(La Libre 28/08/2012)
Le président français François Hollande a annoncé lundi qu’il participerait au sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), du 12 au 14 octobre prochains à Kinshasa, soulignant sa volonté de "tout dire partout". Plusieurs associations congolaises et françaises lui avaient explicitement demandé de "ne pas se rendre" à ce sommet, pour ne pas conforter le régime de Joseph Kabila.
Le 9 juillet, le chef d’Etat français, évoquant ce sommet, avait appelé les autorités congolaises à "démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit", alors que le régime est fragilisé par les élections présidentielle et législative de novembre 2011, jugées "non crédibles" par les observateurs nationaux et internationaux et par la répression sanglante qui avait suivi. Au moins 33 personnes avaient été tuées lors de la répression des manifestations contre la fraude, dont la responsabilité est principalement attribuée à la Commission électorale nationale independante (Ceni) et son président, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, un parent de Joseph Kabila.
Depuis lors, rien n’a été fait en faveur de plus de transparence, le bureau de la Ceni restant en place pour le scrutin provincial, postposé faute d’argent selon les autorités de Kinshasa.
Pas de progrès non plus sur le front des droits de l’homme. Non seulement le procès en appel des assassins du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya n’a pas ouvert de poursuites contre celui que la famille et les associations congolaises de défense des droits de l’homme considèrent comme le principal responsable du meurtre, le chef de la police, le général John Numbi, mais les exactions se sont multipliées contre des opposants au régime.
Ainsi un chef de parti est porté disparu depuis le 27 juin. Selon Amnesty International, Eugène Diomi, principal allié de l’opposant Etienne Tshisekedi et député, serait détenu secrètement par les services de renseignement à Kinshasa, "en mauvaise santé et ayant perdu beaucoup de poids en raison de la privation de nourriture", après avoir été enlevé alors qu’il coordonnait une action de protestation de l’opposition.
Ni lui, ni un autre parlementaire d’opposition arrêté, Dieudonné Bakungu Mithondeke (UNC de Vital Kamerhe), n’ont vu leur immunité parlementaire levée par l’Assemblée nationale, comme la loi l’exige pourtant. Des militants d’opposition ont été arrêtés et leurs manifestations sont empêchées.
Le principal parti d’opposition congolais, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, avait déposé en juillet à l’ambassade de France une pétition de 30 000 signatures demandant que le sommet de la Francophonie n’ait pas lieu à Kinshasa.
À la mi-août, une association de Français d’origine congolaise regroupés dans l’association Convergence pour l’émergence du Congo (CEC) a saisi en urgence la justice française pour en obtenir une relocalisation du sommet ailleurs comme cela avait été décidé il y a deux ans, lorsque le sommet avait été délocalisé de Madagascar à la Suisse pour cause de coup d’Etat sur la Grande île.
La semaine dernière, le comité congolais d’organisation du sommet avait indiqué que 11 membres de l’OIF (qui compte 75 Etats et gouvernements) avaient confirmé leur participation au sommet d’octobre.
Beaucoup se demandent combien de chefs d’Etat iront à Kinshasa. Début juillet, le président guinéen Alpha Condé avait ainsi déclaré: "Il est évident que beaucoup de chefs d’Etat ne sont pas prêts à aller à Kinshasa. En aucun cas - je dis bien aucun cas - nous ne pouvons cautionner les élections" de novembre dernier.
Marie-France Cros
Mis en ligne le 28/08/2012
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