(BBC Afrique 14/08/2012)
Les deux principaux partis de l'opposition rwandaise en exil
ont annoncé qu'ils déposeraient le vendredi 17 août, avec des organisations de
la société civile congolaise, une plainte devant le bureau du procureur de la
Cour pénale internationale contre le président rwandais Paul Kagame.
En
cause: le soutien présumé du régime rwandais à la rebellion du M23 dans l’est de
la République démocratique du Congo.
Les opposants rwandais iront à La
Haye vendredi pour demander que la CPI examine les accusations, formulées dans
un rapport de l’ONU, selon lesquelles le régime rwandais recrute et arme les
rebelles au Kivu.
Ils veulent aussi une enquête sur les soupçons que le
Rwanda pille les ressources minières de l’est de la RDC.
Cette initiative
fait écho aux pressions exercées ces derniers jours contre le président rwandais
Paul Kagame par la communauté internationale, dont la France et les
Etats-Unis.
Une coup d'épée dans l'eau?Depuis plus de 10 ans, des
dizaines de plaintes, de rapports et d’enquêtes dénoncent les crimes commis dans
l’est de la RDC.
Les chefs d’Etat ougandais, congolais et rwandais y sont
régulièrement pointés du doigt. Au premier abord, l’initiative des opposants
congolais et rwandais pourrait apparaître comme un nouveau coup d’épée dans
l’eau.
Mais ces plaintes viennent peser un peu plus sur le contexte qui
prévaut depuis la reprise de la guerre dans le Kivu, en avril dernier.
Au
cours des derniers jours, et suite à la publication d’un rapport documenté de
l’ONU, en juin dernier, le Rwanda est ouvertement accusé de soutenir les
rebelles du M23.
Plusieurs états dont les Etats-Unis ont suspendu leur
soutien financier au Rwanda et continuent de menacer le président Paul Kagame de
sanctions.
La semaine dernière, l’ambassadeur américain pour les crimes
de guerre, Steven Rapp, rappelait que les auteurs de ces crimes pouvaient être
poursuivis pour complicité en raison de leur soutien au M23.
Du côté de
la CPI, c’est donc le contexte, et non les plaintes qui seront déposées vendredi
prochain, qui pourrait changer la donne.
Le bureau du procureur enquête
depuis 2004 en République démocratique du Congo et pourrait se saisir de
l’affaire rapidement.
Techniquement, la cour est compétente pour
poursuivre le président rwandais Paul Kagame, car même si le Rwanda n’a pas
ratifié le traité de la CPI, la RDC en fait, elle, partit, et les crimes
allégués sont commis sur son territoire.
Devant la CPI, les chefs d’Etat
ne bénéficient par ailleurs d’aucune immunité et leur présence sur les sites de
crimes n’est pas requise pour prouver leur responsabilité.
C’est sur
cette base que l’ex-président du Libéria, Charles Taylor, avait été condamné à
50 ans de prison pour des crimes commis sur le territoire voisin de Sierra
Leone.
© Copyright BBC Afrique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire