(Le Vif 23/08/2012)
Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders,
a appelé mercredi au respect de l'intégrité territoriale de la République
démocratique du Congo (RDC) "sans ingérence extérieure", en ciblant le Rwanda.
Mais il a aussi enjoint à Kinshasa de balayer devant sa porte en instaurant un
État de droit dans l'est du pays, en proie à une nouvelle mutinerie, et en
réformant en particulier son armée.
"La priorité à court terme, c'est la
pacification dans l'est. C'est de condamner la rébellion qui a lieu dans l'est,
c'est de faire en sorte que l'on puisse garantir l'intégrité du territoire du
Congo, qu'il n'y ait pas d'ingérence en quoi que ce soit. Cela passe notamment
par le renforcement de l'État de droit et une réforme de l'armée", a-t-il
affirmé à l'issue d'un entretien avec le président congolais Joseph Kabila à
Lubumbashi (sud-est de la RDC).
Le chef de l'État congolais, tout sourire
avant et après la rencontre, s'est pour sa part abstenu de toute
déclaration.
Selon M. Reynders, la Belgique peut jouer un "rôle majeur"
en plaidant pour un dialogue entre Kinshasa et Kigali et, à long terme, pour une
intégration régionale à l'image de celle qui a permis la pacification de
l'Europe après des siècles d'affrontement.
Cet entretien a eu lieu dans l'une
des résidences du chef de l'État à Lubumbashi, le chef-lieu de la riche province
minière du Katanga, où M. Kabila séjourne depuis samedi, date de son retour d'un
sommet régional au Mozambique.
Ce sommet a été notamment consacré à la
situation dans l'est de l'ex-Zaïre, où les Forces armées de la RDC (FARDC)
combattent depuis fin avril des mutins se réclamant du Mouvement du 23 mars
(M23), issus d'une ex-rébellion congolaise: le Congrès national pour la Défense
du Peuple (CNDP), intégré - comme souvent lors de rébellions précédentes - dans
l'armée en 2009.
"On a commis dans le passé l'erreur de vouloir trop
souvent intégrer dans les forces armées congolaise un certain nombre de
rebelles, de mutins, d'indisciplinés. On ne devra plus commettre cette erreur à
l'avenir", a dit M. Reynders à l'issue de son entretien de plus d'une heure -
dont une partie en tête-à-tête - avec M. Kabila, assurant par la suite que le
président et d'autres responsables congolais partageaient son avis.
"En
intégrant des indisciplinés, on intègre l'indiscipline", a-t-il lancé devant
quelques journalistes.
Le chef de la diplomatie belge a réitéré la
disponibilité de la Belgique à aider à la formation de l'armée congolaise, dont
elle a déjà assuré, avec des succès divers, l'instruction de plusieurs brigades
et plus récemment de deux bataillons d'élite, actuellement déployés dans la
province du Nord-Kivu.
M. Reynders a par ailleurs renouvelé son appel au
Rwanda, où il se rendra samedi, à "démontrer qu'il est une partie de la
solution" à l'instabilité récurrente dans l'est de la RDC.Selon un rapport
d'experts de l'ONU rendu public fin juin, les mutins du Mouvement du 23 mars
(M23) ont reçu une aide directe de hauts responsables rwandais, sous forme
d'armes, munitions et recrues, des informations corroborées à diverses sources.
Mais Kigali dément tout soutien aux militaires mutins, en majorité tutsis.
"Si effectivement le Rwanda ne souhaite pas jouer un rôle négatif dans l'est du
Congo, qu'il franchisse le pas d'y jouer un rôle positif", a-t-il dit en
demandant à Kigali de garantir l'étanchéité de sa frontière avec la RDC.
M.
Reynders s'est toutefois refusé à condamner par avance le Rwanda, jugeant plus
prudent d'entendre d'abord les arguments de Kigali.
Sa rencontre avec M.
Kabila est intervenue au troisième jour d'une visite d'une semaine en RDC et au
Rwanda.
A Kigali, le chef de la diplomatie belge devrait également rencontrer
le président Paul Kagame, une démarche qui s'inscrit dans une volonté d'"écoute"
- mais non de médiation - alors que les pressions internationales s'intensifient
sur le régime de Kigali.
Levif.be avec Belga
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