Après la déroute qui a suivi les dernières élections des gouverneurs du Bas-Congo et de la Province Orientale, dans la Majorité, l’heure est au recadrage. Des lignes devraient bouger, commente-t-on dans les milieux bien informés. Le gouvernement ne sera pas épargné par cette vague qui pourrait induire un réaménagement de l’équipe constituée autour de Matata Ponyo Mapon. Au plus haut niveau de la MP, rien n’a encore filtré. La question est sur toutes les lèvres au sein de la Majorité. Tout réside cependant sur le choix des animateurs de ce qui devra être le gouvernement Matata II.
La Majorité présidentielle a fini par digérer – alors difficilement – l’échec de dernières élections des gouverneurs du Bas-Congo et de la Province Orientale où les tickets proposés ont été déboutés par les députés provinciaux, violant ainsi les consignes dictées par la direction politique de la plate-forme. L’on craignait alors qu’une crise ne gagne les rangs de la famille présidentielle. Heureusement, on n’est pas arrivé là, souffle-t-on à la MP.
A la crise a vite succédé une décrispation qui n’a pas cependant fait oublier le double échec des 28 et 31 octobre 2012.
« La Majorité est sortie plus que resserrée après l’échec de Matadi et de Kisangani. Ces tristes événements ont permis à la Majorité de recadrer et surtout de changer de méthode de travail dans ses rapports avec différentes structures de la plate-forme. Le message a été capté cinq sur cinq. Pour le moment, c’est l’avenir qui nous intéresse pour accompagner le chef de l’Etat dans la réalisation de ses promesses de 2011 », a indiqué, sous le sceau de l’anonymat, un haut cadre de la famille politique présidentielle.
Autant dire qu’après la déroute de fin octobre, la page est presque tournée au sein de la Majorité. Les regards sont désormais portés vers l’avenir. Dans les prochains jours, la Majorité sera invitée à divorcer d’avec l’immobilisme qui le caractérise. De nouvelles orientations sont donc attendues, particulièrement, de son autorité morale afin de ramener de l’ordre dans la bergerie qui peine à reprendre ses esprits après la débâcle de Matadi et de Kisangani.
A ce jour, l’autorité morale de la MP ne s’est pas exprimée clairement sur le sujet. Du côté de la direction politique de la Majorité, c’est le silence radio. Une attitude qui laisse perplexe les observateurs de la scène politique. Nombreux pensent que le silence de l’autorité morale est le signe annonciateur d’un bouleversement dont l’onde de choc pourrait s’étendre jusqu’au gouvernement.
Le décor d’un réaménagement
C’est dire qu’un réaménagement de l’équipe gouvernementale autour du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, serait en vue. Ce qui laisse libre cours à toutes les formes de conjectures.
Avec qui devrait-on composer la nouvelle équipe Matata ? Sur quoi sera fait Matata II ? Va-t-on prendre les mêmes et recommencer ? Des questions qui alimentent la chronique dans divers milieux politiques.
Le réaménagement du gouvernement se réglera autour de sa composition. C’est là, comme rappelle une vieille sagesse, que les Romains vont s’empoigner. Avec qui faire Matata II ? L’énigme est entière et la question mérite son pesant d’or.
En effet, l’expérience Matata I a présenté les limites d’un gouvernement bâti sur aucun principe. Ainsi, là où le chef du gouvernement a annoncé exclure des chefs des partis de la Majorité, certains se sont retrouvés miraculeusement dans le gouvernement. C’est le cas de l’AFDC Modeste Bahati qui a pris la tête du ministère de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, de PA (Parti pour l’action) Kin-Kiey Mulumba aux P-Ntic, de l’ULDC Banza Mukalay aux Sports, Culture et Arts, de l’ECT Félix Kabange Numbi à la Santé publique. La liste n’est pas limitative.
En plus de ce critère d’exclusion des chefs de partis, sur lequel le Premier ministre s’est par ailleurs dédit, Matata I n’a pas pris en compte le poids politique des partis au sein de la Majorité présidentielle, suivant les résultats issus des législatives de 2011.
Au regard des sièges obtenus aux législatives du 28 novembre 2011, la Majorité et ses alliés avaient aligné par ordre décroissant les partis suivants : PPRD, PPPD, MSR, PALU, ARC, AFDC, ECT, RRC, MIP, PDC, etc. Par principe, la composition du gouvernement Matata I devait se faire sur cette base. Le PPRD ayant obtenu les commandes du gouvernement, la logique des législatives de novembre 2011 commandait à ce que le gouvernement soit aligné sur l’ordre d’arrivée à l’Assemblée nationale. Ce qui, malheureusement, n’a pas été le cas.
Faire bouger les critères
Matata II devra-t-il être la copie conforme de Matata I ? Ce n’est pas évident. Au regard des frustrations qui sont apparues avec les élections des gouverneurs du Bas-Congo et de la Province Orientale, ce ne serait pas à l’avantage de la Majorité de rallumer un feu qui est déjà en train de s’éteindre ou de remuer le couteau sur une plaie qui ne s’est pas totalement cicatrisée.
Des lignes devraient donc bouger pour arrondir les angles en vue d’éviter que la Majorité ne sombre. La composition du gouvernement Matata I ne s’est pas fait sans heurts. Des voix se sont particulièrement élevées au sein de la famille politique du chef de l’Etat pour dénoncer l’exclusion de certains « poids lourds » de la Majorité. D’autres ont sorti la grande artillerie pour condamner de manière vigoureuse cette « politique de deux poids deux mesures » leur appliquée.
Matata II sera fait sur de nouvelles bases – sans doute plus conciliantes que celles sur lesquelles avait été constitué Matata I. De grandes figures de la Majorité vont certainement signer leur grand retour. Il y va de la survie de la Majorité qui a plus que jamais besoin de battre le rappel des troupes pour repartir de bon pied.
Seuls ceux qui maîtrisent la philosophie de base de la plate-forme pour avoir été au front depuis la nuit des temps, ont le droit de se retrouver autour du Premier ministre Matata pour accompagner le chef de l’Etat dans son grand projet de la «Révolution de la modernité».
Publié le vendredi 16 novembre 2012 05:01
Écrit par Le Potentiel
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