(Guineeconakry.info 02/08/2012)
Si les Etats-Unis comptaient sur leur menace de suspendre
leur aide militaire au Rwanda, pour que le conflit à l’Est de la RDC s’arrête,
ils doivent revoir leur copie. Parce que loin de se calmer, la guerre que se
livrent les mutins du M23 et les Forces armées de la République démocratique du
Congo (FARDC) est aujourd’hui encore plus vive. Au point qu’hier, elle a donné
lieu à une marche de protestation à Kinshasa, la capitale congolaise.
C’est que dans leur fulgurante avancée, les rebelles menacent désormais
de s’emparer de la ville Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu. C’est à
croire que les opérations conjointes que les casques bleus et l’armée
congolaises y avaient livrées contre leurs positions n’auront servi à rien.
L’un après l’autre, ce sont de nombreux villages congolais qui passent
désormais dans le giron des mutins. Au passage, les victimes tombent les unes
après les autres, tandis que de nombreuses autres se font violer ou violenter.
Sous le regard presque complice de la communauté internationale. Vraiment, la
récente condamnation de Thomas Lubanga n’aura point dissuadé les auteurs de
crimes et autres exactions en RDC. Tout au contraire.
Les massacres et
violences en tous genres s’y poursuivent. La meilleure manifestation de cette
triste réalité se trouve dans le conflit qui se déroule actuellement dans le
Nord-Kivu...
Un conflit depuis le mois de mai dernier, oppose des
ex-rebelles ayant échoué leur reconversion dans l’armée régulière à des soldats
des FARDC. Plus ou moins négligée et sous-estimée au départ, la guerre prend
plus en plus d’ampleur. On croirait revivre la fulgurante avancée, en 1997, des
troupes de Laurent Désiré Kabila contre le dictateur Mobutu. D’ailleurs, les
deux conflits ont en commun le soutien du voisin rwandais.
Cependant,
contrairement à l’attitude qu’elle avait manifestée au père de l’actuel
président congolais, la communauté internationale ne semble pas ouvertement
soutenir les mutins du M23. Pour autant, elle ne fait pas de la cessation
effective des hostilités une grande priorité. Autrement, Kigali ne serait pas
passé outre la mise en garde américaine. C’est d’autant plus paradoxal que la
secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a mis son escale sénégalaise de
sa tournée à profit pour vanter les mérites de la démocratie et pour promouvoir
la sécurité sur le continent africain.
Toutefois, le Rwanda est loin d’être
seul responsable des atrocités aujourd’hui perpétrées en RDC. L’Etat congolais a
également une part de responsabilité. D’abord parce que conformément au devoir
qui est le sien, il n’arrive pas à étendre son autorité sur toute le territoire
national, et à assurer la sécurité de tous ses citoyens. C’est là une incapacité
dont les conséquences, comme on le voit à travers tous les mini-conflits, sont
énormes.
Par ailleurs, s’ils ne se révèlent pas au grand jour, certains
responsables congolais doivent également tirer les ficelles des nombreuses
milices incontrôlées et incontrôlables qui pullulent dans le pays. A travers ces
véritables machines à commettre toutes les barbaries, ils assurent le contrôle
de vastes domaines territoriaux, dont ils tirent profit de l’exploitation des
richesses agricoles ou minières.
Pour sa part, comme on l’avait dit plus
haut, la communauté internationale fait dans une agitation stérile destinée à
faire semblant. Sans qu’on ne sache pourquoi, la RDC ne semble pas requérir
sérieusement l’attention de la communauté internationale. Ça et là, elle fait de
grandes déclarations et feint de vouloir de la fin des violences. Mais dans le
fond, on laisse ce vaste pays de l’Afrique centrale se démerder dans son
chaos.
C’est la logique qui pourrait qui pourrait rendre compte de l’attitude
paradoxale de la même communauté internationale à propos des élections
présidentielles de l’année dernière. On se rappelle que tout le monde avait
reconnu le caractère hautement contestable de la réélection de Joseph Kabila.
Mais par la suite, le fait accompli a été avalisé. D’une certaine façon, le M23
et la guerre qu’il mène en sont une des conséquences.
Boubacar Sanso
Barry pour GuineeConakry.info
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