Pour voir la terreur semmet par les militaires rwandais à goma, cliquer sur le lien:
http://www.youtube.com/watch?v=ys2vhpeqzEU
Les propos de Makenga, à vide de sens et déplacés apres avoir semmet terreur et désolation à Goma devant les journalistes
(Un
Monde Libre 20/11/2012)
La publication en juin 2012 de l’annexe au rapport des
experts de l’ONU imputant au Rwanda de soutenir militairement et politiquement
le groupe armé M23 qui contrôle une partie de l’Est de la RDC, a éveillé chez
les Congolais un élan patriotique face à ce qui apparait être, de toute
évidence, l’irrédentisme rwandais sur les provinces minières des Kivus. Comme un
seul homme, les Congolais de toutes ethnies confondues se sont dressés contre le
complot visant le dépiéçage de leur pays. Sous quel prisme faut-il voir cette
éclosion de l’anti-partitionnisme ? Est-ce un réflexe fugace devant un danger
imminent ?
Ou peut-être l’amorce d’une prise de conscience de l’urgence à
opérer une double métamorphose : bâtir un État-nation institutionnellement
solide, capable de défendre son intégrité territoriale face aux assauts
hégémoniques de ses voisins et, simultanément, marquer une rupture avec le
mécanisme actuel de captation-redistribution des rentes minières qui confine
plus de 70% de sa population dans une pauvreté absolue.
Classée parmi les
25 pays les plus pauvres au monde, la RDC détient des réserves en ressources
naturelles évaluées à plus de 25 000 milliards de dollars. Le hic est que ces
ressources n’ont jamais aidé à répondre aux besoins de sa propre population.
Cinquante ans d’indolence généralisée, de mégestion, d’incurie institutionnelle
et d’absence de vision à long terme de la part de ses leaders d’hier comme
d’aujourd’hui, ont fini par rendre ce pays mortellement vulnérable face à la
convoitise de ses voisins.
Et, pendant ce temps, qu’observe-t-on du côté
de ses assaillants ?
Il ne s’agit pas d’une fiction mais bien d’une
réalité : pendant que le géant Congo en situation de crise endémiquetourbillonne
dans une « révolution de la modernité », le minuscule Rwanda enregistre une
croissance soutenue de 6% en moyenne depuis 2001 essentiellement tirée par les
minerais de contrebande provenant du sous-sol congolais ! 2020 est l’année
butoir fixé par ce pays pour réaliser sa transition vers une économie émergente
en orientant la rente générée par l’exportation des « minerais du sang » vers
l’investissement dans l’éducation et la santé, socle d’une stratégie de
développement fondée sur l’émulation du capital humain.
Aussi dure
qu’elle soit, cette réalité se traduit dans les chiffres : en 2011, le Rwanda
affichait un IDH de 0,429 avec un revenu par habitant de 1133 US$, la part de
budget accordée à l’éducation étant de 4,7% du PIB. Ces valeurs sont de 0,286,
280 US$ et 0,2% respectivement pour le Congo [PNUD, 2012].
N’en déplaise
aux Congolais et aux pyrrhoniens, toutes autres choses étant égales par
ailleurs, cet avantage comparatif dans l’aptitude à transformer la «
disponibilité physique » des ressources en « disponibilité économique » afin
d’en faire des atouts pro-croissance marquera à jamais les futurs rapports de
force dans les Grands Lacs. Dès lors, l’anti-balkanisation ne saurait être
bénéfique au Congo que si elle débouche sur une transformation de la structure
institutionnelleen place. Faut-il s’entêter à promouvoir un État centralisateur
languissant ou opter pour un État fédéral puissant ?
Le modèle
centralisateur actuellement en vigueur a clairement montré ses limites sur
plusieurs plans : insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire,
répartition inégale du revenu national, couverture déficiente des services
essentiels à la population. Avec ce modèle, le Congo se reproduit typiquement
comme un « État rentier » qui vit et survit grâce à la redistribution
clientéliste de la rente issue des minerais, sa finalité étant d’alimenter le
pouvoir en place, de perpétuer le système de
prédation-corruption-impunité.
On est loin du modèle de l’État
développementiste et catalyseur à la Botswana où la rente diamantifère sert à la
mobilisation de l’épargne interne et au financement de l’investissement dans les
secteurs clés. Au Congo au contraire, la gestion du secteur minier a abouti à «
la politique de saucissonnage du portefeuille minier de l’Etat » essentiellement
« pour satisfaire les besoins immédiats d’argent des autorités gouvernementales
» [Rapport Lutundula, 2005:6]. Des politiciens à Kinshasa qui lobbient
logiquement pour un État centralisateur, tout en ne fournissant pas les services
de l’État aux citoyens, seront certainement hostiles à un changement de
structure. L’émergence d’un État fédéral impliquant pour eux la perte de leur
pouvoir sur l’affectation et les rétributions des matières premières des
provinces riches.
Le modèle fédéral présente des avantages réels. Il
permettrait à la fois de respecter l’idéal d’unité nationale fondée sur la
diversité ethnoculturelle mais tout en préservant une conscience nationale. Il
ouvrirait la voie à la mise en valeur, au service de toute la nation, des
richesses tirées de diversités régionales. Et, du fait des distances, ce modèle
serait sans doute le plus efficace pour stimuler des échanges commerciaux
interprovinciaux fondés sur les avantages comparatifs. En mettant la démocratie
plus près des gens, il favorise la bonne gouvernance, la reddition des
comptes.
Toutefois, il faudrait inventer, à l’exemple du Canada, des
mécanismes de transfert entre provinces, de telle sorte que les provinces les
moins prospères soient à même de fournir à leurs résidents des services publics
sensiblement comparables à ceux des provinces les mieux nanties. Cela passe par
une union fiscale et budgétaire qui institutionnalisera ces transferts fiscaux
via le gouvernement central dont le rôle central est d’imposer l’état de droit
sur tout le territoire.
Le revers de la médaille de ce modèle est de
craindre que sa mise en place ne puisse paradoxalement mener plus facilement à
la balkanisation et que des dictateurs locaux, soudoyés par des intérêts
extérieurs puissants (comme au Katanga en 1960), s’installent au pouvoir pour
faire session et piller tranquillement les richesses nationales. Étouffer ces
appétences dans l’œuf sera ici le grand défi à relever.
Avec la crise
Rwanda-M23, le Congo a atteint le point où la transition du mode de partage
autocratique extractif vers un mode de partage démocratique inclusif constitue
une condition sine qua non pour la protection efficace de son territoire et,
implicitement de son existence comme État-nation prospère. La crédibilité de
l’anti-partitionnisme sera mesurée à l’aune de l’éveil de la conscience des
Congolais pour opérer ce passage.
Remy K. Katshingu, Professeur
d’économie au Collège de Saint-Jérôme, Canada - Le 16 novembre 2012
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