(Le Potentiel 31/10/2012)
L’option militaire constitue le « dernier rempart » dans
l’entendement du gouvernement. Les deux premières du triptyque présidentiel
poursuivent allègrement leur chemin, sans faire l’unanimité sur les résultats
obtenus. D’épaisses zones d’ombre couvrent encore la démarche gouvernementale,
confortée par les dernières sorties du Premier ministre qui dénotent des
hésitations relativement à la voie de sortie de la guerre qui prévaut dans l’Est
du pays.
La stratégie du gouvernement de contrer la guerre imposée par
les voisins de l’Est se résume en trois fers au feu. Cela traduit le triptyque
cher au chef de l’Etat et qui comprend les options diplomatique, politique et
militaire. De manière classique, les guerres se terminent souvent autour d’une
table de négociations. Les protagonistes finissent par se mettre d’accord pour
que cessent les hostilités.
Pour ce qui est de l’instabilité créée dans
l’Est du territoire national par le M23 avec le soutien de Kigali et de Kampala,
le gouvernement s’est, dans un premier temps, davantage investi dans le schéma
sous-régional piloté par la Conférence internationale sur la région des Grands
Lacs (CIRGL). Mais au fil des sommets et autres rencontres, rien de consistant
n’est venu rassurer quant à la cessation des hostilités sur le terrain et à la
perspective du retour d’une paix durable dans l’Est du pays ; qu’il s’agisse du
dernier sommet en date - Kampala 4- ou encore à l’échelon ministériel.
Entérinées par l’Union africaine (UA), des initiatives mises en œuvre
par la CIRGL peinent à donner des résultats. Au point que l’option du
déploiement d’une force internationale neutre tient toujours sa route.
Toutefois, là aussi, des questions d’ordre pratique (ressources financières et
humaines, logistique et commandement) rendent hypothétique la mise en œuvre de
cette force.
Au Conseil de sécurité des Nations unies, la question est
abordée mais, l’on est resté au niveau des condamnations sans qu’il s’en suive
des sanctions ciblées pouvant remonter le moral des Congolais meurtris. Les
rapports des experts, pourtant accablants contre Kigali et Kampala ne font pas
l’objet d’une lecture objective des membres du Conseil de sécurité des Nations
unies. Comme frappés d’amnésie subite, l’assemblée générale de l’instance
mondiale a voté en faveur du Rwanda comme membre non permanent du Conseil de
sécurité 148 voix contre 44. Dès le début du mois de janvier 2013, le tapis
rouge sera déroulé pour les représentants de Kigali à l’instance onusienne en
charge d’assurer la sécurité et la stabilité entre Etats membres de
l’ONU.
Entre-temps, la diplomatie congolaise ne cesse d’appeler à la
modification du mandat de la Monusco. Alors qu’elle devrait s’investir plus pour
obtenir la mise en place effective de la Force internationale neutre à la
frontière avec le Rwanda. Et à l’occasion, faire constater par cette force la
justesse des accusations portées contre Kigali et Kampala.
Quel est le
constat à ce jour ? C’est l’enlisement. Kinshasa est dans le flottement tandis
que Kigali multiplie des manœuvres dilatoires, bénéficiant de la complicité du
président en exercice de la CIRGL l’Ougandais Museveni. Cette connivence
d’intérêts n’accorde que des « demi-victoires » à la RDC, lesquelles ne sont que
des illusions.
C’est dans cet ordre d’idées que, au cours de son périple
européen, le Premier ministre a reconnu les limites de toutes ces initiatives
amorcées au niveau sous-régional. Matata Ponyo qualifiait de presque
hypothétique la solution sous-régionale à la crise dans l’Est du pays. Autrement
dit, il dispose d’assez d’informations sur cette question pour faire une
déclaration publique sans crainte d’être contredit.
Cela dit, il ne
restait plus qu’à exploiter à fond les options politique et militaire.
La politique au point mort
A y regarder de près, le deuxième fer
mis au feu par le gouvernement, en l’occurrence l’option politique, ne semble
pas brûler. Les consultations amorcées à un moment donné se sont estompées sans
crier gare. La commission ad hoc mise en place est entrée en hibernation. Depuis
lors, c’est le point mort. Voire aucune évolution ne pointe à l’horizon.
D’autant que l’option gouvernementale, consistant à ne point se retrouver autour
d’une même table avec le M23 ou sa transhumance Armée révolutionnaire
congolaise, est soutenue par une importante frange de l’opinion publique.
Les rumeurs d’éventuelles négociations menées en cachette par le
gouvernement à Kampala avec le M23 ont été balayées le porte-parole de
l’Exécutif national.
Les hésitations du gouvernement
Que ce soit
au sein des institutions locales ou nationales, la météo ne laisse pas entrevoir
des négociations politiques certaines. Les prises de position officielles font
croire que la porte est hermétiquement fermée aux conciliabules entre acteurs
politiques tant du M23 que de l’ensemble de la classe politique.
Or, dans
une récente sortie publique, le Premier ministre a fait des déclarations qui ont
dépaysé l’opinion publique. Matata Ponyo a à nouveau rabattu le triptyque du
chef de l’Etat. Il est revenu sur les trois options, à savoir diplomatique,
politique et militaire. Toutefois, il a laissé entendre que l’option militaire
était le dernier rempart, après toutes les options auront été épuisées. Cela a
sonné comme un flottement, sinon un ballotage dans l’entendement populaire. Les
attentes sont mitigées sur tous les trois fronts. Le gouvernement hésite et ne
veut pas se l’avouer.
Toutefois, les affres de la guerre que subissent
les compatriotes dans l’Est du pays n’offrent qu’une étroite marge de manœuvre
aux autorités congolaises. Celles-ci devraient lever une option claire qui
rassurerait l’ensemble des Congolais sur l’issue heureuse de la crise actuelle.
Écrit par LE POTENTIEL
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Potentiel
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