Pour le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende, l’ex-général, qui est embourbé dans un complot contre la sécurité de l’Etat, brille par ses contradictions.

Les autorités de Brazzaville soulignent, pour leur part, que ces déclarations n’engagent que son auteur et elles se réservent le droit de prendre des mesures appropriées à l’encontre de Faustin Munene. Ci-dessous, les réactions des uns et des autres.

Le général Munene assume la lutte armée car, dit-il, contre un régime d’imposture, il faut un mouvement de résistance. Comment réagissez-vous ?

Je n’ai pas grand-chose à dire au sujet d’un officier radié de l’armée et qui n’a pas cessé de multiplier des contradictions. Il prétend s’insurger contre le mouvement de libération conduit par le président Kabila-père et qui a été continué par le président Kabila actuellement et qui aurait été de mèche avec le Rwanda, mais, en même temps, il se déclare être de pair avec le M23 dont le monde entier sait qu’il a été crée et géré à partir du Rwanda. C’est de l’inconséquence politique. Il n’y a pas grand-chose à dire avec des tels personnages qui essaient de tout faire pour faire parler d’eux parce qu’ils ne sont plus tellement présents dans l’actualité.

Donc, on ne peut pas, à la fois, être contre Kigali et pour le M23 ?

C’est tout-à-fait impossible.

Au-delà de ces contradictions, le principal reproche que fait le général Munene au président de la République, c’est d’être très proche de Kigali et de faire partie du ‘complot rwandais depuis plus de 10 ans’.

Cela n’a aucun sens dans la mesure où aujourd’hui, la CIRGL ainsi que l’UA et même le Conseil de sécurité sont obligés d’assurer une médiation entre les deux gouvernements et les deux présidents, obligés de mettre en place une force neutre pour séparer les deux pays qui s’accusent mutuellement de ce que l’on sait. Donc, il vient là comme un cheveu dans la soupe. Il ne s’agit pas ici d’inventer des romans ou des légendes d’infamie contre notre président. Nous savons qu’aujourd’hui, le Congo essaie de se reconstruire. Nous avons organisé deux élections, nous avons lancé le programme de reconstruction et donc, il est tout-à-fait mal considéré par le peuple congolais que l’on vienne nous jeter au visage ces genres d’infamies.

Le 15 juillet, à Addis-Abeba, les deux présidents Joseph Kabila et Paul Kagame ont décidé de mettre en place une force neutre au Nord-Kivu. Est-ce que cet accord ne risque pas d’alimenter les accusations de connivence lancées par l’opposition ?

Ça n’a pas de sens dans la mesure où la force neutre a été créée pour séparer les belligérants. Je ne vois pas ce qui pourrait permettre à qui que ce soit d’imaginer qu’on peut faire une force tempo entre les complices. La force tempo, c’est pour séparer des gens que tout oppose.

Des gens que tout oppose, mais qui se sont quant même serré la main et qui se sont rencontrés le 15 juillet à Addis-Abeba.

Forcément, on est obligé de se serrer la main, mais, on ne voit pas ce que ça vient faire dans le fond du dossier qui est une accusation de la RDC contre le Rwanda pour avoir laissé se dérouler les préparatifs d’une agression contre son territoire. ça n’enlève en rien au fond sauf si on veut nous distraire avec le problème de forme. Lorsque deux chefs d’Etat se rencontrent, ils se saluent. Ca n’enlève en rien aux problèmes, qu’ils sont en désaccord, s’ils sont en accord ou en désaccord, s’ils le sont.

Depuis deux ans, depuis la fuite du général Munene à Brazzaville, vous réclamez son transfert à Kinshasa, mais le président Sassou s’y refuse. Comment réagissez-vous ?

A entendre ce que Munene a dit, on peut se poser des questions sur la réalité de sa présence physique à Brazzaville. On n’expose pas comme ça un gouvernement ou un président qui vous offre l’asile. Nous commençons à nous poser quelques questions, mais nous en parlerons avec nos partenaires du Congo-Brazzaville.

Dans son refus, le président Sassou évoque un précédent dramatique. C’était en 1968, Brazzaville avait livré Pierre Mulele à Mobutu. L’opposant congolais avait été torturé à mort dans des conditions atroces que tous les Congolais se souviennent. Est-ce que ce n’est pas un fâcheux précédent ?

Bien sûre que c’est un très fâcheux précédent. Je voudrais faire remarquer que nous ne sommes pas Mobutu. Nous avons voté un moratoire en application de peine de mort dans notre pays. Donc, on ne peut pas nous juger avec comme base de référence, le comportement du défunt président Mobutu que nous avons chassé du pouvoir, s’il faut le rappeler.

Communiqué de presse de Brazzaville



(TN/Yes)