et assassinats ont été recensés depuis que le M23 (Mouvement du 23
mars) a officiellement quitté la capitale du Nord-Kivu, sur demande des Etats de
la région des Grands Lacs, et en échange de discussions avec Kinshasa.
«
Nous avons deux grands défis : les plus de 1 170 détenus - dont plus de 700
militaires - qui se sont échappés de prison lors de la prise de Goma, et les
éléments camouflés du M23 qui veulent rendre la vie invivable pour montrer que
la ville est mal gouvernée », a souligné le gouverneur.
Samedi matin, le
major de police Bertin Chirumana, qui avait accompagné le premier redéploiement
de policiers loyalistes à Goma après le retrait des rebelles, a été retrouvé
mort. « Il était criblé de balles, neuf balles au total, et la jeep était
calcinée », a expliqué Julien Paluku.
« On vient de mettre la main sur un
suspect. C'est un ex-militaire qui aurait des liens avec le M23. Nous sommes
encore en train de l'interroger pour qu'il nous dise exactement qui sont les
commanditaires de l'assassinat et quel est son mobile », a-t-il
précisé.
Une parade pour l'inhumation du major doit être organisée «
lundi ou mardi ». Les Etats de la région des Grands Lacs avaient demandé au M23
de se retirer à au moins 20 km au nord de Goma. Mais des rebelles sont restés à
6 km, sur des collines stratégiques.
Craignant un échec des pourparlers
de Kampala, des informations font état d'habitants quittant Goma pour se rendre
notamment à Bukavu, capitale de la province voisine et également instable du
Sud-Kivu. « Il n'y a pas de déplacement vers Bukavu », a démenti Julien
Paluku.
Cependant, au port de Goma, un journaliste de l'AFP a constaté
que des personnes prenaient des bateaux de nuit ralliant Goma à Bukavu et que
sur une plage des pirogues motorisées attendaient pour transporter des familles
vers l'île d'Idjwi, au milieu du Lac Kivu.
« Je ne comprends pas cette
situation. Même si je fais mon travail, ceci me dépasse : chaque jour on amène
des gens qui préfèrent revenir à Goma au motif qu'à Idjwi il y a la famine, mais
d'autres par contre ne cessent d'affluer » pour partir vers Idjwi, a déclaré à
l'AFP un armateur.
L'armée congolaise lutte depuis mai contre le M23,
surtout composé d'ex-rebelles intégrés à l'armée après un accord signé le 23
mars 2009 et dont ils revendiquent la pleine application. L'ONU accuse le Rwanda
et l'Ouganda voisins de soutenir les rebelles, ce qu'ils réfutent.
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