ONAWELHO ALBERTPrésentation du témoin
Albert Onawelho est président national du MNC/Lumumba. Il était secrétaire privé, membre de la famille et confident de Lumumba.
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VAN LIERDE JEAN
HOCKERS MARYSE DURIEUX JEAN CORDY JEAN NYNS JACQUES NDELE ALBERT NENDAKA VICTOR KALONJI ALBERT GROSJEAN RENE SMAL RENE GRANDELET CLAUDE SPANDRE MARIO VERDICKT ARMAND BARTELOUS JACQUES DAVIGNON ETIENNE BRASSINNE JACQUES VANDEN BLOOCK JAN KIBWE JEAN-BAPTISTE HARMEL PIERRE HEUREUX PAUL ONAWELHO ALBERT VERHAEGEN BENOIT VERVIER FERNAND LAHAYE ANDRE MUKAMBA JONAS WEBER GUY GILSON ARTHUR HUYGHE CHARLES (CARLO) BOMBOKO JUSTINE GERARD JO HOLLANTS VAN LOOCKE JAN VANDERSTRAETEN LOUIS FRANCOIS |
Témoignage2.1. Le témoin, qui a été entendu le 3 septembre 2001 à sa demande, est le cousin germain de Patrice Lumumba. Il faisait partie du conseil de famille qui avait été organisé après la mort de Lumumba et qui lui avait confié les enfants de Lumumba. La commission souhaitait surtout lui demander quand ce conseil de famille avait précisément eu lieu. La date mentionnée sur le compte rendu du conseil de famille est le 8 février 1961. À cette date, Lumumba était déjà mort, mais l’annonce officielle de son décès n’est intervenue que le 13 février, de sorte qu’il serait étrange que le conseil de famille ait eu lieu avant cette date. Le témoin répond que la date mentionnée sur le document est fausse, sans doute par suite d’une faute defrappe : le conseil de famille a très certainement eu lieu le 23 mars 1961; le document est pour le reste authentique. 2.2. Le témoin décrit quelques événements importants de la vie de Lumumba. En 1956, le gouvernement belge avait invité Lumumba à Bruxelles. Plus tard dans le courant de cette année, il a été arrêté à Stanleyville, condamné à une peine d’emprisonnement et, en juin 1957, il a été transféré à la prison de Léopoldville, où le témoin lui a régulièrement rendu visite. Avant qu’il ait purgé sa peine, il a été mis en liberté conditionnelle grâce à l’intervention du ministre belge des Colonies, Buisseret. Après sa libération, il s’est de plus en plus familiarisé avec le petit monde politique de Léopoldville et est devenu un ami du futur général Nkulufa et du futur président Mobutu. En 1958, Lumumba a eu un entretien avec Buisseret au cours duquel deux idées ont été formulées : la création d’un réseau d’écoles publiques et la nécessité de constituer des partis politiques congolais. Le ministre proposa à Lumumba de créer un parti libéral congolais, mais Lumumba donna la préférence à la dénomination« Mouvement National Congolais ». Au terme du premier congrès de ce parti, Lumumba a à nouveau été arrêté et transféré vers une prison au Katanga. Il a été libéré au cours de la table ronde belgo-congolaise de janvier 1960 et s’est rendu à Bruxelles pour établir des contacts politiques. Le 29 juin 1960, les deux chambres du parlement congolais ont élu Lumumba comme premier ministre. Le 5 septembre, il a été démis par le président Kasa Vubu, après quoi Lumumba a, à son tour, démis Kasa Vubu. Le parlement confirma son soutien au gouvernement Lumumba, mais il ne pouvait plus exercer sa fonction. Étant donné que sa popularité persistante constituait un problème aux yeux de Mobutu, celui-ci le fit assigner à résidence à son domicile à Léopoldville. Plus tard, Lumumba décida d’essayer d’aller à Stanleyville, mécontent du fait qu’il ne pouvait enterrer sa fille à Léopoldville et aussi parce que les troupes à Stanleyville lui étaient encore fidèles et qu’il se sentait encore toujours bien protégé par les Nations unies. En raison de l’absence d’Antoine Gizenga, le témoin et quelques autres avaient été chargés d’organiser son départ. Le 27 novembre, Lumumba et ses fidèles se sont rendus sans problème à l’ambassade de Guinée, où se trouvaient les autres personnes qui devaient aussi aller à Stanleyville. Le témoin est, quant à lui, resté à Léopoldville pour s’occuper des enfants de Lumumba au cas où il lui arriverait quelque chose. 