(Le Pays
25/10/2012)
Il ne fait plus de doute, le général John Numbi ne sera pas
inquiété dans l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’Homme,
Floribert Chebeya. En tout cas, pas par les juridictions de son pays, la RD
Congo. La justice militaire congolaise a tranché sur l’affaire le 23 octobre
dernier et a décidé de ne pas mettre en accusation le tout-puissant
général.
Les parents de la victime n’ont donc plus que leurs yeux pour
pleurer. Les seules mesures conservatoires qu’ils ont obtenues pour vérifier les
dires du policier Paul Mwilambwe, en fuite, qui dit savoir où le corps de
Chebeya a été inhumé, ne sont que de la poudre aux yeux comme l’a d’ailleurs
reconnu la partie civile. Malgré les nombreux témoignages aussi crédibles les
uns que les autres, la justice militaire n’a trouvé mieux que de rendre une
telle décision. Et c’est peu d’affirmer que c’est un coup de poignard dans le
dos des défenseurs des droits de l’Homme. Selon toute vraisemblance, cette
décision est aussi la preuve que le général John Numbi restera intouchable sous
le régime de Joseph Kabila. Et c’est fort dommage car, dans un pays où il y a
des personnages de ce genre, ni la justice, ni la démocratie ne peuvent y
prospérer.
On constate que le pouvoir de Kabila est bien déterminé à
protéger le général John Numbi. Son attitude est sans équivoque. C’est la preuve
que dans les républiques bananières, ce n’est pas tout le monde qu’on sacrifie
même s’il y a des preuves accablantes. John Numbi est au cœur du système et
Kabila fils n’est pas prêt à le livrer à la justice au risque de fragiliser son
système. Le comportement de la justice congolaise laisse penser qu’il n’y aura
jamais de vérité sur l’assassinat de Floribert Chebeya tant que Kabila sera au
pouvoir. On croyait pourtant que la fermeté du président français François
Hollande à Kinshasa lors du dernier sommet de la Francophonie, sur le respect de
la démocratie, pousserait les autorités congolaises à changer d’attitude. Voilà
que rien n’y fit.
Hollande a prêché dans le désert. Jusqu’à quand
niera-t-on l’évidence ? Le mensonge à beau courir, la vérité finit toujours par
le rattraper, dit-on. Outre la justice divine à laquelle le général n’échappera
pas, il peut être un jour inquiété par la justice internationale. Car, c’est la
seule voie de recours qui reste à être explorée par la famille de la victime.
Comme on le voit, le président Kabila, prompt à réclamer la vérité sur le
soutien de tel ou tel pays à des mouvements rebelles qu’il accuse de vouloir
déstabiliser son régime, n’est pas prêt à donner le bon exemple. Il est plutôt
enclin à offrir une parodie de justice à des plaignants que d’œuvrer à la
manifestation de la vérité. Un comportement qui n’est ni plus ni moins que celui
d’un fossoyeur de la démocratie.
Dabadi ZOUMBARA
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