July 5, 2012
Histoire à la rwandaise
Nous avons écouté des discours et lu des commentaires et autres éditoriaux sur le cinquantenaire de l’indépendance du Rwanda et nous avons retenu que nos compatriotes qui orbitent dans et autour des sphères du pouvoir de Kigali ont accepté qu’il ne fallait pas trop célébrer les cinquante ans d’indépendance malgré que dans cette période il y a aussi 18 ans de leur présence au pouvoir. Oublions donc les 32 premières années qui n’étaient pour certains que des années génocidaires alors que… d’octobre 1990 à avril – juillet 1994, de vaillants fils et filles du pays se sont battus pour libérer le pays de leurs ancêtres ! Donc même dans ces trente deux maudites années, il n’y avait pas que du mauvais !
Et avant 1990 ? Rien de bon, tout est à jeter. Imaginez-vous que les autres pays du monde, agissent de la manière avant nous, il y a eu le génocide, la catastrophe, la dictature ou une autre tragédie donc oublions ce passé, jetons le à la poubelle et projetons nous dans l’avenir !
Le Burundi a aussi traversé des moments très difficiles – et ce n’est pas fini – mais dans ses commémorations, il a invité l’ancienne puissance tutélaire à savoir la Belgique qui peut, qui pourrait aussi être accusée d’y avoir semer la division, etc. Ils pardonnennt mais il n’oublient pas …?
L’Apartheid en Afrique du sud n’a été aboli qu’en 1990. Il n’est pas impossible que certains Noirs disent qu’avant cette année – et même avant l’institutionnalisation de ce “développement séparé” – il n’y a rien eu de positif dans leur pays. Mais ça serait faire passer aux oubliettes de l’histoire la lutte contre le régime raciste et d’autres aspects heureux de cette période.
Au Rwanda aussi, des personnes ont lutté – à tort ou à raison, la question pourra être discutée par ailleurs – contre le régime taxé globalement de génocidaire. Ceux qui se sont surnommés les INYENZI (INgangurarugo YEmeye kuba ingeNZI) n’apprécieraient sans doute pas que l’on dise qu’entre 1960 et 1967, il n’y a rien qui vaille la peine d’être célébré.
Et puis, si les régimes qui se sont succédés entre 1962 et 1994 n’ont fait que préparer le génocide des Tutsi, il n’empêche que la population qui a subi plus ou moins durement ces “élites”… génocidaires … n’a pas fait que s’entre-tuer. Elle a travaillé – travaillé dans le bon sens ! – a construit, elle a éduqué, elle s’est entraidée, elle a soigné, elle a risqué sa vie, dans les moments les plus difficiles, pour sauver ceux qui étaient pourchassés. Tous les efforts et tous les sacrifices qu’elle a consenti, ont servi même dans la lutte de libération commencée en dehors du pays. Des milliers de jeunes nés après 1962 au Rwanda et demeurés dans le pays jusqu’en 1990 ont rejoint les rangs des rebelles du Front patriotiques rwandais ou ils ont travaillé pour celui-ci au péril de leur vie, au milieu de” l’ennemi”. Beaucoup d’entre eux n’ont pas profité des fruits de leur lutte. Tout n’était certainement pas rose, tout n’était certainement pas facile pour les Tutsi dans les régimes antérieurs mais on peut au moins se souvenir et célébrer leur résilience et leur sacrifice pour un pays dont certains ont voulu les priver. Et enfin l’histoire du Rwanda, c’est l’histoire de tous les Rwandais dont l’écrasante majorité Twa, Tutsi et Hutu ne bénéficiaient pas plus que les autres des régimes censés les représenter.
Rwanda : une indépendance piégée (Jeune Afrique, Faustin Kagame, 02/07/2012)
Rwanda : lors du cinquantenaire de l’indépendance, Kagamé appelle au respect de la dignité africaine (Jeune Afrique, 01/07/2012)
Rwanda : cinquante ans (Jeune Afrique, François Soudan, 23/06/2012)
Au Burundi, lors des célébrations de l’indépendance, tous les chef d’Etat des pays voisins étaient présents sauf celui du Rwanda. Malgré qu’elles ont eu lieu le 2 juillet, le président Kagame qui a commémoré le 1er juillet ne s’est pas joint à ses voisins et à ses frères de la Communauté de l’Afrique de l’est bien présents à Bujumbura. Pas de nouvelles de Museveni non plus. Ni à Bujumbura ni même à Kigali.
Photos Burundi AG News
Burundi: Des chefs d’Etat et le Prince de Belgique au Cinquantenaire.
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