2.3. En février 1961, après l’assassinat de Lumumba, le témoin a voulu, pour des raisons de sécurité, quitterLéopoldville en même temps que d’autres partisans de Lumumba, et se rendre à Stanleyville sous la protection de l’ONU. L’ONU a approuvé cette opération, qui devait être secrète dès lors que le président Kasa Vubu interdisait le transfert. 2.4. Le témoin pensait que Lumumba était très positif envers les Belges, qu’il croyait à une coopération forte entre la Belgique et le Congo sur le plan socioéconomique, et qu’il était favorable à ce que de nombreux Belges occupent des postes à responsabilités au Congo. Il croyait à un Congo multiracial où les anciens colonisateurs auraient pu avoir la double nationalité. C’est pourquoi il a également été profondément déçu par le grand nombre de personnes qui se sont détournées de lui. Le discours controversé qu’a tenu Lumumba lors de la cérémonie organisée à l’occasion de l’indépendance du Congo le 30 juin 1960, et qui a fortement contrarié le Roi, ne constituait pas, selon le témoin, une expression de haine envers l’ex-colonisateur; il résultait plutôt de la frustration que ressentait Lumumba, qui ne comprenait pas l’hostilité des autorités belges à l’encontre de sa personne. Cette hostilité est surtout apparue clairement lorsque des responsables belges, après la victoire électorale de Lumumba, ont essayé de former une coalition des partis vaincus. En outre, il voulait éviter que les Congolais lui reprochent ultérieurement de ne pas s’être exprimé de manière critique à l’encontre de l’ex-colonisateur lors de la cérémonie d’indépendance. 2.5 Quant à la responsabilité des Belges dans l’assassinat de Lumumba, le témoin estime que le gouvernement belge a mis en place un système qui devait conduire à l’élimination politique et physique de Lumumba. Tout le monde savait, au Congo, que les ennemis de Lumumba étaient dorlotés et encadrés par les Belges. Lumumba a été la victime d’une énorme propagande qui visait à le diaboliser. Certains Belges portent une grande part de responsabilité. 2.6. Le témoin a conclu que le Congo n’aurait pas sombré dans l’anarchie et dans le culte de la personnalité si le gouvernement belge avait considéré Lumumba comme un partenaire privilégié. La famille de Lumumba n’entretient toutefois pas de sentiments de haine à l’égard de la Belgique. En outre, il est bon que la commission d’enquête tente, quarante ans plus tard, d’établir ce qui s’est réellement passé. Sans oublier les faits, il convient de tourner la page et d’oeuvrer au renforcement de la coopération. Il a été demandé au témoin, en commission, s’il souhaitait désigner les assassins de Lumumba, les commanditaires, et les exécutants. Le témoin a répondu quetout le monde connaît ces assassins, et qu’il appartenait à la commission de les désigner. Il s’est contenté de suggérer que les Belges portaient la plus grande part de responsabilité, notamment en raison de la diffusion d’informations mensongères sur radio Makala de Brazzaville, mais il a refusé de citer des noms. Il lui a également été demandé si Mobutu et Kalonji étaient des amis de Lumumba. Le témoin estime que c’était le cas au début, mais que leur attitude avait changé après qu’ils aient été influencés au cours de la période durant laquelle Lumumba se trouvait à Accra. |
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