Dernière mise à jour: 11
juillet, 2012 - 17:24 GMT
Bosco Ntaganda a un beau sourire, selon ceux qui l'ont
rencontré - mais derrière le sourire se cache un homme impitoyable qui mérite
bien son surnom de “Terminator”
En 2006, le General Ntaganda a été inculpé une première fois par la Cour
pénale internationale (CPI), pour avoir prétendument recruté des enfants
soldats, au cours de la sanglante guerre de cinq ans en République démocratique
du Congo.
D'autres plaintes pour viol, assassinat et persécution pour motifs ethniques
et le ciblage délibéré de civils ont été ajoutées en mai 2012, suite à des
preuves présentées pendant le procès de son co-accusé et ancien patron, le
seigneur de guerre Thomas Lubanga, première personne à avoir été reconnue
coupable par la CPI deux mois plus tôt.
Ainsi, depuis des années, l’ex-rebelle devenu général de l’armée a été libre
de circuler dans la ville de Goma, en jouissant d'une vie d'impunité et de luxe,
avec du bon vin, à manger et des séances de tennis.
La population locale reproche à Bosco Ntaganda et à ses soldats une série de
viols, de pillages et de meurtres – dans le du Nord et dans le Sud du Kivu,
ainsi que dans le district de l'Ituri au nord-est de la RD Congo.
Rebelle à 17 ans
Ntaganda est né en 1973 à Kiningi, une petite ville sur les contreforts des
chaînes de montagne des Virunga du Rwanda, célèbres pour ses gorilles.
Adolescent, Ntaganda fuit vers Ngungu, dans l'Est du Congo, suite à des
attaques sur compatriotes Tutsis au Rwanda. Il y fréquente l'école secondaire,
sans y obtenir de diplôme.
En 1990, à l'âge de 17 ans, il rejoint les rebelles du Front patriotique
rwandais dans le sud de l'Ouganda. Il combat sous le commandement du chef de
file du FPR -aujourd'hui président du Rwanda - Paul Kagamé, pour mettre fin au
génocide.
Après que les troubles rwandais ont débordé dans la RDC, il a commencé à
s’engager dans la lutte contre les rébellions et à servir dans les armées
nationales, tant rwandaise que congolaise.
En 2002, il rejoint l'Union des patriotes congolais rebelles dans le district
de l'Ituri - et passe les trois années qui suivent en tant que chef des
opérations militaires de Thomas Lubanga.
Ntaganda rejoint ensuite un autre groupe rebelle - le CNDP – sous la
direction de Laurent Nkunda, très influent dans l'Est du pays et qui avait
commencé sa carrière militaire dans l'armée rebelle du Rwanda qui a mis fin au
génocide.
Avec le soutien du Rwanda, il renverse le Général Nkunda et prend la
direction de la milice du CNDP.
Bien que recherché par la CPI pour crimes de guerre, en 2009, Ntaganda sert
en tant que soldat aux côtés du président Kabila - et est promu général.
Il est ensuite basé à Goma, où il commande jusqu'à 50.000 soldats, beaucoup
d'entre eux sont d'anciens rebelles qui lui sont personnellement restés
fidèles.
Selon une enquête de l'ONU, Ntaganda s’est construit un empire commercial
lucratif dans le Nord et le Sud-Kivu – il serait issu de la collecte des impôts
dans les mines contrôlées par les soldats sous son commandement, et des marchés
du charbon de bois et de points de contrôle illégaux.
À un moment donné, Ntaganda gagnait $ 15.000 (£ 10,000) par semaine à chaque
traversée de frontière, selon un rapport 2011 par le fond du Groupe d'experts
des Nations Unies.
Il posséderait également une usine de farine, un hôtel, un bar et un ranch de
bétail en dehors de Goma.
"Jamais face à ses crimes"
La chercheuse de Human Rights Watch, Anneke van Woudenberg a rencontré «le
Terminator» à plusieurs reprises. Il ne s’exprime pas bien et n’est pas
persuasif, dit Mme van Woudenberg.
Mais, debout il a une certaine présence et du charisme - et aime porter des
chapeaux en cuir de style cow-boy. Mais c’est surtout son caractère impitoyable
qu’elle a remarqué: " Il est quelqu'un qui ne sera jamais face à ses crimes, il
nie toujours et vient avec une excuse pour justifier ce qu'il a fait."
La liste de ses crimes présumés est longue - et les Congolais disent que le
"Terminator" est considéré comme un homme qui mène de l'avant et prend
personnellement part à des opérations militaires.
En novembre 2008 des journalistes internationaux l’ont filmé en train de
commander et donner des ordres à ses troupes dans le village de Kiwanja, à 90 km
au nord de Goma, où 150 personnes ont été massacrées en une seule journée.
Il a aussi commandé les troupes accusées d'avoir tué, en raison de leur
appartenance ethnique, au moins 800 civils dans la ville de Mongbwalu, en Ituri
en 2002.
Après cela ses troupes ont pris le contrôle des riches mines d'or dans la
région.
Début avril 2012, il semble avoir déserté de l'armée congolaise – il aurait
quitté Goma, emmenant avec lui jusqu'à 600 soldats lourdement armés.
Il est est possible qu’il se cache dans les collines au-dessus de la
ville.
Le 11 avril, le Président Kabila a finalement appelé à son arrestation -,
mais a ajouté qu'il ne
remettra pas le General Ntaganda à la CPI.
remettra pas le General Ntaganda à la CPI.
(Texte: Lalla Sy / Penny Dale )
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