(La
Libre 13/12/2012)
Avant que le parquet fédéral ne puisse ouvrir une enquête,
on devait déterminer si les juridictions belges étaient compétentes.
Le
parquet fédéral peut ouvrir une enquête judiciaire sur l'assassinat de l'ancien
Premier ministre congolais Patrice Lumumba en 1961. Cette décision a été rendue
par la chambre des mises en accusation de Bruxelles. Selon celle-ci, l'ancienne
colonie belge était à cette époque confrontée à un conflit armé et l'assassinat
de l'ancien Premier ministre du Congo pourrait constituer un crime de guerre.
Des fils de feu Patrice Lumumba ont porté plainte au parquet fédéral en Belgique
avec constitution de partie civile, contre une douzaine de survivants, des
policiers, des politiciens et des fonctionnaires. Parmi ceux-ci, seulement huit
vivent encore. L'un d'eux serait Jacques Brassinne, diplomate belge au Katanga
en 1961. Les autres noms qui apparaissent sont ceux d'Etienne Davignon, alors
jeune diplomate, et Charles Huyghé, à l'époque chef de cabinet du ministre de la
Défense katangais.
Avant que le parquet fédéral ne puisse ouvrir
une enquête, on devait déterminer si les juridictions belges étaient
compétentes. S'estimant compétent, le parquet fédéral s'est basé sur la loi de
la compétence universelle de 1993, qui autorise la justice belge à engager des
poursuites dans le cadre de crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou crimes
de génocide commis hors du territoire belge. Les plaignants ou les prévenus
doivent toutefois avoir un lien avec la Belgique, ce qui est le cas
ici.
La chambre des mises a donné raison au parquet fédéral et a jugé que
l'assassinat de Lumumba pourrait être un crime de guerre et qu'une enquête
pouvait être menée dès lors en Belgique.
Les faits
Lumumba fut le
premier chef du gouvernement du Congo-Kinshasa, aujourd'hui République
Démocratique du Congo, et, au-delà, de juin à septembre 1960. Le 30 juin 1960,
jour de l'indépendance du Congo, il avait prononcé devant le roi Baudouin un
discours virulent dénonçant les abus de la colonisation, marquant sa rupture
avec l'ancienne métropole.
Après la prise du pouvoir par Joseph-Désiré
Mobutu, Lumumba fut assassiné le 17 janvier 1961 par des responsables du Katanga
(sud-est), région minière qui fit un temps sécession avec le soutien de la
Belgique. Les forces de sécurité belges ont été accusées d'avoir à tout le moins
couvert l'opération, voire de l'avoir commanditée ou coordonnée.
Une
commission d'enquête parlementaire belge de 2001 avait conclu à la
"responsabilité morale" de la Belgique. Le gouvernement avait alors présenté les
excuses de la Belgique au Congo.
"Il faut aller plus loin que la
reconnaissance d'une responsabilité morale. Il faut tirer de l'établissement des
faits toutes les conclusions, d'ordre pénal et juridique", avait déclaré lors du
dépôt de la plainte François Lumumba, l'un des fils de Patrice
Lumumba.
Belga et AFP
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